Sans Aucun Doute

39 : UNDERGROUND

39

Il y a parfois dans la vie
Des tensions plus menaçantes qu'un 38
Des situations plus stressantes qu'un 09
Des événements plus nocifs qu'un 11.43...

• Lundi 29 Juillet

~ Hamza Aberkane ~

Il faisait nuit noire dans le voisinage. La lune n'apparaissait pas dans ce ciel obscure.
Comme seule source de lumière dans la rue, les faisceaux des lampadaires tels les organes lumineux des poissons lanterne, éclairaient les larges trottoirs du quartier. Le vent se leva.
OMa tête camouflée sous la cagoule, j'apercevais, je guettais l'entrée de la maison. Autour de moi, une dizaine d'autres hommes tous sous une lourde combinaison noire, des armes chargées à leur main, prêts à s'en servir.

Furtivement, nous avancions dans cette pénombre, nous faufilant dans l'ombre. Arrivés au pied de l'escalier, je fis signe du poing pour stopper l'avancée.
Je tendis l'oreille pour percevoir les bribes qui provenaient de la pièce derrière la porte. Soudain, une tête surgit du côté latéral de la fenêtre pour aussitôt disparaître prit de panique. On avait été repéré.

Le temps n'était plus aux attentes. Je me précipitai alors vers l'entrée suivi de deux de mes hommes et nous défoncions la porte en éclatant le pauvre verrou par un lourd bélier.
La cible était là, au milieu du salon, sous le lustre, une arme à la main non pointée vers nous, mais posée sur la tempe d'une femme désemparée, apeurée. Dans la main de cette dernière un téléphone encore allumée avec au bout de l'interphone, un homme demandant ce qui se passait. Lui aussi était inquiet, ne comprenant pas vraiment ce qui se passait.

— Baissez vos armes ! nous intima-t-il.

Il agrippa fermement la femme contre lui, l'arme toujours sur sa tempe et ses yeux sévères nous lançant des éclairs de Zeus. Des hommes avaient fait le tour du jardin. Ils étaient postés derrière les fenêtres arrières, prêt à agir à tout moment. Cependant, la cible avait un otage. On ne s'attendait pas à ce qu'il agisse aussi vite à notre intervention. Son spider sens l'avait mis en garde avant qu'il ne soit trop tard.

— Laissez-moi passer ou je la bute ! tempêta-t-il.

Il n'attendit pas notre approbation qu'il avançait déjà vers la porte, nous faisant comprendre que nous devions, nous, reculer et lui céder des carrés de terrain. Mais si nous cédions, quand aurions-nous une telle chance de le coincer ?
Les hommes portant le bélier reculèrent. Eux n'avaient pas encore pris les armes et n'étaient pas en mesure d'imposer quoi que ce soit. Moi, j'en avais.

Quatre autres hommes en contrebas restaient vigilants et attendaient mes ordres pour agir. Lui, avançait calmement pour ne pas nous donner le temps de réfléchir à un plan sans faille. Même devant nos lourdes combinaisons armées il ne perdit point son sang-froid et ne paniquait pas.
Bien prudent, il avança pas à pas vers moi, vers la porte, vers la sortie, scrutant les alentours, son instinct animal réveillé, et ses sens décuplés dans une telle situation.

Que faire ?

Il n'était plus qu'à trois mètres et me fusillait du regard. Mes yeux noirs répondirent aux siens, bleus métalliques. J'avais rarement vu un regard aussi perçant que le sien. Ses biceps se contractèrent davantage, pressant de nouveau la pauvre femme contre lui.

— Recule ! avais-je lu dans ses yeux.

Bien que dépité, je cédai un pas tout en restant sur mes gardes, attendant le moindre relâchement de sa part pour le prendre de vitesse.
À reculons, je descendis les quelques marches en bois de la véranda et me mis légèrement de côté. Avant de traverser la porte, il murmura au creux de l'oreille de la jeune femme. Elle prit les clés posées sur la petite table d'appoint sous la menace de l'arme, mit fin aux effrois incessants de l'homme derrière le combiné puis, ensemble, ils mirent un pied dehors.
Eux aussi descendirent les marches. Ils passèrent devant nous lentement. Christopher avait cinq armes braquées sur lui, mais il restait si serein que ça en était déconcertant. C'est nous qui nous sentions vulnérable.