35 : Dure réalité.

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C'est le sort qui s'acharne, ce n'est pas possible.

Je me laisse tomber dans un soupir étranglé, le dos reposant contre le mur en marbre. C'est froid et je me retrouve à apprécier la surprise que cela me provoque puisqu'elle me fait penser à autre chose pendant quelques secondes.

Je ferme les yeux.

Me convaincs intérieurement que ce n'est qu'une hallucination. Qu'une mauvaise hallucination. Je ne suis pas enceinte, je me le répète mentalement jusqu'à y croire.

Je ne suis pas enceinte.

Je ne suis pas enceinte.

Je ne suis pas enceinte.

Je ne suis pas enceinte.

Puis, je me relève, la gorge serrée. Je ne suis pas enceinte tant que je ne sens rien d'autre que des nausées. Le déni m'ira mieux au teint, j'en suis persuadée.

Même si je suis certaine de ne pas parvenir à l'oublier. Je n'ai jamais su faire comme si de rien n'était. Mon esprit a toujours été la pour me rappeler à l'ordre.

Je jette ce maudit test et sort de la chambre, ne prenant que mon téléphone et la carte de celle-ci. Je retrouve ma mère quelques minutes plus tard, elle sirote un cocktail étendue sur un transat.

La belle vie.

Elle me remarque immédiatement, je dois faire tache dans ce paysage paradisiaque avec mes rangers, mon cargo et mon débardeur.

— Alors, le verdict ?

— C'est négatif.

Elle hausse les sourcils, plus surprise que déçue. Elle ne questionne pas non plus la véracité de mes propos et pour être honnête, ça m'arrange. Je m'assois sur le transat voisin et contemple l'étendue d'eau face à nous. Elle est déchaînée aujourd'hui, belle représentation de mon état mental.

C'est le chaos, et je peine à m'y retrouver.

Mais ai-je vraiment envie de m'y retrouver ?

— Ça aurait été l'enfant de qui ? Nathan ? S'empresse-t-elle de me questionner.

— Oui, oui.

Je ne peux pas lui dire. Impossible. Ça la détruirait, c'est certain. Elle serait capable d'envoyer des agents en mission pour le retrouver et le torturer de ses propres mains pour m'avoir fait ce qu'il m'a fait subir.

Je me souviens d'une discussion que nous avions eue un jour. Aux infos une fille venait d'être retrouvée morte après une suite de viols. C'était horrible a entendre et Maman m'avait dit que si ça m'arrivait, si un jour je vivais ce qu'elle a vécu et en sortais en vie, elle retrouverait l'auteur et le tuerait. Elle me l'a jurée, une haine brillant dans ses yeux ambrés qui fixaient la télévision.

— C'est dommage, mais vous êtes jeunes. Un mal pour un bien.

Je ne lui dirais pas, elle vrillerait. C'est certain. Je ne relève pas le soulagement dans sa voix et me contente de fixer l'horizon.

Nathan.

Je dois le voir, je m'inquiète pour lui. J'ai juste besoin de savoir s'il est stable. Si son corps se remet bien. Si je le reverrais un jour.

S'il est en vie.

Merde j'ai trop perdu, trop vécu pour continuer à m'apitoyer sur mon sort. Non, je ne vais pas bien. Mais oui, je l'aime. Et il devrait le savoir. Il mérite de l'entendre.

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