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Je venais de me réveiller, de descendre les escalier pour rejoindre la cuisine de la maison, quand j'entendis des voix s'élever depuis le grand salon. Je soufflai d'exaspération en ouvrant la porte du frigo et en prenant la nourriture qui me faisait envie. Je m'installai ensuite sur la table et commençai à manger en entendant toujours les éclats de voix de Yeosang et de Mingi. Le silence et la tranquillité de mon petit appartement avec Mingi me manquait fortement. Cette maison était grande, belle et spacieuse, mais j'avais fini par apprécier mon ancien lieu de vie, petit mais confortable.
-C'est pas un peu tard pour prendre ton petit-déjeuner ? Fit la voix de Yunho en entrant dans la pièce.
-Il est que quinze heure, et je sais que tu viens de te réveiller aussi. Répondis-je.
Le Cavalier me lança un petit sourire en coin avant d'ouvrir le frigo et de lui aussi, prendre de la nourriture. Il s'installa ensuite devant moi sans rien ajouter de plus.
-Ils se disputent à propos de quoi cette fois ? Demandais-je.
-Est-ce qu'ils ont vraiment besoin d'avoir une raison valable ?
-Tu marques un point.
-La télécommande de la télévision.
-Une dispute digne des couples de personnes âgées dis donc.
Yunho rigola à ma remarque, provocant un léger sourire sur mes lèvres. Sa présence calme et agréable était quelque chose qui m'avait manqué alors que je devais faire face aux crises de colère répétées de Mingi au Mexique. Yunho avait toujours été un garçon avec qui il était agréable de passer du temps, nous n'avions pas forcément besoin de parler mais sa présence était rassurante et j'avais toujours l'impression qu'il me connaissais par cœur, ce qui était le cas étant donné qu'il avait été mon stalker numéro un durant plusieurs mois. Si j'avais autrefois apprécié sa personne, il n'en était rien aujourd'hui. Désormais, lorsque je posai mes yeux sur sa silhouette, ses cheveux redevenus noirs, son visage clair et ses yeux cernés à force d'avoir un rythme de sommeil beaucoup trop irrégulier, je ne ressentais rien. Tous les bons souvenirs que j'avais eu de lui s'étaient transformés en tas de poussière. Un tas qui, quand je déciderai de souffler dessus, ferait voler en éclat toute sa vie.
-Hongjoong veut te voir dans son bureau d'ailleurs. Annonça-t-il.
-Quand ? Fis-je en me redressant.
Yunho regarda nonchalamment l'heure sur son téléphone.
-Maintenant.
-Putain tu pouvais pas me le dire plus tôt ? Pestais-je en abandonnant mon petit-déjeuner sur la table de la cuisine.
Je quittai la cuisine avec précipitation, insultant le Cavalier de tous les surnoms peu amicaux que je connaissais. Il n'était jamais bon de faire attendre Hongjoong, surtout que cela faisait des mois que je n'avais pas parlé avec lui sans personne autour de nous. Manipuler les Cavaliers et leur faire croire que je n'avais qu'une petite rancune envers eux, c'était simple. Ma mission se corsait déjà lorsqu'il s'agissait d'agir en présence de Seonghwa, mais le pire était notre chef. Je n'avais aucun lien amical avec lui, aucune complicité et ce serait me mentir si je disais qu'il n'était pas le plus fin des stratèges et des manipulateurs que je connaissais. Devoir lui mentir allait sûrement être la plus complexe des épreuves de ma vie, et je savais qu'à l'instant où je passerai la porte de son bureau, j'allai devoir mentir comme si c'était ma raison de vivre. Ce qui finalement, était le cas puisque je savais très bien que si Hongjoong découvrait la supercherie, je risquai fort de rejoindre Himchan, mon ancien petit-ami, sous terre.
À l'instant où j'arrivai devant la porte du bureau de Hongjoong, celle-ci s'ouvrit pour laisser place à Seonghwa qui sortait de la pièce. Ses yeux noirs perçants rencontrèrent les miens et je ressenti soudainement l'air du couloir se coller à ma peau, essayant de s'introduire dans mon corps de toutes les manières possibles, afin de m'étouffer de l'intérieur. Je n'entendais plus les plaintes de Mingi et Yeosang, je ne voyais plus le couloir ni la porte du bureau, je distinguai seulement la silhouette du Cavalier, me toisant de sa grande taille. Je ressentais alors deux choses se produire en moi, premièrement, j'entendais résonner les battements de mon cœur si fort dans mon corps, que j'avais bien l'impression que ma cage thoracique allait céder sous tant de puissance. Ensuite, un goût amer monta dans ma bouche et obscurcit mes pensées, celui de la rancune, de la souffrance des actes passés, mais également le goût sucré et traître de ma vengeance à venir. Afin d'écourter ce moment...fort en émotion, j'entrai dans le bureau de Hongjoong en n'oubliant pas de donner un coup d'épaule à Seongwha quand je passai à côté de lui.
