LE DÉBUT DE LA FIN

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Qu'est-ce que je ferai sans lui ?

Depuis que nous avons quitté la fête, Gabriel est comme une lionne qui chercherait à protéger son petit envers et contre tout. Il est le plus solide de nous deux et il le sait. Il s'est chargé de tout depuis notre départ. C'est lui qui a mis tous nos bagages dans la voiture, c'est lui qui nous a trouvé un endroit où passer la nuit et c'est encore lui qui a conduit pendant plus d'une heure jusqu'à notre destination.

J'étais encore dans un état second quand nous avons grimpé dans la voiture d'Aaron. Tout était en bazar dans ma tête et mes pieds étaient comme conditionnés, uniquement guidés par les propres pas de Gabi. Je n'ai pas eu la force de faire grand-chose de plus.

Tout allait si bien avant ce soir, tout se passait comme dans un rêve. Lili était aux anges de nous retrouver enfin après des mois d'absence et mon père était d'une bonne humeur étonnante. C'était presque trop parfait. Notre plan était prêt. Tout était fait pour qu'on assiste à un fabuleux happy-end.

Mais il a fallu qu'Angie pointe le bout de son nez et gâche tout une fois de plus. J'ai encore du mal à croire qu'elle nous a balancé. Elle l'a fait devant tout le monde et maintenant notre secret n'en est plus un. Ce voyage s'est transformé en un véritable fiasco. Je n'aurai jamais imaginé qu'on finirait par quitter la maison en catastrophe pour échapper à un tel chaos. Tout me paraît détruit et impossible à reconstruire. C'est comme si nous avions perdu nos parents en une fraction de seconde.

En tous cas, ce dont je suis certaine c'est que mon père me déteste.

Comment dois-je faire pour vivre avec ça ?

-Tu rumines trop, Clarke. Je t'entends te torturer les méninges d'ici.

Allongée sur le double lit de notre chambre d'hôtel, je lève les yeux vers Gabi. Il est toujours assis sur l'un des fauteuils en osier de la petite terrasse attenante à notre chambre et il fume. La soirée a été aussi éprouvante pour lui que pour moi et il a besoin de décompresser. Je n'ai même pas râlé quand il a sorti le paquet de cigarette de son sac.

-J'ai de bonnes raisons de me torturer l'esprit, non ?

-Tu te fais du mal pour rien.

-C'est une habitude chez moi, tu te souviens ?

-C'était une soirée de merde, je suis d'accord. La pire de toute ma vie. Mais je ne veux pas que tu t'en rendes malade. On va arranger tout ça.

Pour la première fois depuis longtemps, j'ai du mal à le croire. Je ne suis même pas sûre qu'il y croit lui-même. Toute cette situation est tellement folle et impossible qu'il faudrait un miracle pour que tout revienne en ordre. Une part de moi est convaincue qu'il n'y a rien à faire, que nous sommes définitivement seuls et perdus. J'aimerai croire que c'est faux mais ce soir, toute once d'espoir m'a quitté.

-Tu crois que c'est possible ?

-Oui mais pas ce soir, me répond-t-il. On a encaissé tout un tas de merdes et on est tous les deux épuisés. On aura tout le temps d'y penser demain après une bonne nuit de sommeil.

-Parce que tu penses réussir à dormir toi ?

-Aucune idée. Il faut bien qu'on essaie. J'ai l'impression que ma tête va exploser.

La mienne aussi est en surcharge émotionnelle. J'ai l'impression que mon corps est littéralement vidé de toute son énergie. Il s'est passé tant de choses ce soir que s'en est quasiment irréaliste. Il nous faudrait presque deux jours de sommeil total pour nous en remettre.

Heureusement, nous ne sommes pas seuls. On est toujours là l'un pour l'autre, Gabi et moi, et c'est sûrement ce qui nous permet de tenir.

-Angie n'aurait jamais dû être là, soupire-je en fermant les yeux.

attraction éternelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant