10 : Mousse au chocolat.

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Aujourd'hui ça fait précisément trois semaines que ma mère s'est volatilisée. Et ce constat ne manque pas de me frapper comme il faut. Je sais que notre famille est spéciale et qu'une disparition de cette durée, en temps normal serait classée terminée, car sûrement morte.

Je refuse d'y croire et apparemment mon père non plus car je reçois l'ordre de monter à son étage en milieu de journée, me faisant quitter un entrainement avec Eliott.

Notre relation était plutôt gênante après le fameux moment mais en quelques jours nous avons réussi à passer au-dessus. Il me salue d'un vague geste tandis que les portes de l'ascenseur se referment sur moi.

J'arrive en peu de temps à son étage et la présence de Nathan sur son canapé bleu marine n'augure rien de bon. Nos contacts sont toujours froids et ça me convient parfaitement... du moins tant que nous n'avons pas à travailler ensemble.

Même si c'est inévitable, je dois retrouver ma mère et il est le seul qui peut me le permettre. Merci à nos géniteurs.

— Bonjour Scarlett, assieds-toi s'il te plaît. M'incite mon père qui est sur son éternel fauteuil.

— Bonjour papa.

Je m'assois aux côtés de Nathan tout en veillant à mettre une bonne distance entre nous. Les distances de sécurité n'ont jamais tué personne à ma connaissance. Puis, je ne digère toujours pas la nouvelle, étrangement ma rancœur s'est dirigée vers lui. Cible facile, sûrement.

Il nous observe pendant de longues secondes, laissant un silence inconfortable régner dans la pièce. Je finis par le briser, l'agitation née du malaise trop animée dans mes veines.

— Pourquoi sommes-nous là ?

Son regard se plante enfin dans le mien et il opine, un fantôme de sourire sur les lèvres.

— Le meilleur moyen, c'est de plonger... n'est-ce pas ? Reprend-il mes mots d'il y a deux jours tandis que mes yeux s'écarquillent.

Je hoche la tête avec engouement. Je n'y crois pas, il me répond si tôt ? C'est une bonne chose à vrai dire, le sujet me trottait dans la tête ces deux derniers jours. Je capte le regard de Nathan, perdu face à notre échange. Il hausse les sourcils mais reste silencieux, laissant son incompréhension le tourmenter sans nous en tenir informés.

— Votre duo n'est pas encore au point, vous avez certes des aptitudes, mais votre cohésion laisse à désirer... vous devez impérativement travailler dessus. Il nous regarde tous les deux, avec un avertissement dans la voix. Si vous ne vous faites pas confiance, comment pourriez-vous mener une mission à bien ?

J'ai envie d'intervenir pour lui dire que l'on se fait confiance, mais ce n'est qu'à moitié vrai et ce, en partie à cause de moi. Ma menace au couteau a effacé les esquisses de confiance qui auraient pu se créer lors de notre cohabitation.

— Nous allons faire de notre mieux. Lui assure fermement Nathan.

— Je n'en doute pas Blake, mais vos entraînements de l'après-midi seront remplacés par un couvre-feu à partir de quinze heures.

Soudainement, trop de questions m'explosent à la figure. Mais, je suis contrainte de faire le tri, et de n'en poser qu'une. La seule qui me parait adéquate.

— Quinze heures ? C'est possible ça ?

— Mon réseau, mes règles.

Le message est limpide, je me tais. Peu importe si c'est possible ou non, il l'a ordonné et on exécute. Je fais un signe de tête, montrant que j'ai bien compris et il s'adresse de nouveau à nous.

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