33 : Test.

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— Comment va-t-il ?

Layla s'arrête dans son élan et se refuse à me regarder. Les nerfs à vif, je me retiens de planter mes ongles dans la peau de son bras et me contente de serrer les dents en attendant une réponse de sa part. C'est tendu depuis le départ de Nathan.

Des secondes s'écoulent entre nous et les clients de l'hôtel encore debout se mettent à nous jeter des regards curieux, interpelés par notre position d'affront au beau milieu du hall d'accueil.

Elle vient de revenir de l'hôpital mais j'attends dans celui-ci depuis hier soir, espérant un retour inopiné de la part de Nathan. J'ai eu le loisir d'espérer le voir franchir les portes automatiques, son regard d'acier rencontrant le mien et moi, me jetant dans ses bras tout en lui reprochant d'avoir risqué sa vie de manière inutile.

Pour moi, par-dessus le marché.

— Il va mal, durant le trajet sa gorge a gonflé à tel point qu'il s'est évanoui par manque d'oxygène. Maintenant si tu veux bien, je suis fatiguée et je n'ai pas envie de parler à la personne qui est responsable de son état. Et peut-être de sa mort. Termine-t-elle dans un murmure parfaitement audible pour moi.

Le ton est sec, elle me reproche son hospitalisation.

Elle me hait, sûrement.

Je ne réplique rien, rendue muette par sa réplique tranchante. Je le mérite, il a préféré consommer son poison personnel que de me laisser dans une position incommodante. C'est à la fois héroïque et stupide. Mais je refuse de croire qu'il peut en mourir, il ne peut pas mourir.

Elle se défait de ma poigne et continue son chemin sans un regard dans ma direction. Le peu de gens présents dans le hall me lancent des regards indiscrets, curieux de voir que la situation a changé. Je ne leur accorde pas plus d'attention, mon cerveau est déjà suffisamment submergé.

Je lâche un soupir contrit et monte dans ma chambre, il est cinq heures du matin et la seule chose que j'ai réussi à faire depuis l'embarquement de Nathan et l'information de ma possible grossesse, est d'attendre.

Attendre que les minutes passent en espérant que les aiguilles de l'horloge vont tourner plus vite. Attendre un retour miraculeux de Nathan. Attendre que ma vie reprenne son court.

Je m'apprête à m'affaler sur le lit lorsqu'une violente nausée m'empoigne le ventre. Je place ma main devant ma bouche et fonce dans les toilettes, laissant cette fois, mon ventre recracher ce qu'il a consommé quelques heures plus tôt.

Les bras appuyés contre la cuvette, je ne trouve pas la force pour me relever. Et c'est lorsqu'une larme solitaire roule discrètement sur ma joue avant de tomber dans les toilettes que je me ressaisis. Je refuse de pleurer de nouveau, même si depuis hier soir tout a basculé à une vitesse tordante ; je ne dois pas pleurer.

Je dois rester forte et ne pas flancher pour si peu. Il reviendra, il est obligé de revenir. Et puis, je ne suis probablement pas enceinte, c'est sûrement un concours de circonstances.

Je me relève donc, forçant sur mes jambes qui se remettent finalement plutôt bien et marche jusqu'au lit sur lequel je me laisse tomber.

Mes pensées sont agressives, mais ne font pas le poids face au sommeil qui m'emporte une fois la tête sur l'oreiller.

***

Je suis réveillée par une sonnerie de téléphone ; le mien. Je pousse un son guttural ressemblant à un grognement d'animal et tâtonne à côté de moi à la recherche d'où j'ai bien pu le lâcher lorsque je me suis écroulée avant de dormir.

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