Les liens secrets

20 : L'horloge.

TW : Torture

Je ne sais plus quel jour on est, j'ai perdu le compte quand j'ai commencé à m'évanouir sous les innombrables coups de scalpel. Il recoupe chaque jour les mêmes entailles. Il ne ménage pas non plus mon mental. Je crois avoir compris son but, me faire perdre tout espoir.

Mais, c'est la seule chose qu'il ne m'enlèvera pas. Je suis déterminée à retrouver ma mère, peu importe le temps que ça prendra.

La perte de contrôle sur des choses comme les repères spatio-temporels m'inquièterai en temps normal. Mais, le sang séché sur ma peau, les restes de points de sutures qui ont sauté et les entailles encore vives maintiennent cette inquiétude tapie dans l'ombre.

J'observe mon corps dans une volonté de constater l'ampleur des dégâts. C'est moche. Même au sol, le sang a coulé.

Je sais cependant que ça fait un bon bout de temps que je me suis faite emmenée. On sent les heures passer et une faible luminosité de l'extérieur me parvient par une fente sur l'un des murs.

Le jour et la nuit s'enchaînent mais le compte m'a échappé.

En revanche, je n'oublierais pas pourquoi je suis dans cette cellule. On m'a kidnappée. Ils m'ont kidnappée alors que j'étais avec Nathan.

Je lui en ai voulu, quand il s'incrustait dans mes pensées. Je lui en ai voulu de ne pas m'avoir aidée. La rancœur prenait mes tripes et jouait avec, tellement je lui en voulais.

Puis, des bribes de souvenirs m'ont explosé à la gueule, il était inconscient sous la table. Sa tête saignait, je me souviens de la couleur écarlate près de son front. Je n'avais pas eu le temps d'y prêter attention.

J'ai souhaité dans la colère, qu'il soit mort pour ne pas m'avoir aidée. Mais son visage hante désormais mes pensées quand ma mère ou la douleur ne les prend pas toutes en otage.

Tout ce que j'ai fait jusque-là, c'était dans l'unique but de la retrouver. Alors imaginer qu'elle est morte, que je ne la retrouverai probablement jamais ; ce sont des pensées dévastatrices qui se jouent de moi. Car je finis à chaque fois par penser que tout ça, était vain.

Soudain, la porte s'ouvre dans un choc brutal et l'ampoule au-dessus de moi s'éclaire, plongeant la pièce dans une couleur jaunâtre désormais familière. Mes pensées se taisent et se concentrent sur le nouveau venu.

Des pas résonnent, je n'ai pas — plus — la force de relever la tête.

— Alors, ma jolie c'est quoi le programme ?

Puis, vient ensuite le bruit incessant de l'horloge.

Tic-tac.

Tic-tac.

Tic-tac.

Tic-tac

Tic-tac.

Mon corps se met maintenant à trembler, mes dents se serrent et je plisse les yeux assez forts pour espérer oublier les souvenirs incandescents qui me brûlent la rétine.

Putain d'horloge de merde.

Chaque fois qu'il vient, il ramène une horloge murale qu'il pose sur la table. Celle où se situent les objets utilisés pour des actes aussi inhumains qu'atroces. Des pinces, des couteaux de toutes les tailles, des bassines d'eau...

— Oh, je sais... tu vas t'échapper ! S'exclame Samuel.

Mon cœur fait un bon dans ma poitrine, son excitation est tout sauf de bon augure. J'ai la bouche pâteuse, le sang ayant trop afflué dedans. Je ne sais plus s'il y a une partie de mon corps où le sang n'a pas coulé.