27 : Direction Paradis.

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Il fait nuit, lorsqu'on arrive dans l'aéroport.

Nous avons prévenu Lucy de notre départ improvisé et elle nous a proposé de nous y conduire. C'était évident qu'elle m'en voulait encore d'être partie subitement, mais l'inquiétude a rapidement balayé sa mauvaise humeur lorsqu'on lui a expliqué la situation.

Elle nous a même rapporté des casquettes et deux paires de lunettes de soleil pour qu'on ne se fasse pas repérer. Qui sait, ils pourraient nous attendre à l'entrée. Autant prendre des précautions.

Nathan marche la mâchoire contractée, il doit sûrement lutter contre sa blessure encore fraîche. Je me hais de ne pas savoir comment faire pour l'aider à supporter ça.

Je ne voulais pas qu'on soit deux à en pâtir. Une seule personne suffisait.

— On doit enregistrer nos bagages, c'est un vol de première classe.

Il sait où aller, c'est le principal. Je suis les instructions, largement plus focalisée sur lui que sur notre vol à venir. J'ai bien compris qu'il est du genre à délaisser ses peines et soucis au profit des autres. C'est un sauveur.

Ces sauveurs qu'on néglige beaucoup trop souvent.

Je ne veux pas qu'il subisse le même sort que le cas général. Certes je l'ai détesté mais je n'y arrive plus, et ce, depuis longtemps maintenant.

Je n'osais juste pas me l'avouer.

Je ne me l'avoue toujours pas.

— Je te suis, les aéroports c'est un lieu étranger pour moi.

Il me jette un regard et je lui souris. Ma tentative d'alléger l'atmosphère chute lamentablement à l'eau, nous sommes tous les deux préoccupés par les événements des dernières vingt-quatre heures.

Nous passons la douane après quelques heures d'attente et entrons dans l'avion encore une heure et demie après. C'était long, mais j'ai une certaine hâte de découvrir les lieux.

Les îles vierges.

On va devoir se débrouiller pour bouger une fois là-bas, mais ce sera déjà mieux que de rester coincés à New York.

— Elle est super notre place ! M'exclamé-je, ayant une vue imprenable sur le hublot.

Il est parfaitement bien placé. Nathan est situé à côté de moi mais nos sièges sont tellement grands et confortables qu'il pourrait s'asseoir sur le mien sans me gêner. Nous avons de la place pour détendre nos jambes et même une télévision. C'est génial, la première classe.

— On avait assez d'argent pour se l'offrir, et puis au moins ici, on est tranquille.

Son visage est illuminé d'un petit sourire satisfait et je ne peux m'empêcher d'apprécier cette manière dont son visage se forme lorsque sa fossette ressort.

Une voix résonne ensuite dans les hauts parleurs de l'avion et une hôtesse de l'air passe à côté de nous pour se placer afin de faire la démonstration des mesures de sécurité. Elle fait des mimiques marrantes tandis qu'elle nous montre les mesures à prendre en cas de problème.

Cette femme parvient à nous faire échapper un ricanement et détend ainsi l'atmosphère toujours contaminée par la gravité de la situation qui ne cesse d'appuyer sur nos épaules.

Ce n'est que lorsque l'avion est au-dessus des nuages, et que les ceintures deviennent facultatives, que la pression sur nos épaules baisse un peu. Ils ne sont pas dans l'avion avec nous, nous avons un peu de répit.

— Comment va ton ventre ?

Il tourne la tête vers moi après ma question, et croise mon regard. Je ne parviens cependant pas à le soutenir et détourne la tête, regardant mes mains tout en attendant sa réponse.

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