Requiem Aeternam

Chapitre 1

Lancelot commençait à accepter sa sentence alors que le soleil disparaissait peu à peu derrière les arbres. La douleur dans sa cheville ne désemplissait pas et le sang ne semblait s'arrêter de couler. Ses muscles étaient douloureux et malgré toute l'endurance qu'il possédait, il avait de plus en plus de mal à avancer.

Chaque pas était plus douloureux et il lui semblait même sentir ses os se frotter les uns aux autres dans une douleur lancinante à chaque fois qu'il posait un pied au sol. Les nombreux sorts et sortilèges appris par sa mère avaient au début suffit à soulager la douleur et commencer à guérir la plaie, mais il se trouvait maintenant dans une épaisse forêt visiblement ensorcelée et ne permettant à aucune magie d'opérer, rendant les enchantements inefficaces.

Alors qu'il réussi à se traîner au bord d'un petit étang, il plongea ses mains dans l'eau trouble afin d'y recueillir de l'eau qu'il porta à ses lèvres, s'abreuvant avec véhémence, donnant l'impression de n'avoir pas bu depuis des semaines. Un bruit étranglé résonna au fond de sa gorge quand il ramena ses cuisses sous son corps, redressant son torse pour scruter les environs. Rien ne troublait le silence du lieu à part les doux bruissements des roseaux entre eux et les feuilles secouées par la brise froide du soir.

Relevant avec difficulté le pantalon en lambeaux jusqu'à son genoux, il inspecta avec résignation la blessure ; la plaie ouverte s'étendant de sa cheville au derrière de son mollet dans une forme tordue et ensanglantée, le sang coagulé tachait les guenilles restantes et formait déjà des croûtes autour de la blessure, et un liquide suintant et collant commençait à s'en échapper, n'annonçant rien de bon.

Quelques jours plus tôt, alors que Lancelot marchait sans relâche ni fatigue dans sa quête d'être fait chevalier, il fut prit en embuscade par des brigands, les petits hommes disgracieux étant sortis des fourrés, bondissant sur le jeune homme avant même qu'il ne pu dégainer ses épées. Lancelot se trouva alors seul contre six hommes, tous armés de petits couteaux et de poignards.

Protestant et se débattant en clamant ne rien posséder de plus que ses armes de fortune et les quelques guenilles qu'il portait, il réussit avec succès à glisser la bourse attachée à sa ceinture dans sa tunique, son butin coûteux maintenant en sécurité et hors de portée des nains, il réussit à se dégager afin de dégainer ses épées.

Une lame finit dans la poitrine de l'un des hommes, et une autre trancha la gorge d'un autre qui tentait de s'accrocher à lui. Les deux autres furent condamnés au même sort, bien que le dernier, plus grand, probablement leur chef, arriva à poignarder Lancelot dans sa chute, la lame du poignard s'enfonça sans délicatesse dans la chair tendre du mollet du jeune homme, tranchant comme dans une viande crue quand le brigand fut finalement jeté au sol, entraînant par la même occasion l'arme à déchirer le muscle de Lancelot jusqu'en bas, laissant une plaie béante et sanglante du dessous de son genoux jusqu'au talon.

Un cri de douleur fut arraché de Lancelot, l'adrénaline de la blessure lui donnant la chance de fouetter la cheville meurtrie, envoyant l'homme rouler sur la terre battue et souillée de sang. Toujours conduit par le choc, il se baissa et arracha la lame de sa chair d'un cou sec, suivi d'une cri de douleur réprimé, les larmes brouillant la vue de Lancelot, ses dents enfoncées dans sa lèvre inférieure si bien que cette dernière s'était mise à saigner à son tour, une nouvelle traînée de liquide poisseux et rougeâtre coulant le long de son menton, son goût métallique inondant sa bouche et ses papilles. Au loin, il vit le dernier homme s'échapper en courant, une de ses sacoches au bras, mais Lancelot ne parvint à se relever à temps, et l'homme était bientôt hors de vue.

Crachant le contenu de sa bouche sur le sol, il s'essuya les lèvres d'un revers de main, grimaçant. Tête haute malgré tout, il reprit sa route initiale, ravalant sa douleur.