23 : Ruines et flammes.

25 6 1
                                    

— Scarlett... ?

J'ai des acouphènes qui m'assourdissent et une douleur nouvelle au ventre.

— Scarlett ! tu vas bien ?

La voix de Nathan se fraie un chemin jusqu'à mes oreilles et je cligne des yeux. Je prends conscience de ma position et un pic d'adrénaline me pousse à parler. Je suis sur l'un des sièges du van et ma tête penche dangereusement dans le vide.

— Nathan... murmuré-je, la voix faible.

J'essaie de bouger et tombe contre la vitre opposée dans un lourd fracas. Le véhicule est sur le côté, la gravité a encore eu raison de moi.

Je geins de douleur tandis que je remarque Nathan à côté de moi. Il m'observe avec une inquiétude marquée et tend sa main vers moi. Je la prends et il m'attire vers lui, je me laisse tirer et mon corps atterris sur ses genoux.

— Tu saignes... Remarque-t-il, la voix basse.

Je ne fais pas d'effort pour me relever, je me tourne pour avoir le dos contre ses genoux et la tête posée sur son bassin.

C'est chaotique, le van a eu un accident et nous sommes posés dans un calme indécent sur la portière gauche contre le plafond. Il caresse mes cheveux avec douceur tandis que je l'observe.

— Comment tu as su où j'étais ?

Ses yeux glissent sur moi et je me retrouve incapable d'affronter son regard. Je le détourne et observe ainsi les dégâts sur l'intérieur du véhicule. Les vitres sont brisées et des morceaux pendent au-dessus de nous, l'intérieur est un vrai bordel. Un vrai désordre.

— J'ai contacté Lucy, on a mis du temps à te retrouver... j'ai même failli perdre espoir lorsque je suis entré dans le quinzième bâtiment vide.

— Quinze ? M'étonné-je, tournant de nouveau la tête vers lui.

Son regard est doux, protecteur même. Ça me perturbe et mais je n'arrive pas à m'en défaire, surtout pas lorsqu'il me sourit ainsi. Je souffle du nez, remuée de retrouver les sensations étranges dans mon ventre.

— Je devais te retrouver... Me confie-t-il. Je ne pouvais pas te perdre de nouveau...

La fin de sa phrase n'est qu'un murmure, et pourtant elle fait écho en moi. Elle cogne contre ma cage thoracique dans un bourdonnement étrange. Un bourdonnement que je refuse d'analyser, de reconnaitre.

— Tu ne peux plus vivre sans moi désormais. Lâché-je dans un petit rire qui finit en quinte de toux.

Il ricane lui aussi et ses jambes bougent dans de petits soubresauts, je ne peux m'empêcher de sourire. Sa fossette gauche ressort un peu et je ne peux pas l'ignorer. Ça lui va bien, trop bien.

Putain, même pas deux heures en sa présence et mes pensées déviantes envers lui reviennent à la charge. Je suis certaine que si j'avais été en état, je lui aurais donné un coup dans le ventre pour être aussi beau.

Mais je n'en ai plus envie.

— On devrait sortir de là avant qu'on nous retrouve.

Il hoche la tête, son sourire s'étant instantanément fané après ma prise de parole. J'ai brisé ce moment d'évasion, mais c'était nécessaire.

Une boule d'anxiété grandit dans mon ventre et j'ai l'impression que c'est un message de mon corps me disant de partir rapidement. Mon évasion doit faire parler à l'heure qu'il est, et ils ont sûrement envoyé des hommes à nos trousses, on doit partir et en urgence.

Il se lève donc, prenant soin de m'aider à faire de même. Une fois debout, il saute et s'accroche à une fenêtre brisée pour monter dessus et me faire monter par la même occasion. Des débris tombent dans un bruit étouffé lorsqu'on se dresse sur la partie droite de la voiture.

Les liens secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant