04 : La librairie.

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Je me fige, fixant le bois peint de la porte avant de me tourner vers celui qui est soi-disant maudit. Sans grande surprise, je découvre le policier incompétent devant moi. Dès que nos regards se croisent, il m'affiche un faux-sourire si énervant que j'ai envie de le lui arracher.

–  Tu m'as refilé ta malédiction alors. Qu'est-ce que tu fais là ?

Il s'assombrit à l'entente de ma pique et je n'ajoute rien, le laissant s'énerver tout seul.

Il prend ensuite son téléphone pour passer un appel sans me répondre, je l'entends grogner durant les sonneries. Quand ça décroche, il se met à aboyer.

– Pourquoi y'a Scarlett qui sort de chez toi ?

Je regarde autour de moi, gênée et agacée tandis que son interlocuteur lui répond. Je remarque que mon vis-à-vis se tend au fur et à mesure de l'appel et décide de mettre fin à notre altercation.

Je m'avance pour le dépasser, on n'a rien à se dire. S'il ne compte pas me répondre alors tant pis, je n'ai pas que ça à faire d'attendre.

– Attends.

Sa voix est tranchante et m'oblige à me stopper dans mes mouvements. Je grince des dents sous l'agacement qui me titille les nerfs. La confrontation est-elle inévitable ?

– Tu veux prendre un selfie c'est ça ? Parce qu'être avec celle qui a sauvé la petite Maya est un honneur... surtout quand on ne s'est pas bougé le cul pour le faire.

Je sais qu'il se contient, la façon dont ses muscles se contractent est si impressionnante que j'en viens à me demander si son t-shirt supportera la pression.

– Je te jure Scarlett, arrête-toi maintenant avant que ça ne dégénère...

– Sinon quoi ? Tu me dégoûtes, tu n'es même pas capable de faire ton job correctement.

Des flammes semblent danser dans son regard et je contiens un sourire.

Pourquoi m'empêcher de partir ? C'est absurde. On ne se doit rien. Dans un souffle, je cède au moment où la porte s'ouvre sur Finn. Je détourne mon attention sur mon coach et celui-ci nous regarde tour à tour, il semble étrangement mal à l'aise.

– Scarlett, Nathan.

– Finn.

Je tourne vivement la tête vers le policier médiocre, les yeux écarquillés. Mes cheveux me fouettent la joue sous la violence du mouvement et je les balaye d'un revers de main.

– « Finn » ? Comment tu connais son prénom ?

Il me jette un regard dédaigneux avant de se tourner vers mon coach, l'air énervé. Je ne comprends rien, d'où vient cette familiarité ? Qui est-il ?

– Donc c'est elle que tu entraines ?

Le concerné hoche la tête tout en me jetant un regard maladroit. Il est terriblement mal à l'aise et je fais le lien malgré moi. Nathan doit avoir mon âge, et Finn l'âge de mon père. Putain.

– Finn ? Je l'interpelle, peu certaine de vouloir admettre la suite.

Son regard est perdu, il va et vient entre nous deux et il semble pris au piège. Au bout d'une interminable minute, il souffle avant d'ouvrir la porte afin de nous inviter chez lui. Choquée, je regarde Nathan s'avancer et entrer en prenant soin de ne pas le toucher, lui aussi semble abasourdi.

C'en est trop pour moi, je m'en vais faire mon footing jusqu'à chez moi. Cette situation était étrange et trop confuse pour que j'accepte la réalité de ce qui vient de se passer.

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