Il est à peine midi que la porte se fait tambouriner. Je pousse un soupir, lâchant avec dépit mon livre que je m'apprêtais à terminer.
Courage Scar, encore quelques minutes. Je me motive mentalement à mettre fin à ce vacarme et cette entrevue rapidement pour retourner au dénouement de fin.
Hier soir, j'ai pu manger avec mon père. J'étais contente de partager un moment de ce genre avec lui, ils deviennent rares depuis quelques années. Depuis douze ans en réalité, quand il nous a fait quitter Covelo, ma ville de naissance pour nous installer aux bordures de Los Angeles, dans une villa de rêve.
A dix ans, quand on t'annonce soudainement que tu vas vivre dans ce genre de maisons, tu t'en contentes même si c'est inopportun. A l'école j'y ai rencontré Ethan et nous sommes devenus inséparables en très peu de temps. Je ne me souviens plus vraiment comment nous nous sommes rapprochés, mais le résultat est là et je ne me vois pas vivre sans lui.
J'ouvre la porte quand je réalise que notre pauvre sonnette se fait martyriser à son tour.
– Arrêtez ce raffut, je vous ouvre... Je souffle, presque agacée.
Mon regard tombe sur trois personnes. Trois carrures étrangement similaires à celles de la veille. Je fixe l'officier Jones et celui-ci me sort un léger sourire avant de s'éclaircir la gorge.
– Ta mère n'a toujours pas porté plainte.
– C'était une raison pour martyriser ma porte ?
Une grimace d'excuse déforme ses traits et je lui souris.
– Je l'ai pourtant prévenue. Je reprends, certaine d'avoir envoyé le message au sujet de la plainte.
Il me dévisage quelques secondes avant de reprendre :
– Elle n'est pas rentrée hier ?
Très intrusif comme question mais je laisse couler, nous en sommes plus à ça près. Je réfléchis quelques secondes puis réalise qu'elle n'est effectivement pas rentrée, du moins je ne l'ai pas entendue.
– Non, c'est étrange. Je marmonne pour moi-même. Je lui dirais quand elle rentrera, sinon vous reviendrez demain n'est-ce pas ?
Ils hochent tous les deux la tête comme un seul homme – l'autre officier toujours forcé d'être là apparemment, et l'horloge du salon se met à sonner les douze coups de midi. Evidemment, ils l'entendent et heureusement que l'immeuble nous appartient car sinon les voisins l'auraient entendue aussi.
Le plus petit, Liner, prend soudainement la parole :
– On va manger, tu viens avec nous ? C'est pour te remercier pour hier.
Surpris, ses deux collègues font volte-face vers lui et le fusillent du regard. Ce n'est sûrement pas professionnel comme comportement. Celui-ci hausse doucement les épaules, impuissant face à ce qu'il vient de dire.
Quand les deux policiers se tournent de nouveau dans ma direction, ils me jaugent de deux manières distinctes. L'un est gêné quant à la proposition impromptue et l'autre ne souhaite clairement pas ma présence avec eux. Après une légère réflexion, je réponds par l'affirmative.
– Attendez, je prends mes affaires.
Je ferme ensuite la porte et prends mes clés et mon porte-monnaie. Mon téléphone est déjà dans ma poche arrière. Quand j'ouvre de nouveau la porte, ils sont dos à moi et j'ai affaire à un mur humain. C'est très déstabilisant. Le bruit de mes clés les fait réagir et ils se retournent vers moi tandis que je ferme la porte à clé.
– On peut y aller. Je déclare, peu sereine quant à la suite de la journée.
Nous entrons tous les quatre dans l'ascenseur et je suis surprise de voir qu'ils sont bavards. Je ne m'attendais à rien de spécial, mais les voir autant décomplexés m'aide à me relâcher en leur présence.
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Les liens secrets
RomanceÀ Los Angeles, des réseaux se concurrencent dans la vente d'armes. Un monde obscur et régnant dans l'illégalité dont Scarlett Cooper est épargnée depuis ses plus jeunes années. Son père, le chef d'un de ces réseaux est parvenu à la garder hors de se...