Chapitre 31

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(Notes de début : my heart...)

Jason.

Je suis de retour au volant de ma voiture. Je roule en direction de l'enclos des chiens pour un rendez-vous professionnel. J'ai dû quitter Elizabeth après notre échange et malgré tout, lui avoir parlé de mon hypersensibilité m'a enlevé un poids. Je me sens plus que jamais proche d'elle et enfin compris. Ça fait du bien de se sentir soi-même.

Cet après-midi, je suis chargé d'une sortie en chien de traîneau avec des touristes. On pourrait croire que les locaux les détestent, qu'ils les trouvent envahissants... C'est parfois vrai, particulièrement dans les grandes villes, mais pour les petites stations comme la nôtre, ils représentent nos emplois et nos salaires.

J'éteins le contact et descends du véhicule. Quelques pas suffisent à ce que mes bottes s'enfoncent dans l'épaisse couche de neige. La sensation est toujours surprenante.

Je m'avance dans la poudreuse jusqu'à l'enclos des chiens. Ils se mettent à aboyer joyeusement en entendant mes pas, m'arrachant un sourire. Arrivé aux abords du parc, leur excitation redouble.

Je préfère sortir le matériel avant de leur ouvrir, simple précaution, alors je m'affaire. Je vérifie que tout est en état et décide rapidement de la configuration du jour. Je prendrai sept chiens. J'attache solidement les harnais au traîneau et m'avance vers eux pour déverrouiller la grille, les chiens sautent partout et aboient gaiement.

— Du calme, du calme !

Je ne peux me retenir de rire face au spectacle. Je les caresse en passant avant de détacher les chiens qui seront de la partie. J'attache la corde de la première bête au pilier prévu à cet effet avant de récupérer le second chien. Je fais ainsi de suite jusqu'à m'avancer pour récupérer Stjerne.

Je caresse tendrement le chien de mon frère. J'aimerais le reprendre à la maison, mais c'est beaucoup de responsabilité. Ici, il est avec ses congénères.

Je repose ma tête sur l'animal.

— Il te manque à toi aussi ?

Pour toute réponse, le chien me lèche la figure. Je souris tristement, lui aussi a perdu son repère. Je me force à me mettre debout et à me concentrer sur le travail que je dois accomplir. Les clients vont arriver, je dois être prêt à les accueillir.

Je m'enferme dans la réserve et respire. Mon regard passe des sacs de nourriture au plafond. Pourquoi suis-je si pitoyable ? Je n'arrive pas à avancer ! Ça fait plus d'un an putain ! Je devrais aller mieux, je devrais sortir la tête de l'eau, je devrais pouvoir respirer à nouveau normalement !

Le bruit d'un moteur me tire de ma rêverie. Je sors de la réserve pour saluer mes clients qui devraient être là d'une minute à l'autre. Je patiente auprès de Stjerne en le caressant. Les chiens n'aboient plus, ils se sont enfin calmés. Pourtant, ils risquent de recommencer avec l'arrivée des touristes.

Le groupe d'Italiens s'approche. J'imagine que c'est un couple et leur fillette. Je les salue en anglais et ils m'expliquent qu'ils ont réservé. Je vérifie leur nom de famille sur le planning, puis leur demande de me suivre pour le départ.

J'attache les chiens un par un au traîneau pendant que je leur explique le vocabulaire du métier de musher. En général, les gens sont curieux et heureux d'apprendre ces mots peu courants. Je donne à la petite fille mon autorisation de caresser l'un des chiens.

Moon est une gentille femelle, je lui explique qu'il ne faut pas faire de gestes brusques et tout se passera bien.

Le traineau est prêt, alors j'aide la famille à monter à l'intérieur et démarre. Les chiens s'élancent. Je pars pour une heure de balade. J'utilise le même chemin que d'habitude. On passe d'abord sous quelques arbres puis une plaine s'offre à nous.

J'aime sentir le vent contre ma veste de travail. Lorsque j'enfile ma tenue de musher, je me sens plus léger, j'ai la sensation de ne pas avoir tout abandonné. Ça, j'ai réussi à le garder, parce que jamais il n'aurait voulu que Stjerne se retrouve seul.

Le chien gambade d'ailleurs allègrement avec ses coéquipiers, tout est fait pour qu'ils ressentent le moins possible le poids du traîneau et de ses occupants. La priorité est le bien-être des chiens, alors je mets un point d'honneur à leur bon traitement.

La balade ne s'éternise pas pour cette raison, le but n'étant pas d'épuiser les animaux. Je m'arrête comme prévu dans la clairière à mi-chemin et les laisse admirer la vue un instant. Je m'empêche de regarder en direction du lac et réfléchis à la place à ma discussion avec Elizabeth.

J'ignorais tout de ses parents. Cela explique certaines de ses réactions, comme lorsqu'elle avait pensé que je la trompais... Sa confiance en elle n'a pas été épargnée.

Je n'aime pas la possessivité, mais je dois reconnaître que malgré tout, j'apprécie qu'elle ne jure que par moi et attende la même chose en retour. Cela signifie qu'elle aimerait que les choses continuent entre nous. Bien qu'il soit encore tôt pour se définir comme un « couple ».

Je demande aux clients s'ils vont bien et nous repartons sereinement de l'autre côté.

Le reste de la promenade s'effectue sans encombre. À l'arrivée, je les aide à descendre du traîneau en commençant par remonter la fermeture éclair et hisser la petite en dehors. Ses parents la suivent.

Ils me remercient et la famille repart satisfaite. J'encaisse le chèque au nom de l'entreprise et le range à sa place dans la caisse.

Comme d'habitude, je prends le temps de m'occuper des chiens, puis de vérifier qu'ils sont tous en bonne santé, nourris, etc. Une fois que je les ai raccompagnés dans l'enclos avec leurs congénères, je fais pareil pour ceux à l'intérieur.

Je remplis les bassines d'eau et de nourriture. Avant de m'en aller, je câline Stjerne et m'imprègne de son odeur réconfortante. Je referme avec précaution l'enclos et les chiens se mettent à aboyer de nouveau, ils savent que je suis sur le point de repartir.

Je ferme à clef le local et m'en vais. Un dernier coup d'œil vers les chiens me fait comprendre que je laisse derrière moi une – assourdissante – symphonie.

Une semblable est présente dans ma tête. 

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Et bonjour ! Comment allez-vous ? 

Today, un chapitre un peu plus court... but, but, toujours un défi ! 

J'espère que l'histoire vous plaît toujours autant because... elle est loin d'être finie hihi 

Pour aujourd'hui, vous allez devoir aider quelqu'un... Qui vous voulez et pour ce que vous voulez, envoyez moi une petit photo pendant ;) 

On se dit à demain !

All my love is for you, my tulips <3

Nos âmes enneigéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant