14 : Tatouages.

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Nous allons au salon à pied. Sur le chemin nous discutons de temps en temps au sujet de tatouages tandis que j'observe autour de moi. La vie bat son plein, la ville ne s'arrête pas et je trouve cette existence effrénée très attirante. Elle donne le tournis autant qu'elle vivifie. Les rues de New York sont d'un rythme entêtant et j'aime l'observer.

— Je pense quand même que le tatouage doit être visible pour être utile.

— Tu trouves ? L'idée d'avoir de l'encre tatouée sur soi est déjà assez significative... Réponds-je, n'étant pas du même avis. Imaginons que je souhaite me tatouer une hirondelle en hommage à ma petite cousine décédée, je n'aurais pas forcément envie de me le tatouer sur le cou afin que tout le monde puisse le voir.

Le silence accueille mon argument et je tourne la tête vers lui. A mes côtés, il fixe le trottoir devant lui d'un air songeur.

— Certes, mais pour les tatouages faits pour être majestueux comme... il se met à réfléchir de nouveau. Un aigle par exemple ! Tu ne vas pas cacher un aigle sur ta cheville mais plutôt l'afficher sur ton épaule ou dans ton dos.

Je hoche la tête concédant ses propos. Les célébrités tatouées ont souvent des tatouages visibles tout le temps comme dans le cou où sur les bras. Et ces tatouages sont toujours vraiment beaux. Ils attirent l'œil.

— Tu voudrais quoi comme tatouage ?

— Si je pouvais en avoir un maintenant ?

— Ouais, imaginons Miss White te tatoue dans quelques minutes.

Il hoche la tête et un léger silence prend place dans la conversation. De mon côté je réfléchis à une idée de tatouage que je pourrais me faire, mais ça ne dure que quelques secondes. J'en ai déjà un en tête et ce, depuis quelques années.

Celui-là, je suis certaine à 200% que je l'aurais tatoué sur ma peau, que ce soit dans dix minutes ou dans cinq ans. Je l'aurais et jamais je n'abandonnerai cette idée.

— Une rose.

J'essaie de masquer ma surprise mais c'est peine perdue. Je ne m'y attendais pas et mes yeux se sont écarquillés. Je m'attendais à une réponse telle, une arme ou même un aigle. C'est une douce surprise, je le reconnais.

— Si je peux me permettre... pourquoi ? Demandé-je, doucement.

Je ne souhaite pas entrer dans un terrain miné, et sa réaction me dira si c'en est un ou non.

— C'est pour ma mère, elle est morte quand j'étais petit. Me répond-il, neutre. Et toi, tu ferais quoi ?

Nous arrivons bientôt au salon de tatouages. Je vois l'enseigne au loin et préfère hausser les épaules en guise de réponse. L'appréhension gagne mon esprit et le contamine, annihilant mes pensées sur notre discussion.

— Tu verras.

— Comment ça ? Tu comptes réellement te tatouer là maintenant tout de suite ?

Je ricane et opine. C'est l'occasion rêvée et par-dessus le marché, ce n'est pas une œuvre d'art que je souhaite avoir sur ma peau. Ce ne sera pas long.

Nous arrivons à l'adresse indiquée et j'entre la première dans la boutique. L'ambiance est vintage, j'aime beaucoup. L'horloge murale face à nous indique neuf heures moins cinq. Nous sommes en avance.

— Bonjour, en quoi puis-je vous aider ?

Nous nous tournons vers la voix, une femme est assise sur un tabouret. Elle dépose un journal people sur la table à côté d'elle et se lève pour marcher jusqu'à nous. Vêtue d'un simple pull sans manche, nous avons la possibilité d'admirer les œuvres d'art qui lui servent de bras. Ses cheveux noirs sont courts au carré et lui donnent un air formel, paradoxal avec le reste de son corps.

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