Je refermai la porte derrière moi puis me retournai pour observer la pièce. Elle était très spacieuse et n'abritait encore aucun meuble, seulement des montagnes de cartons parfaitement empilés les uns sur les autres, posés à des endroits différents de la pièce, comme si le Cavalier les avais placé là où leur contenu serait lorsque les cartons seraient déballés. Je m'avançai ensuite dans la pièce, me dirigeant vers le grand bureau de bois sur lequel il n'y avait encore aucun éléments. Visiblement, Hongjoong n'avait pas encore eu ou voulu aménager sa pièce. Je m'installai alors en silence sur le fauteuil en face du sien, plongeant mon regard dans l'unique œil qui lui restait. Un frisson parcouru mon échine, je n'avais pas l'habitude de le voir ainsi, et je devais avouer que son cache-œil sombre lui donnait l'air encore plus menaçant qu'il ne l'était déjà. Puis, il y avait cette étincelle dans son regard, cet éclat de malice terrifiante qu'il n'avait pas lorsque je l'avais rencontré pour la première fois, et ça ne me présageait rien de bon.
-Tu voulais me voir ? Fis-je.
-En effet. Commença-t-il. Nous sommes dans de nouveaux locaux, alors tiens, voici la clef de ta salle.
-De ma salle ? Dis-je en récupérant la clef dans ma main.
-Elle se trouve au sous-sol, tu peux en faire ce que tu veux.
Soudain, je compris. Wooyoung avait sa salle de torture, San sa salle de chimie et Yunho sa salle de surveillance. Je ne savais pas que chacun des Cavaliers avaient un salle à lui, je pensais que les trois Cavaliers en avaient simplement parce que leur spécialité nécessitait de disposer de place. Mingi ne m'avait jamais parlé de sa salle, ni Seonghwa d'ailleurs, ni aucun des autres Cavaliers.
Je remerciai Hongjoong avant de me relever et de quitter son bureau. Finalement, je n'avais pas eu à mentir sur mes intentions, ce qui m'arrangeait.
Je me dépêchai de descendre les escaliers qui menaient au sous-sol avant de me retrouver face à de nombreuses portes, portant les noms des différents Cavaliers. Ma salle était dans les premières et je poussai la porte pour découvrir une grande salle, complètement vide, impersonnelle. Les murs étaient en béton et ne reflétaient aucune hospitalité. À l'instar des autres Cavaliers, je n'avais pas de spécialité et je ne voyais pas au premier abord, ce que je pourrai bien faire d'une salle de cette taille. Puis en prenant le temps de réfléchir, une idée germa dans mon esprit. Je ne savais toujours pas ce que j'allais mettre exactement dans cette salle, mais je savais quel rôle j'allai lui donner. Je n'étais pas stupide au point de mettre toutes les informations que je récolterai pour ma mission personnelle ici, j'étais absolument sûre que Hongjoong avait un double des clefs de toutes ces pièces, y compris la mienne. Je ne comptai pas lui voler les clefs, cela me trahirait, en revanche, je comptais transformer cette pièce en l'exacte image que je voulais que les Cavaliers aient de moi, leur montrer ce que je désirais, qu'ils voient de mon évolution. Cette pièce me servirait à couvrir mes arrières au cas où Hongjoong ai envie de me faire une petite visite surprise.
En revanche, il allait falloir que je trouve un endroit où mettre tout ce dont j'avais besoin et tout ce que je récolterai pour la mission que je m'étais fixée. Acheter un lieu en ville serait pour moi trop compliqué et puis les Cavaliers trouveraient sûrement louche que je passe beaucoup trop de temps dans la ville, alors que j'étais présumée morte et que je risquai de me faire attraper par la police si je ne faisais pas assez attention. Non, il fallait que je mette toutes ma mission dans un endroit où ils ne chercheraient jamais si j'étais démasquée, il fallait que je la place sous leurs yeux, dans cette maison même. Et je savais maintenant exactement où j'allais pouvoir dissimuler mes recherches et les plans pour ma mission.
