26 : Blessure.

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C'était prévisible.

— Mais où on va ? Crié-je, les jambes en feu.

Je savais que cette accalmie serait de courte durée et que la tempête était en train d'approcher. Personne ne laisse une ancienne captive s'enfuir dans le plus grand des calmes sans agir pour la récupérer. Ça relèverai de l'absurde.

— Cours, on ne doit pas se séparer !

Mon souffle commence à se faire irrégulier, je ne vais bientôt plus pouvoir courir. Je ne sais pas ce qui arrive lorsque je pousse mon corps dans ses retranchements et je n'ai pas envie de le savoir. Pas maintenant. Pas quand on doit tout faire pour s'enfuir.

— Je ne tiendrais pas, pourquoi on n'a pas pris de voiture ?

Il bifurque soudain dans une ruelle et je le suis dans un dérapage incontrôlé. Je me prends un mur en briques sur l'épaule et laisse échapper un faible cri de douleur. J'aperçois Nathan quelques mètres plus loin, il est en train de briser une fenêtre de voiture. Il disparaît ensuite à l'intérieur du véhicule.

Je le rejoins avec difficulté et quand je m'engouffre dans la voiture, elle démarre en trombe. J'expire comme si je venais de courir cinq marathons d'affilé et regarde la route devant nous pour retrouver un rythme respiratoire convenable.

— Qu'est-ce qui vient de se passer ? Comment ont-ils su ?

La confusion règne en maître dans l'habitacle au même titre que la panique. Ils sont arrivés soudainement, on a rien pu faire mis à part s'enfuir.

— Je n'en sais rien, mais c'est certain qu'ils ne veulent pas prendre le thé avec nous.

Je souffle et me tourne vers l'arrière pour voir s'ils nous suivent. Deux berlines nous collent au-delà des limites de sécurité et je peux aisément distinguer des hommes en train de recharger leurs armes à l'intérieur.

Quand l'un sort sa tête par la fenêtre j'écarquille les yeux et me retourne vivement.

— ILS VONT NOUS TIRER DESSUS !

— Quoi ? Oh merde ! Répond-il, après avoir regardé dans le rétroviseur.

Il bifurque brutalement dans une rue après un croisement et j'entends les pneus crisser contre le béton de la chaussée. Je serre les dents, l'épaule collée à la vitre. Mes jambes m'élancent beaucoup depuis notre course improvisée. Je crois que mon corps n'était pas encore prêt pour une puissante séance de sport.

— Bon, on va où ? Demandé-je, sachant qu'il subit une dose de stress doublement intense car il est en train de conduire.

J'essaie de garder mon sang froid, les sons extérieurs ne nous atteignent pas et seules nos respirations bruyantes, le bruit criard de la radio résonnent dans le véhicule. Son regard paniqué alternant entre le rétroviseur et la route témoigne de l'urgence de la situation.

Je réfléchis, j'essaie de penser de manière cohérente. Je dois le faire, on est deux et sa concentration doit être focalisée sur l'instant présent. On sait potentiellement où est ma mère, c'est une piste. Il faudrait qu'on aille à l'aéroport et qu'on décolle pour les îles vierges mais, on n'a pas nos affaires sur nous.

J'ai rien pris, on sortait déjeuner.

Putain.

— On doit retourner à l'hôtel.

— QUOI ? Mais t'es folle ou quoi ? On creuse notre tombe en faisant ça Scarlett.

Les voitures ne nous lâchent pas d'une semelle, mes mains tremblent et je sens qu'une crise de panique monte en vitesse. Je serre les dents et tourne mes bagues pour me concentrer sur quelque chose d'autre que mon état mental instable.

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