01 : Trois policiers

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Le livreur ne devrait pas tarder à arriver. Quand je suis rentrée de ma séance d'entrainement quotidienne, mon ventre criait famine et ma motivation pour faire à manger concurrençait avec ma flemme. Sans grande surprise, j'ai commandé du fast food.

Manger gras après avoir brûlé un nombre incalculable de calories avec Finn est toujours une partie de plaisir, je n'ai aucun remords.

Quand je suis rentrée à l'appartement, omettons le fait que mon père possède l'immeuble, j'ai pris une douche brûlante pour calmer mes muscles qui me hurlaient leur haine. Je les ais particulièrement malmenés aujourd'hui... sans réelle raison par-dessus le marché.

Le mal est fait, je les récompense avec des aliments tout sauf sains pour mon corps.

Maman se plaint souvent du fait que je suis capable de manger autant sans prendre le poids équivalent, surtout quand elle-même, « prend du poids » chaque fois qu'elle se permet une douceur entre deux repas.

A peine ai-je le temps de me sécher les cheveux que le livreur sonne à la porte. Un léger sourire étire mes lèvres et je presse le pas pour atteindre la porte d'entrée, marchant toute la longueur du salon. Une seconde sonnerie retentit et cette fois mon sourire se fane perd en intensité, la patience n'est pas donnée à tout le monde, apparemment.

Je m'arrête donc au niveau de la grande porte et plaque un sourire aimable sur mon visage. J'ouvre la porte pour récupérer mon repas, mais celle-ci s'ouvre sur trois torses. Trois torses vêtus d'uniformes de policiers.

Je lève les yeux, surprise et découvre trois grands hommes qui me scrutent sans gêne. Ils réagissent rapidement et celui du milieu, le plus proche de moi, prend la parole après s'être bruyamment raclé la gorge.

– Bonjour, êtes-vous madame Cooper ?

Habituée à ces confusions, je comprends sans grande difficulté qu'il s'agit de ma mère.

– Non, c'est ma mère. Pourquoi ? Demandé-je, curieuse.

Au même moment, l'ascenseur qui se trouve à ma gauche s'ouvre sur un homme. Mes yeux dérivent vers celui-ci et je réalise que c'est mon livreur. Il tient un sac en papier avec le logo jaune imprimé dessus. Son regard est hasardeux mais quand il se pose sur nos quatre silhouettes, il perd de ses couleurs.

Sérieusement ?

– Excusez-moi, je leur souris. Bonjour ? Oui, cette commande est pour moi.

Le livreur est toujours aussi livide mais s'avance tout de même jusqu'à moi, le passage ayant été libéré par les deux policiers qui lui barraient la route. Il n'ose même pas parler, j'aimerais en être surprise mais dans notre ville, les policiers n'ont pas pour réputation d'être de gentils golden retriever.

Ils aboient beaucoup, sur tout le monde.

– Merci ! Dis-je après avoir récupéré mon bien.

Le pauvre homme s'enfui presque en courant par les escaliers. Quand j'accorde de nouveau mon attention aux policiers, deux d'entre eux se retiennent de rire ; gonflant légèrement leurs joues. J'arque un sourcil, dépitée.

– C'est si drôle que ça de traumatiser des gens ?

Leur hilarité s'estompe mais flotte toujours dans l'air, le même qui avait pris la parole tout à l'heure s'adresse de nouveau à moi. Jones, est le nom inscrit sur son uniforme.

– Pas vraiment, la situation en elle-même l'était.

Je ne réagis pas, me contentant de le fixer tandis qu'il continue de me parler. J'ai faim.

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