30 : À DEUX DOIGTS

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Moi et la liberté,
Une balle m'en séparait

Jeudi 25 Juillet 2019

~ Christopher ~

Assis autour d'une table, nous partagions un moment de détente, à avaler des cheeseburgers prit il y a quelques minutes dans un Burger King du coin.
Kyle sirotait sa boisson un peu en retrait, nous toisant un à un.

— Et Kyle alors, dit-elle en secouant la tête. Je suis bouche bée... Je ne m'attendais vraiment pas à te voir ici, aux côtés de mon frère. Je ne sais pas quoi dire...

On parla durant plusieurs minutes sur ce qui c'était passé depuis, tout ce qu'on avait pu entreprendre, nos réussites comme nos échecs. De la vie en bref. Puis vint le temps de parler de ce qui nous avait poussés à venir ici. Elle m'annonça tristement ce qu'elle venait faire ici. Mes muscles et ma mâchoire se crispèrent à l'entente du mot kidnapping. Ne voulant pas regarder les personnes présentes droit dans les yeux, elle regardait quelques fois ailleurs, tantôt le parquet tantôt la fenêtre.
Un léger silence s'installa lorsqu'elle plaça sa dernière phrase, accentuant un peu plus l'atmosphère pesante, avant qu'elle ne reprenne la parole.

— Et toi ? me demanda-t-elle pour couper cette mauvaise ambiance.

— Moi ? répondis-je en marquant une petite pause. Bah une histoire de vengeance pour te la faire courte.

— Il commence à faire tard non ? glissa Kyle en regardant sa montre.

En effet, nous n'avions pas vu l'heure passer. La nuit venait de draper son voile ténébreux, les lampadaires s'étaient allumés comme le derrière d'une luciole et le vent s'était levé apportant sa fraîche atmosphère.

— Tu as raison, répondit Nassreen. Même si j'aurais aimé ne plus partir.

Elle se leva en soupirant, encore un peu triste à l'idée de devoir s'en aller. Nash se leva à son tour pour la ramener.

— Attendez, je peux la ramener, moi... Passes moi les clés Nash.

Kyle observait Nash mais ne disait point mot.

— Ne te fais pas prendre ça serait dommage, s'exprima finalement ce dernier.

Il me lança gracieusement les clés que j'attrapai au vol. Je fis un sourire triomphant.

— Je reviens bientôt, lancai-je avant de quitter la maison.

Sortis dehors, on s'avança vers le véhicule, je pris place derrière le volant et démarrai la voiture. Nassreen s'installa sur le siège. Elle me regarda malicieusement.

— Allez Hamilton ! s'exclama-t-elle. Fais-moi sentir ces chevaux.

— J'ai promis de rester discret, dis-je en quittant le trottoir. Je ne peux pas me le permettre.

Un silence se fit avant qu'elle ne lâche un rire. J'avais oublié à quel point j'aimais son rire cristallin, si doux à entendre. De sa façon de se pencher, de fermer les yeux lors de ce geste.

Qu'est-ce qu'elle m'avait manqué.

— Fais-moi promettre de te présenter ma fille, quand tout cela sera fini.

— J'espère bien la rencontrer oui, comment s'appelle-t-elle ? reprit-elle en se calmant.

J'écrasai la pédale d'accélérateur, et partis à toute vitesse. Nassreen s'écroula sur le siège, ne s'y attendant pas à priori. Je mis une musique, mis au hasard à partir de la playlist locale, qui se propagea dans tout l'habitacle. Polaroid, de Grabbitz. Nassreen balançait sa tête de gauche à droite au rythme de la musique.
Une vingtaine de minutes plus tard, nous étions arrivés devant leur maison. Je ralentis lorsqu'on arriva au portail, puis la laissa descendre.
Elle resta longtemps ainsi, debout à regarder sa maison aux allées légèrement illuminées, moi derrière elle dans la voiture. Je ne voyais que son dos, et ses cheveux qui se soulevaient quelques fois au gré du vent.

Sans Aucun DouteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant