43 : KUTABARE

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Lorsque une situation délicate te file entre les doigts...

Mercredi 31 Juillet

~ Kyle ~

Cette fois-ci, nous devions nous rendre chez un passe-partout dans un quartier pas loin de là. L'échange s'était merveilleusement bien passé. Après cela, on donna la mallette à un transporteur chargé de le renvoyer à la base.
Le barbu avait réussi à établir un état d'équilibre et de confiance mutuelle entre eux afin d'être sûr que son plan fonctionnerait. À la vue d'un ennemi commun, les anciens ennemis trinquent à la même table. C'était ainsi depuis la nuit des temps.

On laissa la voiture à l'entrée du quartier puis nous continuâmes la route à pied sur une route en pente construite sur une espèce de colline difforme. Nous étions dans un de ces périphériques aux bâtiments entassés et délabrés avec des traces effarantes sur les murs des halls. Un état des lieux déplorable avec des câbles électriques branchés maladroitement se nouant, s'amassant, s'entortillant les uns sur les autres.

La foule était dense. Je comprenais alors mieux pourquoi Inaï préféra laisser la voiture plus bas. Ces favelas étaient beaucoup plus mouvementées que celle de la dernière fois. Un jeune cycliste manqua de me percuter dans sa course, de jeunes enfants s'amusaient autour de nous, et les marchands ne manquaient pas de nous vendre leurs produits à tout bout de champ.

Avant d'arriver, on passa près d'un marché de légumes, de viande et de poissonnerie où travaillaient de jeunes enfants. Leurs parents préférant les savoir occupés ici plutôt que d'être embarqué dans l'univers de la drogue. C'était à leur âge que les trafiquants commençaient à s'intéresser à eux, à leur faire miroiter une vie de rêve remplie de drogue, de sexe, de bifton, et surtout de business. Tout ça pour vivre dans le bloc.

Après un temps de marche, on arriva devant un petit cabanon en piteux état. Il n'y avait pas de porte apparente, mais à la place, on remarquait de simples rideaux. On y pénétra puis nous fîmes l'état des lieux. La pièce était quelque peu sombre et à l'intérieur se dégageait une forte odeur de renfermé. Une seule fenêtre pour éclairer, un vieux canapé dans un coin. Plus loin, la porte au sol qui avait été arrachée de sa position initiale pour une raison inconnue.

On sentit un malaise s'installer dans le cabanon et on se mit en position défensive, prêt à réagir au quart de tour. Le bruit de l'eau coulant d'un robinet brisait ce silence dissolu dans la pièce.
Inaï avança prudemment vers ce bruit de fuite, vers la cuisine. Christopher, lui, resta posté à l'ouverture pour couvrir nos arrières tandis que moi, je m'aventurais plus profondément encore dans une direction différente de celle d'Inaï.
Les planches grinçaient sinistrement sous nos pas. Je butai sur des bouteilles d'alcools jonchant le sol dans cette forte pénombre qui ne présageait rien de bon.

— Ah merde !

Je fronçai les sourcils lorsque je découvris qu'au sol se trouvait un corps en sang. Je m'accroupis pour analyser de plus près. Une mare de sang l'entourait et un couteau était planté au niveau de son thorax.
Avant d'être planté il avait été tabassé sévèrement, littéralement lynché en beauté. C'est ce que montraient les nombreux bleus qu'il avait sur le visage et les traces de coupures au niveau des bras, des mains, sur tout son corps en fait.

— Il respire encore ? remarquais-je en voyant sa cage thoracique se soulever.

Il était en train d'agoniser le pauvre.
Inaï coupa de son côté le robinet et vint plus tard me rejoindre.

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