Chapitre 3

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(Notes de début : bonjour toii) 

Jason.

Je me force à repousser les couvertures. J'ai mal au crâne. J'ai encore dû prendre une trop grosse dose de somnifères. Je me déplace fébrilement jusqu'à la salle de bain et fais couler l'eau du robinet. Je passe un gant humidifié sur le haut de mon crâne en repoussant les mèches qui tombent sur mon front.

J'observe un instant mon reflet dans le miroir : les cernes creusent mon visage, il est tellement pâle... je détourne le regard. J'ai honte. Je n'arrive toujours pas à me regarder dans une glace. Pas après tout ça. C'est au-dessus de mes forces.

Mes yeux marrons ne reflètent rien de plus que de la souffrance et de la culpabilité : je déteste voir ça.

Je sors de la salle de bain précipitamment pour retourner dans ma chambre. Il faut que j'aille travailler, je n'ai pas le choix. Je n'ai pas le droit de m'arrêter complètement de vivre. Je n'ai pas le droit de rester sans rien faire face à ma souffrance grandissante. Je dois avancer.

J'enfile ma combinaison et coiffe rapidement mes cheveux d'un simple coup de peigne. Je descends les marches prudemment, je ne veux pas risquer de tomber à cause de la trop grosse quantité de médicaments qui est encore dans mes veines.

J'atteins enfin la cuisine et m'adosse au comptoir pour reprendre mon souffle. J'avale ensuite un grand verre d'eau pour me remettre d'aplomb.

Mon regard balaie la pièce, je pourrais essayer de cuisiner. Comme avant.

Je sors le matériel de pâtisserie des tiroirs et me mets à verser la farine dans un saladier. Je casse les œufs et ajoute le reste des ingrédients.

Cette activité qui me plaisait tant, avant, m'ennuie. J'ai la sensation d'exécuter chacun de ces gestes non pas par passion, mais par obligation.

Celle de m'occuper pour ne pas penser.

M'occuper pour ne pas sombrer.

Je laisse tomber le fouet dans le bol et cache mon visage dans mes mains.

Je n'y arriverai jamais.

Je ne m'en sortirai jamais.

J'attrape un fruit qui traîne sur le comptoir pour me remplir le ventre. La couleur marron me fait vite comprendre qu'il est périmé, depuis une bonne semaine environ. Je le jette sans hésiter à la poubelle.

Tant pis.

Si seulement je pouvais faire pareil avec ma vie, ce serait tellement plus simple...

Je jette un œil au désordre. Je ne suis pas obligé de ranger maintenant. De toute façon, ce n'est pas comme si quelqu'un allait venir et constater qu'il y autant de désordre dans ma cuisine que dans ma tête.

Je sors dans le froid et prends la direction du centre de la station. Ce n'est pas une grosse semaine pour le tourisme, alors mon aide n'est pas nécessaire pour les remontées mécaniques. En revanche, quelqu'un doit s'occuper des chiens et cette tâche me revient.

Je passe au centre de contrôle et salue mes collègues. Je plaisante avec eux quelques minutes, avant de leur annoncer que je pars bosser.

Ils me saluent d'un signe de main accompagné d'un grand sourire que j'imite au détail près sans en sentir le moindre effet.

Je marche la tête brumeuse vers l'enclos, impossible de penser correctement ce matin. Les chiens se mettent à aboyer en cœur en entendant quelqu'un s'approcher. Lorsqu'ils m'aperçoivent, leurs aboiements redoublent. Je tire sur le cadenas et les libère grâce à ma clé. Ils me font immédiatement la fête, ce qui m'arrache un sourire.

Je m'avance vers la cabane où est entreposée la nourriture, sors les sacs et les renverse dans les bacs prévus à cet effet. Les douze bêtes se jettent sur leur repas sans attendre.

Je les observe du coin de l'œil. Cela va bientôt faire un an que je prends soin d'eux. Même s'ils m'avaient toujours attirés, je ne m'en étais jamais vraiment préoccupé. Disons que la vie m'a poussé à le faire. Mais ça, je ne le regrette pas ; ce sont de braves bêtes.

En attendant qu'ils terminent, je fais l'inventaire du stock et procède aux vérifications du traîneau. Tout est en état. Dans les prochains jours, les réservations vont affluer. Je devrais m'occuper des touristes malgré mon manque de motivation. Je n'ai pas le choix.

J'ai besoin de cet emploi pour vivre. Je n'ai que ça. C'est peut-être pour cette raison que je me sens si bien avec les animaux.

C'est la seule famille qu'il me reste.


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ET COUCOU ! 

I'm back, et pour de bon. 

Alors mes petites tulipes, monsieur Jason ?

On se retrouve très très vite ! 

All my love is for you, my tulips <3

Nos âmes enneigéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant