05 : PRÉPARATIFS

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05










Un bon cuisinier saura toujours préparer un bon repas,
Quelque soit la qualité de ses ingrédients.

Samedi 06 Juillet

~ Christopher Moralès ~

Il était cette fois-ci 16 h 30, l'heure de notre ronde avait sonné. 
On se plaçait à la queue leu leu, les mains derrière le dos, avançant là où nous menaient les gardiens de cellules.
On était à peu près au nombre de dix. Ils voulaient minimiser les risques en nous faisant sortir par petits groupes. Avec des heures qui changeaient constamment pour ne pas préparer en douce un plan de fuite, pour pouvoir nous prendre par surprise.

Hélas, ça ne marchera pas.


En tête de file, Charlie Boulanger, qui se faisait appeler Chubs car détestant son prénom. Un homme qui réglait chaque problème par ses coups-de-poing.
Il dépassait très facilement les 2 m, était taillé dans de la glace antique, et ses muscles étaient aussi durs que le diamant. Mieux valait ne pas le mettre en colère.
Et pour clore le tout, un rien pouvait l'énerver, lorsque l'on associait son prénom à celui d'un autre Charlie par exemple et surtout lorsqu'on vannait dessus. Certains faisaient des blagues simplistes avec le célèbre Chaplin mais d'autres allaient jusqu'à le comparer à une petite fille d'une série télévisée américaine du même nom.

Dynamite sur patte.

Après nous avoir laissé dans l'espace vert de la prison, les gardes munis de leurs lourdes combinaisons nous surveillaient de près. Ils étaient une dizaine, éparpillés à chaque recoin. Certains détenus se mettaient à courir pour garder leurs formes physiques, d'autres papotaient entre eux, parlant de leurs anecdotes, de leurs souvenirs ou même de leurs envies les plus perverses.

Moi, je me tenais à l'écart du troupeau, je me préparais à autre chose, je ne pensais qu'à mon évasion. J'étais dans le corps d'un cuisinier, on m'avait donné la recette, à moi de préparer le plat. Je les observais attentivement, pour savoir quels ingrédients seraient propices à mon repas, il fallait que je sélectionne les meilleures saveurs.

J'avais décidé de mettre Chubs au four, il fera une excellente dinde. Deux ou trois hommes feront, les oignons et les légumes, un autre par-ci par-là pour le beurre et le vin blanc, et les gardiens seront les couverts de mon plat. J'avais à ma disposition assez d'ingrédients pour préparer pour tout un régiment. Il ne me fallait plus qu'un peu de poivre et le tour serait joué.
J'en remarquais un... Martin Larmoir. Il faisait partie de ceux qui couraient autour du terrain. J'attendis qu'il passe devant moi pour l'accoster.

— Eh... Martin ! hésitai-je.

— Qu'est-ce que tu m'veux ! grommela-t-il sans s'arrêter pour autant.

Il n'était pas d'humeur joviale, ce qui était assez bon pour mon compte.

— Je voulais juste te dire de faire gaffe parce qu'apparemment Chubs va venir te cogner.

— Ce n'est pas la seule montagne de muscles ici, qu'elle vienne pour que je la fasse descendre de son piédestal.

Il avait l'habitude de le travestir lorsqu'il parlait de lui. Charlie, malgré sa montagne de muscles et sa violence, avait des traits de visage fins, presque féminins, qui lui prévalaient quelques insultes de la part de ses détracteurs.

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