Chapitre 42

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(Notes de début : j'avais prévenu...)

Jason.

J'ai menti à Elizabeth. Je lui ai dit que j'allais bosser, mais ce n'est pas vrai. Je suis devant la porte du chalet que mes parents ont récupéré après mon déménagement pour parler à ma mère. Je ne lui ai pas dit la vérité parce que je ne voulais pas qu'elle m'accompagne. Et la connaissant elle aurait eu envie de le faire. Seulement, j'aurais été incapable de le faire. Parce que sa présence est plus rassurante. Mais je devais le faire seul. Cette discussion ne concerne que moi et ma mère.

Personne d'autre.

Pourtant, maintenant que je me retrouve les mains dans les poches à fixer la poignée, je ne suis plus aussi sûr de moi.

Était-ce vraiment une bonne idée ?

Les choses vont forcément mal finir.

Ça ne peut pas bien se passer...

C'est ma mère.

Ai-je un jour eu une discussion sans cri avec elle ?

Non.

Malgré moi, ma main frappe à la porte et mon corps s'enracine dans le sol.

Mes sens sont en alerte au moindre bruit.

La poignée tourne, mais je ne bouge pas. Mon père apparaît en robe de chambre. Ses cheveux ont repoussé depuis la dernière fois que je l'ai vu et il a pris du poids, mais ce n'est toujours pas comme avant.

— Que fais-tu ici Jason ?

— Je viens parler à Maman.

Mon ton est calme, mais sûr de moi. C'est le moment.

Je lis la surprise dans les yeux de mon père, mais il fait un pas sur le côté pour me laisser entrer.

— Elle est à l'étage.

Je le remercie d'un signe de la tête et me dépêche de gravir les marches avant que  le courage ne quitte mon corps.

J'inspire un coup et pousse la porte de la chambre.

— Maman ?

La masse de son corps est dos à moi, ses épaules sont courbées, elle regarde fixement le sol, assise au bord du lit. J'ai l'impression de voir dans un miroir la personne que j'étais il y a à peine plus d'un an.

Je ressens ses émotions à la seconde où je fais un pas dans sa direction.

Ne laisse pas sa colère t'emporter...

Ma génitrice tourne enfin la tête vers moi et un rire sec s'échappe de sa gorge.

— Regarde-toi ! Avec tes vêtements de guignol ! Tu oses patiner après tout ça... Tu me fais honte, Jason. Tu m'as toujours fait honte.

J'encaisse ses paroles sans un mot. Elle vient de réduire à néant l'espoir de changement que je nourrissais. Je devrais partir, dès maintenant, parce que les choses ne vont pas s'arranger, mais j'en suis incapable.

— Dégage Jason. C'est ton frère que j'aimerais voir, pas toi...

— Tais-toi, je la coupe sèchement en sentant mon sang bouillir.

— Parce que tu me donnes des ordres maintenant ? Pauvre crétin.

Elle se lève et fait un pas vers moi.

— Va-t-en sale monstre.

Je ne bouge pas d'un millimètre. Notre discussion n'est pas terminée.

— Ça n'a jamais été quelqu'un d'autre que toi le monstre, Maman. Tu m'as traité comme de la merde pendant des années, tout ça pourquoi ? Parce que je suis comme toi. Tu te bouffais déjà toi-même et quand tu as compris que ton gosse était pareil, tu...

Nos âmes enneigéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant