(Notes de début: J-5)Elizabeth.
Je me lève sans même attendre sa réponse. Mes joues sont en feu. Je n'aurais pas dû détailler ses lèvres de la sorte. À cause de ça, je meurs d'envie de l'embrasser, ce qui est une très mauvaise idée. Alors je préfère fuir sans me retourner. Je retourne à l'intérieur de la salle des fêtes et regagne notre table où je m'assois face à Nimh. Jason s'installe à ma droite et je fais mine d'être occupée pour ne pas avoir à croiser son regard. Je ne veux pas ressentir ce désir me brûler. Je ne veux pas accepter ce feu qui brûle l'entièreté de mon corps. Je dois contrôler mes sentiments qui ne mèneront à rien.
J'inspire une bouffée d'air et fais mine de m'intéresser à la discussion qui se déroule sous mes yeux sans que je ne parvienne vraiment à en saisir le sens.
Les entrées arrivent et je parviens enfin à me détendre. C'est Noël après tout, je devrais juste profiter de ma fête préférée. Je déguste le saumon norvégien à ma façon, c'est-à-dire si vite que je suis la première à me resservir. Je n'échappe pas aux coups d'œil indiscrets des gens qui m'entourent. À force, j'ai fini par m'y habituer et puis surtout, cela ne sert à rien de perdre mon temps à imaginer ce que ces gens doivent penser de moi. À part m'ajouter une dose d'anxiété, je n'y vois pas grand intérêt. Je n'ai pas besoin de ça.
Je remplis de nouveau mon assiette de poisson en prenant grand soin de ne pas tacher la nappe avec la sauce qui l'accompagne.
— Tu en veux aussi ? j'interroge Jason pour briser la glace.
Après tout, c'est moi qui ai fui lâchement, alors je peux au moins essayer de lever la gêne dans laquelle je nous ai plongés.
— Je vais d'abord terminer ce que j'ai dans mon assiette, me dit-il en souriant.
Il est détendu et confiant, tel que je l'ai toujours connu. J'essaye d'en faire autant.
— C'est comme tu veux, je réponds en reposant le plat au milieu de la table.
Le reste de la tablée termine son repas pendant que je patiente en bavardant avec ma voisine de gauche. Elle s'avère être de la région et mange aussi vite que moi, ce qui la surprend :
— La plupart du temps, j'attends comme une idiote en essayant de ne pas paraître trop insistante lorsque je les presse de terminer, rit-elle.
Son accent anglais est assez médiocre, mais je ne le relève pas. Sa voix est joviale et la femme est heureuse de partager cette discussion avec moi.
— Moi aussi, je rigole. C'est la première fois que je rencontre quelqu'un comme ça. D'habitude, les gens préfèrent savourer, je me moque.
— Alors que c'est tout aussi bon de cette façon !
— Voire meilleur ! je renchéris.
Elle acquiesce avant d'avaler d'une traite le contenu de son verre de vin et de le reposer.
Je me tourne vers Jason qui vient seulement de finir son entrée.
— Eh ben, c'est pas trop tôt !
Il éclate de rire.
— Si tu veux faire la course, ce sera avec ta voisine de gauche, pas moi. Je préfère savourer.
Il reprend le même ton que j'ai utilisé plus tôt et je me retiens de rire. Dans sa bouche ça sonne si peu naturel.
Je lève les yeux vers les siens et nos regards s'accrochent. Cette fois, je ne compte pas me défiler. Je soutiens le jeu de regard qui s'est installé et le laisse briser le contact le premier.
Un partout.
Les serveurs reviennent débarrasser les entrées et j'en profite pour remercier en norvégien la femme qui récupère mon assiette. Elle doit noter l'effort, puisqu'à l'entente de mon accent, je peux vous assurer qu'il est clair que je ne suis pas du pays. Elle repart en souriant.
Dans l'attente de nos plats, je me tourne vers Jason. Il se gratte la nuque avant de se racler la gorge :
— Quand rentrez-vous en France déjà ?
Nimh répond à ma place.
— Fin de semaine. Pourquoi tu cherches à te débarrasser de nous ? Tu peux déjà t'en aller sinon.
Oula, je ne m'attendais pas à ce qu'elle lui lance une remarque cinglante. Surtout pas après notre dernière discussion :
— Tu peux m'aider à fermer ma robe !
J'appelle Nimh depuis la salle de bain. Ses pas résonnent depuis sa chambre et se rapprochent. Elle déplace mes cheveux sur le côté pour dégager mon dos et remonte la fermeture éclair.
— Pour qui Elizabeth s'est-elle préparée ainsi ? me demande-t-elle de sa voix taquine.
— Personne ! me défends-je.
— Tu es sur un petit nuage depuis que tu es rentrée du chien de traîneau et puis maintenant tu te boucles les cheveux, alors que même au vernissage, tu ne l'as pas fait.
— Roooh ! Ça veut rien dire, je veux juste me faire belle ! Ce sont les animaux qui m'ont mise de bonne humeur !
— Les animaux ? Ou un animal ?
— Jason n'est pas un animal !
— Aaaah ! Bah voilà, tu reconnais tout de même que c'est lui qui est à l'origine de tout ça.
— C'est surtout lui la cause de tous mes maux depuis tout ce temps.
— Ça, je ne te le fais pas dire. Mais c'est aussi lui qui te fait sentir vivante après tout...
— Il s'est excusé, je réponds.
— Et donc ? Que vas-tu faire ?
— Je ne sais pas, une part de moi pense qu'il est sincère et que ça pourrait vraiment marcher si l'on communique plus, mais je suis encore trop blessée pour accepter quoi que ce soit de sa part...
— Alors c'est une question d'égo ou de confiance cette histoire ?
— J'en sais rien, je réponds.
Sûrement un peu des deux...
— Je pense que si ses excuses sont réellement sincères et que ses actions le prouvent, vous devriez aussi bien l'un que l'autre vous laissez une chance. Cela ne veut pas dire oublier ce qu'il s'est passé, je ne te dis pas ça du tout. Mais réessayer de vous parler, comme la première fois...
— Je n'ai jamais prétendu ça, se défend-il. Je pose la question voilà tout.
— OK, répond Nimh d'un ton sec avant de se tourner vers son voisin de table.
— Elle est un peu à cran en ce moment, t'en fais pas, dis-je pour rassurer Jason.
Je n'ai en réalité aucune idée de ce qui peut justifier son comportement.
Il hoche la tête et je suis soulagée de voir que nos plats arrivent.
___
Je suis de retour et pas pour jouer de mauvais tours pour cette fois...
Vous avez kiffez ?
All my love is for you my tulips <33
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Nos âmes enneigées
Romance2 ans qu'ils s'étaient embrassés pour la première fois. Ça devait être une bonne année, c'est ce qu'ils s'étaient souhaités. 1 an qu'il l'a quitté. 1 an qu'elle se promène au bord de la falaise. Elizabeth est peintre. Alors que sa carrière bat de...