29 : Alcool et oublis.

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Les larmes taries restent ancrées en moi comme un tatouage invisible. Elles forment une boule dans ma gorge, me donnant une irrésistible envie de pleurer jusqu'à ce que le sommeil me rattrape pour m'en empêcher.

Nous sommes dans un bar, ou un restaurant, ou un pub. Je ne sais pas, je suis entrée dans le premier endroit qui semblait vendre de l'alcool et Nathan m'a précédé, silencieux. Je sentais son désaccord mais, étonnamment, il n'a pas bronché.

Il doit se faire du souci pour moi, et je m'en veux de lui infliger ça. Mais putain, l'espoir qui s'était formé en moi a été ratatiné si vite, si durement. Il a fallu une seconde pour que cet espoir gonfle mes poumons et fasse battre mon cœur trois fois plus fort. Et il a fallu une autre seconde pour que ce cœur, se démantèle à mes pieds au même titre que l'espoir qui l'avait animé.

Je dois faire peine à voir. Je sens le regard des gens peser sur moi et Nathan a dû en avoir marre de me voir agir comme un zombie car il s'est assis au bar il y a quelques minutes de cela... ou peut-être il y a quelques heures.

Je ne sais pas, je ne sais plus.

Je ne peux pas le blâmer, je suis de mauvaise compagnie. Malgré ses mots réconfortants, mon cœur est toujours au point mort et j'ai juste besoin de quelques heures pour repartir de nouveau. Quelques heures pour être misérable. Quelques heures pour me remettre en marche. Quelques heures pour essayer de raccommoder mon masque.

Et puis... j'ai envie d'aller aux toilettes.

Je me lève, essaie tant bien que mal de marcher droit jusqu'à celles-ci et y parvient, malgré les deux chaises que j'ai percutées. J'expire tout l'air de mes poumons, lorsque mes mains rencontrent la céramique froide du lavabo. Le froid est d'une faible piqûre que j'accueille avec un certain plaisir. Mes sens sont mélangés au même titre que mes pensées. C'est encore une connerie que je viens de faire, d'enchaîner les verres.

Après quelques minutes, je sors des toilettes le visage humide après m'être mis de l'eau froide dessus afin de tenter de démêler mes idées. Mais, la voix de Nathan m'arrête dans mon élan et je me fige, l'épaule tombant contre le mur à droite sans que je ne puisse la contrôler. J'ai le corps lourd mais sans surprise, mes oreilles fonctionnent parfaitement.

— Mais, pourquoi elle est comme ça ? Enchaîne la voix inconnue et je me demande si je ne l'ai pas confondue avec celle de Nathan.

Mes doutes sont tus lorsque le concerné prend de nouveau la parole.

— Problèmes de cœur, tu sais elles sont sensibles...

— Tu m'étonnes ! Ricane-t-il grassement. Et tu la connais depuis longtemps ? Tu as l'air d'en savoir pas mal sur elle...

— Ça fait un bon bout de temps ouais...

Un bon bout de temps ? Ça ne fait même pas un an. Ou peut-être que mes impressions premières n'ont pas été si erronées que ce que je croyais... Je tends l'oreille, curieuse et toute culpabilité et conscience sont inhibées par l'alcool circulant avec abondance dans mon sang.

— Et c'est pas trop chiant ?

C'est lui, qui est chiant à poser des questions personnelles. Il ne peut pas se mêler de ses affaires ? Je soupire, désormais agacée par son interrogatoire à mon sujet — je suppose.

— Non, Scarlett est la femme la plus incroyable que je connaisse. Répond Nathan et je sens une pointe d'irritation dans sa voix.

J'appuie mon dos sur le mur, mes jambes commencent à fatiguer et je n'ai pas envie qu'ils me voient approcher maintenant. De plus, mon traître de cœur s'emballe lorsqu'il prononce mon nom.

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