36 : Retour

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L'aéroport de Los Angeles est plein à craquer. Ça m'oppresse et je fais avancer Layla et Nathan jusqu'à la sortie la plus proche afin de pouvoir héler un taxi. Les gens se bousculent pour arriver à destination, c'est un vrai chaos.

Depuis que l'adrénaline est redescendue, j'ai des douleurs effroyables dans l'abdomen et partout où l'homme excité a réussi à m'écorcher.

En revanche, je ne pense à rien.

L'atmosphère ambiante a un impact sur moi, sur mon corps. Physiquement, je suis là. Je ressens tout — autant que ce mon corps est capable de ressentir. Mais émotionnellement, rien.

Le néant.

Ou plutôt, le vide avec, au centre, une flamme vengeresse. Elle m'incite à poursuivre, me donne la motivation nécessaire pour avancer, pour me relever. C'est cette rancœur envers Macy. Cette femme qui m'a tout pris.

Ma famille, mes amis, mon cœur.

Mais en me prenant ce à quoi je tenais le plus, elle a creusé sa propre tombe.

Quand je commence à sentir mes nerfs se tendre de nouveau, je prends quelques inspirations afin de rester calme et talonne Nathan jusqu'au taxi qu'il est parvenu à arrêter.

— Donne-lui ton adresse. Déclare-t-il, le ton neutre et je m'exécute.

Le trajet est long.

Comme un livre qu'on apprécie pas, mais qu'on est tout de même obligé de lire.

Comme un film d'horreur dont l'intrigue s'est révélée être trop prévisible.

Comme une chanson lorsqu'on l'écoute pour la première fois.

Comme le temps, lorsque j'ai vu le corps de ma mère tomber face à moi.

Ou alors, quand Macy m'a montré les images dévastatrices des corps sans vie de mes proches.

En cause, le trajet est long.

Je sors du taxi dans une grande inspiration, Nathan sur les pattes. Il parait ailleurs et je me hais aussi de ne pas savoir comment l'aider. Nous sommes tous les deux en état de choc. Et lorsque cette étape passera, je n'ose pas imaginer l'ampleur des dégâts. Je me sens comme une bombe à retardement émotionnelle, je ne sais pas quand tout reviendra m'exploser au visage. Et je crains que Nathan soit comme moi sur ce point-là.

Quant à Layla, elle a décidé de rester au pied de l'immeuble, ne voulant pas être témoin des décombres de ma vie et de celle de son fils.

De ce qu'on a laissé ici. De ce que j'ai laissé ici.

J'appréhende. Du moins je le crois. Mon ventre se retourne dans des sensations peu agréables et je touche machinalement ma bague anti-stress. De plus, je sens mon cœur résonner jusque dans mes tempes. Les signes du stress me donnent envie de vomir et je serre les dents, me concentrant sur le numéro des étages qui défilent à mesure que la boîte de métal nous emmène vers mon foyer.

Lorsque l'ascenseur ouvre ses portes sur mon palier, je prends une inspiration. Peut-être qu'elle a laissé la scène de crime pour mon retour. Sa trahison n'a plus de limites depuis qu'elle a causé mon matricide.

Ils baignaient tous dans le salon — mon salon. Leurs corps trônaient fièrement sur les sièges et le canapé de celui-ci. J'ai un haut-le-cœur lorsque l'image me revient en tête.

— Tu as besoin de quelque chose ?

Je me tourne vers Nathan, il me dévisage mais je secoue la tête.

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