07 : La villa.

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Le silence dans la berline est pesant. Personne ne parle, mon père nous a briefé au début en nous ordonnant de rester derrière lui et de parler le moins possible. Mais depuis ce moment, ce sont écoulées dix minutes durant lesquelles je regarde passivement les maisons de Los Angeles défiler.

— On est bientôt arrivés.

Je hoche la tête et me contente de continuer de regarder le paysage. Je laisse mon esprit dériver à sa guise, je n'ai pas de musique pour l'en empêcher.

Quand la voiture s'arrête, le chauffeur sort en premier et nous ouvre la porte. Mon père est le premier à poser le pied dehors et je tourne la tête vers le connard à mes côtés pour le laisser passer. Je garde une éducation, malgré nos différends.

— Descend. Il lâche avec un manque sidérant d'amabilité.

Je lève les yeux au ciel face à cette galanterie et suis mon père. La portière se ferme et Nathan me rejoins en trottinant presque. Je ne lui jette aucun regard, les mondanités ne sont pas obligatoires dans notre duo — quoique probablement nécessaires si l'on veut que ça fonctionne. Ça m'inquiètera plus tard, je préfère l'ignorer.

Le bâtiment est uniquement en noir et rouge, c'est beau. Là où se situait la part de blanc dans celui d'hier, sont désormais de larges bandes écarlates. Comme si l'on avait peint les murs avec du sang. J'en reste médusée et apprécie de loin cette décoration à celle d'hier.

— Pourquoi du rouge ? Je me surprends à demander à mon père.

Celui-ci me répond par un regard délicat. Je dois parler le moins possible. Ma bouche s'entre-ouvre sous la compréhension du message et je la referme tout en continuant d'admirer les lieux. Ce n'est pas grave, c'était de la simple curiosité...

— Parce que, ton prénom. Il me souffle, de manière que je sois la seule à pouvoir l'entendre.

Mon cœur gonfle à l'entente de sa réponse. C'est un bel hommage, pas étonnant que le rouge sous toutes ses teintes soit ma couleur favorite.

Il nous guide jusqu'au douzième étage qui est en réalité un seul bureau. L'étage est le bureau. En sortant de l'ascenseur je suis frappée par cela et lâche une exclamation d'admiration. C'est spacieux et beau.

Tandis qu'il s'assois sur l'un des fauteuils, nous prenons place sur le canapé bleu marine et un autre homme prend place sur le fauteuil à la gauche de mon père. Il ne laisse pas le temps au silence de prendre ses aises et entre directement dans le vif du sujet.

— Bonjour Scarlett et Nathan, je m'appelle Lane.

Je hoche la tête, en effet, Lane ne ressemble en rien à l'homme de la veille. Il a les cheveux rasés sur les côtés et sur le haut de sa tête sont disposés ses boucles qui lui retombent presque sur les yeux. Il est bel homme et doit sûrement avoir la trentaine.

— Hier vous avez été confrontés à notre ennemi numéro un et vous avez dû agir ensemble... comment ça s'est passé ?

— On s'en est sortis, c'est le principal... non ? Je demande, peu loquace quant aux évènements de la veille.

Nathan enchéri juste après :

— Ce duo est permanent ?

Les deux paires d'yeux qui nous regardaient foncent désormais sur mon coéquipier et je serre les dents sous l'agacement. Il n'a toujours pas compris à qui il s'adresse ? Merde, c'est le boss !

— Pourquoi ? Ma fille te pose un problème ? Répond-il, froidement.

Le papa poule est de sortie, je secoue la tête tout en trouvant le regard incompréhensif de Lane. Je lui transmets mes excuses que j'espère il comprendra et laisse leur échange continuer.

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