03 : Malédiction ?

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Quelque chose ne va pas, ou alors je m'inquiète trop rapidement.

Deux jours que ma mère n'est pas rentrée, c'est inhabituel. Elle n'a prévenu personne et est injoignable. C'est donc étrange par-dessus le marché. Mon message n'a même pas été ouvert et quand j'essaie de l'appeler je suis directement dirigée vers sa messagerie.

La sonnerie de l'appartement réveille Ethan qui dormait comme un loir à mes côtés. Je lui intime sans le brusquer de se recoucher, tandis que je vais voir qui sonne ainsi à ma porte. Je me frotte mécaniquement les yeux, la lumière du salon m'aveugle avec violence à cause du soleil étant à son apogée dans le ciel. Il est bientôt midi.

J'ai entendu mon père partir ce matin, c'est probablement lui. Il oublie fréquemment ses clés. J'ouvre donc la porte, un petit sourire aux lèvres prête à le sermonner gentiment.

– Tu as oublié tes... Ma phrase s'évanouit quand je découvre qui me fait face. Non mais j'hallucine.

Mon sourire se fane à une vitesse hallucinante et j'hésite à leur claquer la porte au nez avant de me rappeler qu'ils sont policiers. Ils sont là pour une raison. Mais peut importe celle-ci, elle me déplait.

Mike me regarde avec un petit sourire gêné tandis que Loan se fait petit derrière lui. Quant à l'autre enfoiré, il est proche de l'ascenseur et est sûrement en train de prier intérieurement pour que notre entrevue s'écourte.

Moi aussi. Faites que ça soit rapide.

– Ta mère n'a toujours pas porté plainte Scarlett.

Je souffle lourdement, je le sais qu'elle n'a pas porté plainte. Elle est quelque part et je ne sais pas où. Elle s'est joyeusement envolée sans prévenir personne.

– Je sais, je lui dirais. Bonne journée.

Je m'apprête à fermer la porte mais une main s'interpose et m'en empêche.

– Attends.

Je ferme les yeux et cherche toute la patience possible en moi pour rester un minimum aimable en leur présence. Je rouvre la porte et croise le regard désolé de Loan. Je me contrôle intérieurement pour le pas claquer la porte sur ses doigts.

– On voulait s'excuser, tu n'aurais pas dû devoir agir à notre place.

La haine fulgurante qui m'avait contaminé comme un virus hier s'est désormais calmée et je suis maintenant plus apte à leur pardonner, ils ne sont pas fautifs. L'autre policier devrait être celui qui me présente ses excuses, mais au vu de son attitude aux côtés de l'ascenseur – prêt à sauter sur celui-ci quand il arrivera, il ne compte pas le faire.

De toute manière, je ne les reverrai probablement plus, sauf si la malchance me sourit.

– Oui, c'est certain. Vous avez des nouvelles de Maya ?

Cette petite fille m'a hanté toute la nuit et j'ai eu du mal à dormir correctement. Elle m'a touchée plus que je ne l'aurais souhaité, c'était son anniversaire bordel.

Mike hoche la tête avant de me donner les nouvelles que j'attends avec impatience.

– Elle va bien, elle s'en remettra.

Je lâche un soupir de soulagement tout en baissant un peu la tête. Si elle n'avait pas passé la nuit, ça m'aurait dévasté pendant un bon bout de temps. J'avais son sang sur les mains, mais désormais tout va bien.

Je les regarde ensuite tour à tour puis leur sourit doucement, apaisée.

– Ma mère ne portera pas plainte, laissez tomber l'affaire.

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