Sans Aucun Doute

40 : COJONES

40

Ne pas confondre mental et courage,
L'un nait de détresse, l'autre de folie

• Lundi 29 Juillet

~ Christopher ~

Accélérer ne faisait que retarder l'échéance. Je sentais que la voiture n'avait aucune chance, qu'elle galérait à maintenir le rythme tandis que l'autre mastodonte donnait l'impression qu'elle pratiquait une simple promenade de santé.
Malgré la vitesse, je risquais ma tête vers la voiture maintenant à ma gauche pour distinguer la personne. Mais cachée derrière ses vitres teintées, on ne pouvait voir ce sal fou.

Ce dernier braqua brusquement à sa droite et nous cogna férocement, nous emportons au passage contre le mur bétonné du tunnel. Les grincements de la carrosserie et du béton créait un bruit assourdissant. À cela, s'ajoutaient les cris de Nassreen, persuadée qu'elle allait y passer. Elle criait constamment mon nom.
Des sueurs froides sur le front, je me sentais minuscule et désemparé face à la situation. Nassreen, côté passager était aux premières loges d'une mort par écrasement.

La porte allait-elle résister encore longtemps face à une telle force ?

— Christopher ! cria-t-elle encore plus fort que d'habitude.

Aussitôt que possible, je freinais brusquement, changeant très vite de pédale avant que l'on ne percute une semi-colonne construite au bout du tunnel. N'ayant pas anticipé ma réaction, Hummer H2 continua sa course et nous laissa enfin respirer, libérés désormais de son étreinte.
J'avais beau freiner, mais vu la vitesse à laquelle nous étions lancés, c'était impossible de s'arrêter avant de passer cette colonne de béton. J'eus juste le temps de bifurquer légèrement à gauche à la dernière seconde pour ne pas nous prendre le poteau en pleine face, et suivi alors le sillage du taureau vert durant quelque temps avant que les gommes de frein ne décident d'arrêter complètement la voiture. Les plaquettes étaient mortes à présent.

Nous n'avions pas eu le temps de dire ouf que le 4x4 avait déjà fait un demi-tour. Les deux voitures face à face, se défiaient des phares.
L'une avec ses deux côtés latérals complètement bousillés, un arrière pété, un moteur en surchauffe et des gommes de frein inutilisables et l'autre qui n'avait reçu des événements précédents, que quelques égratignures sur le côté droit.

C'était comme être en proie devant le Titan souriant. Nous aurions beau nous battre, nous allions nous faire bouffer sans que notre débâcle ne serve à grand chose comme le soldat Hannes.
Pour ne rien arranger, notre capot se fit fumant, déclarant forfait à ma place. J'observais et analysais alors la situation calmement. Devant la voiture, phares allumés, il nous attendait à une vingtaine de mètres.

Qui était au volant ?

Je tournai la tête ensuite vers Nassreen puis me souvins de ce qui venait de se passer. Je venais de mettre à nouveau sa vie en jeu.

Quel frère je fais, elle ne devrait pas être là.

On resta ainsi silencieux durant près d'une demi-minute. Trente secondes durant lesquelles je me remettais en question.
Nassreen n'était pas de mon monde, elle n'avait pas vécu ce genre de choses, la vie dangereuse, la vie trépidante de risque. Tout cela, elle n'avait pas goûté. En moins d'une journée, elle venait de vivre deux événements majeurs non pas sans risque.
Est-il encore bon de rester près d'elle ? Bien que l'envie y était, sa sécurité, sa vie surtout m'étais beaucoup plus importante à mes yeux que la mienne de vie.

— Reste avec moi Christopher, avança-t-elle en m'observant à son tour.

Une flammèche se ralluma, étincelant ses yeux de couleur brun. Ses pupilles brillaient de nouveau, comme des billes translucides sous un soleil de plage d'été, comme à l'époque de notre enfance.