47 : TERRAIN MINÉ

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C'est dans les moments les plus dramatiques que notre instinct se réveille et nous laisse parfois réaliser des miracles

Vendredi 02 Août

~ Nassreen ~

J'ouvris les yeux, peinement. Je ressentais une affreuse douleur à la jambe et au crâne. De la fumée se dégageait devant moi et j'apercevais le tronc des arbres perchés et le ciel au sol. Le véhicule avait effectué de nombreux tonneaux, s'était ensuite cogné contre un arbre et était désormais retourné, la toiture à terre, le pare-brise avait été émietté.
Tout l'habitacle était parsemé de ce plexiglas. Mon corps n'avait pas échappé à cette dynamite d'éclats où apparaissaient plusieurs égratignures et des bouts encore collés à ma peau. Ma ceinture s'était détaché lors du choc mais par chance je n'avais pas été éjectée hors du véhicule.

Peu à peu, je recouvrai mes esprits. Ma jambe était coincée sous mon siège et le poids de mon corps accentuait fortement la prise et donc la douleur, un début de fourmillement me parcourut, une impression d'engourdissement dans ma jambe droite, mais surtout, cette pression atroce au niveau du tibia.
Maladroitement, j'ouvris la portière tout d'abord, sortis ensuite mon tronc pour essayer plus tard d'extraire ma pauvre jambe.

Je tirais et tirais dessus.
Ça me faisait mal, mais c'était supportable, je me disais. Peut-être l'effet antalgique de la peur, de la situation. Alors je tirais et tirais encore puis enfin, je pus l'extirper du dessous du siège.
Mon bas de pantalon fut déchiré en lamelle après cet acte et des traces de saignements apparaissaient au niveau de mes mollets et de mon tibia. La douleur paraissait moindre par rapport à la profondeur des entailles que j'apercevais, mais je n'en pris pas compte, je devais avant tout sortir d'ici puis... Luke... Merde, Luke... Où es-tu...?

Une fois dehors, je me mis à chercher du regard la voiture de Sarah. Elle n'était pas loin de ma position. Par chance, la sienne n'avait pas été retournée, elle était, en comparaison à la mienne, presque intacte. Elle avait simplement le pare-chocs défoncé à cause de sa conduite brutale d'il n'y a pas longtemps, mais surtout, à cause du rocher qui avait mis fin aux acrobaties folles du véhicule.

Je me dirigeais vers la voiture à travers cet espace terreux presque boueux et la broussaille épineuse qui jonchait le sol. Ce n'est que plus tard que je me rendis compte qu'une de mes converses n'était plus à mes pieds, perdue à je ne sais quel moment de l'accident.
Je tâtais ma tempe et constatai qu'un filet de sang s'y écoulait tout au long de mon visage.
Au milieu du chemin, une racine planta une de ses épines dans la plante de mon pied invalide, m'arrachant un cri plaintif m'obligeant à m'avancer, clopant clopant, boîtant, marchant comme un zombie de Days Gone.

Encore trois mètres...

...deux mètres...

...un mètre...


Enfin, j'y étais... Au niveau du capot. Sarah avait sa tête posée sur la vitre. Était-elle inconsciente ? Cela m'importait peu pour le moment. Je fis abstraction et continuai faisant mon bonhomme de chemin vers la porte arrière. J'ouvris celle-ci.
Par terre, sur la moquette, Luke était allongé là, des mains protectrices au-dessus de sa tête. À première vue, il n'avait subi aucune blessure conséquente, seulement les secousses qui l'avaient perturbé. Je remarquais simplement une égratignure sur le dos de sa main.

— Luke ? prononçais-je tout bas. Hey... Luke ? Tu m'entends ? répétais-je à nouveau en m'approchant de lui encore un peu plus.

Il retira ses mains tremblantes de sa capuche puis releva lentement sa tête. Il me regarda apeuré et j'aperçus enfin, après près de trois ans, ses yeux, son visage. Je revoyais enfin mon enfant. Je tendis la main pour l'inciter à venir. Timidement, il tendis lentement la sienne.

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