12 : New York.

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Une musique militaire me réveille avec brutalité. Je geins tout en plaçant mes mains sur les oreilles en tentative de ne plus entendre ce bruit qui me casse les oreilles.

— Arrêtez ça... marmonné-je, la tête secouée.

Généralement, je prends une quinzaine de minutes pour me réveiller. Au moins, avec l'enceinte à fond au rez-de-chaussée j'ai été rapide. Même cogner des casseroles entre elles aurait été moins bruyant.

J'enfile un jogging et un t-shirt à la va vite et choppe un de mes couteaux de poche que je glisse dans ma manche. Je manque de tomber mais me rattrape à l'armoire. Mon esprit encore embrumé est désormais plein de pensées vengeresses.

On peut dire que je me suis levée du mauvais pied...

Je dévale les escaliers le plus silencieusement possible. La rage bouillonne en moi comme de l'huile sur le feu, prête à exploser au visage de celui qui osera s'aventurer trop près.

Je découvre l'objet de mon malheur posé sur plan de travail en marbre. Je le saisis avec empressement et l'éteint sans prendre de précaution. Je l'aurais jeté dans la piscine s'il l'avait fallu. Quand les ondes arrêtent de m'agresser les tympans, j'expire d'aise.

— Où es-tu, connard ? Crié-je désormais.

J'entends presque l'écho de ma voix à l'étage mais c'est quand celle de Nathan résonne derrière moi que je réalise. Il était juste devant moi mais avait mis des bouchons d'oreille.

— Tu n'es pas matinale, hein ?

Sa désinvolture, son ton nonchalant et son sourire en coin... tout ça me fait voir rouge. Je fonds sur lui. Etant assis sur le canapé il n'a pas le temps de réagir.

Mon couteau collé à sa jugulaire, le nez collé au sien, nous nous défions du regard. Moi, mon réveil désagréable me rendant particulièrement maussade et lui, fier de sa manière d'agir.

— J'ai comme une impression de déjà-vu...

— Je pourrais te tuer là, maintenant, tout de suite et sans aucun remords.

Quelque chose change dans sa manière de me regarder. Il semble me croire et son regard est appréhensif. Cependant, il continue de jouer au plus fort. Quel égo...

— Tu l'aurais déjà fait.

J'arque un sourcil et la manière dont son torse frôle le mien à chacune de ses respirations me rends consciente de notre position. Je suis à califourchon sur lui, une main tenant le couteau et l'autre sur le canapé près de sa nuque.

Je ne m'en suis même pas rendue compte.

— Plus jamais tu me réveilles comme ça.

— Comment ? Feint-Il de ne pas comprendre.

Je bouillonne intérieurement.

— Plus jamais tu me brise les tympans avec tes musiques militaires à deux balles, je t'avais pourtant prévenu le premier jour.

Un sourire fend ses lèvres au souvenir de cette nuit et je me contente de le fusiller du regard.

— Tu étais sexy dans ton ensemble noir... une vraie déesse.

Je secoue la tête, et me redresse tout en me décollant de lui. L'espace entrant entièrement en contact avec moi me fait prendre conscience que je respirais à peine. J'avais le souffle court.

— Il est quelle heure ?

— Cinq heure et demie.

Je hoche la tête et monte dans la chambre afin de terminer les derniers agencements dans ma valise. Je m'habille de manière confortable pour l'avion et descend ma valise un quart d'heure plus tard. Cette fois-ci, de meilleure humeur. Mais, la vue de mon colocataire ramène des mauvaises pensées.

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