Les liens secrets

09 : Quel connard !

— Répète ça ? Me demande-t-il, sombre quant à ma réplique.

Je ne lui prête désormais plus attention et sors de la pièce, bouillant intérieurement. Je n'arrive pas à y croire, je ne comprends pas. Tout se mélange dans mon cerveau ; dans mon cœur aussi.

Je vais devoir en parler à Macy, elle sait gérer ce genre de situation. Elle sait me gérer quand je suis au bord de l'explosion. Elle sait comment ça fonctionne, elle devrait m'aider.

Putain, je n'arrive pas à penser à autre chose, mes émotions me dépassent.

— On doit partir, je n'ai pas ton temps Campbell. Grincé-je, détaillant les lieux.

Il est toujours énervé mais sa volonté de coopérer et de mener à bien notre première mission officielle a dû prendre le dessus. Tout comme la mienne, de sortir d'ici et de ne plus le voir dans mon champ de vision.

Nous nous dirigeons vers ce que j'espère la cage d'escaliers. Nos rangers sont bruyants sur le sol en moquette. J'appuie sur l'oreillette afin d'être entendue.

— On arrive dans cinq minutes, sois prêt.

— Bien reçu. Me répond Eliott immédiatement.

J'aperçois la porte des escaliers et fonce dessus, talonnée par Nathan. Nous descendons avec rapidité et nos pas sont beaucoup trop fracassants pour ne pas être entendus et — surtout — suspects. J'essaie de ne pas y penser au risque de paniquer, mais c'est certain que des hommes nous attendent au rez-de-chaussée.

Avant d'ouvrir la porte menant à la sortie, je m'arrête et il fait de même. Je ne le vois que dans mon champ de vision et c'est largement suffisant. Si je croise ses yeux gris de nouveau je risque de m'énerver encore plus.

Après une minute à essayer de détecter des mouvements de l'autre côté, je saisis mon révolver en main et enlève la sécurité au cas où. Je fais un décompte silencieux et ouvre ensuite vivement la porte.

— ILS SONT LÀ !

Ils nous ont directement repéré, je pointe mon arme sur ceux qui arrivent et tire sur leurs jambes tout en courant vers la sortie, suivie et protégée par mon coéquipier qui tire sur tout ce qui bouge. Il se rend utile, au moins.

Je sors dehors en vitesse et ne perds pas de temps pour attendre Nathan. Je vérifie quand même qu'il est derrière moi et une fois chose faite je cours jusqu'au lieu de rendez-vous. Au détour de la rue, j'aperçois la berline et ne ralentis pas jusqu'à avoir les fesses posées sur la banquette arrière. La mallette à mes pieds, la voiture vrombit et démarre en trombe une fois que la portière de Nathan est de nouveau fermée.

Des tirs sur la carrosserie nous font jurer dans nos barbes mais ils se taisent bien vite car une centaine de mètres plus loin nous sommes en sécurité. L'adrénaline se régule au fil des minutes dans mon organisme tandis que je tente de calmer mes respirations.

— Discrétion assurée. Raille le conducteur dans une tentative afin de détendre l'atmosphère.

— On est en vie, c'est le principal.

— Encore heureux.

Je me contente d'ignorer mon coéquipier, gardant ma rancœur au fond de la gorge. Si je lui parle, elle risque de sortir dans une laide volée d'insulte. Ce que je ne souhaite pas pour lui comme pour moi, la haine est à double tranchant.

On arrive au QG rapidement et nous montons voir Lane, qui a apparemment la charge de notre duo. Je salue brièvement Eliott lorsqu'il descend au sixième étage tandis que nous montons au dixième étage. Le silence dans l'ascenseur est lourd mais il me convient parfaitement.