30 : Miami Hotel

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— Tu as d'autres allergies ?

Nathan prend une cuillère de céréales qu'il mange tandis que j'attends une réponse. J'espère silencieusement qu'il est en train d'y réfléchir et qu'il ne va pas me laisser le silence en guise de réponse.

Notre relation est déjà assez étrange pour ajouter des moments gênants entre nous.

— On en a déjà parlé, non.

Je hausse les sourcils, surprise. Je n'en ai aucun souvenir. Je me mords la lèvre, affichant un faible sourire pour cacher le pincement au cœur qui m'a pris malgré moi. Je suis incapable de me souvenir de petites choses, ma mémoire est frustrante.

— Quand ça ? Demandé-je, voulant retrouver ce souvenir perdu.

Je prends à mon tour une cuillère de mes céréales.

— Quand on habitait ensemble, tu sais... quand tu as voulu m'empoisonner et me tuer avec un couteau. Me répond-il avec un léger sourire, presque amusé.

Il n'affiche pas d'animosité, à mon plus grand soulagement.

Je grimace, gênée mais aussi amusée. C'était la période durant laquelle il m'agaçait plus qu'autre chose. Je laisse échapper un léger ricanement tout en faisant tourner le lait restant dans le bol.

— Tu m'avais enfermée dehors alors qu'on était en hiver... je voulais mettre les choses au clair pour que ça ne se reproduise pas.

Il lâche un rire franc et je réalise que même si nous parlons de menaces, l'atmosphère est plutôt légère. J'apprécie ce constat, ça réchauffe le cœur de voir que l'hostilité que l'on se portait est désormais si faible qu'on ne la ressent plus. Peut-être même qu'elle a disparu.

— C'est vrai que, me menacer au couteau pendant que je dors, est la meilleure solution pour mettre les choses au clair. Réplique-t-il, me coulant un regard en biais.

Je hausse les épaules, ne pouvant nier que ce n'est pas forcément la meilleure des manières pour faire passer un message. Mais d'un côté, j'avais aimé le menacer ainsi.

Et d'après ses retours le lendemain... ça ne lui a pas tant déplu que ce qu'il essaie de me faire croire.

— Elle a marché en tout cas.

— C'est vrai, même si ça m'avait donné envie de recommencer.

Je secoue la tête, comprenant malheureusement la fin de sa phrase. Quelque chose me dit que je n'ai pas besoin de lui demander pour vérifier. Je termine donc mes céréales et remarque qu'il a fini depuis quelques minutes déjà.

— On y va ? On a de la route je suppose...

Il hoche la tête et nous nous levons. Nous avons déjà payé hier soir et nos affaires sont toutes dans le pickup, nous n'avons rien emmené d'important pour la nuit. Ce n'est qu'une nuit et j'en ai profité pour repartir avec une carapace plus forte.

Ces quelques heures de sommeil ont été particulièrement revigorantes, je me suis écroulée dès que ma tête a touché l'oreiller. Même si à neuf heures tapantes nous étions au petit-déjeuner, j'ai vraiment l'impression d'avoir eu un sommeil réparateur. Et ça fait du bien.

— Je vais conduire, tu ne fais que ça depuis le début. Lui dis-je, tout en tendant ma main dans sa direction.

Il ne rechigne pas et me lance les clés tandis qu'il met le GPS pour que je sache où je vais nous conduire. Une fois installés dans le pickup, nous démarrons.

— Tu vas me servir de guide, je ne sais absolument pas où aller.

— Tourne à droite à la prochaine. Rétorque-t-il et je hoche la tête.

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