attraction éternelle

ALLÔ MAMAN

Je viens juste de passer la porte de l'appartement quand mon téléphone vibre dans la poche de mon jean. J'abandonne mon sac dans l'entrée et jette ma veste sur le canapé avant de consulter l'écran de mon portable. 

     Maman.

     Un sourire s'épanouit instantanément sur mes lèvres avant que je ne décroche. 

     -Salut, Maman ! 

-Bonjour, ma puce. Comment ça va ? 

-Ça va bien. Comme ce matin quand tu as appelé la première fois, en fait. Rien de nouveau.

     Depuis la fusillade, ma mère appelle plus souvent que d'habitude. Son instinct maternelle fonctionne à plein régime en ce moment. Elle a bien failli prendre le premier vol pour venir voir de ses propres yeux que j'étais bien vivante. Heureusement, je l'en ai dissuadé mais elle s'est vengée en appelant cinq fois par jour. Elle s'inquiète pour moi et elle veut s'assurer que je vais bien même quand je lui dis que c'est bien le cas une heure plus tôt. 

     -Ce matin, tu étais stressée à l'idée de retourner sur le campus. Je voulais seulement être sûre que ta journée s'était bien passée et que la reprise des cours n'avait pas été trop dur pour toi. 

-Gabi m'a accompagné à mon premier cours. Il m'a changé les idées. Je me suis sentie en sécurité. Il suffisait de remettre le pied à l'étrier. 

     Je fais toujours des cauchemars et des insomnies mais ça je ne le dirai pas à ma mère. Je ne veux pas l'inquiéter plus que ça. Elle insisterait pour venir me soutenir et je ne suis pas sûre que j'arriverai à la retenir une fois de plus. Je ne veux pas qu'elle prenne des jours de congés ni qu'elle vienne jusqu'à L.A. pour quelque chose que je peux gérer toute seule. En plus, Gabi et les autres sont là pour veiller à ce que je me sente bien. 

     -Bon, tant mieux. Je suis contente que tu aies réussi à surmonter ta peur. 

-Je ne peux pas mettre ma vie sur pause à cause de cette fusillade. Je dois aller de l'avant. Mes études c'est aussi mon rêve. Il faut que j'aille en cours et que j'arrête d'avoir peur. Ça va peut-être prendre du temps mais je vais y arriver. 

-Évidemment que tu vas y arriver, chérie. Tu es ma fille et ma fille est une battante. Tu vas surpasser toutes ces angoisses et tout va revenir à la normale. En plus, tu es bien entourée. Je me doute que Gabi fait en sorte que tu ne manques de rien. 

     Ma mère fait partie des fans de Gabriel Rivers. Elle a été enchanté d'apprendre qu'on s'était remis ensemble et elle n'a jamais été contre notre relation contrairement à mon père. Elle ne la réellement côtoyé qu'une petite semaine mais elle trouve que c'est quelqu'un de bien. Elle a confiance en lui, elle dit que je suis entre de bonnes mains. Elle me répète sans arrêt qu'elle est rassurée de le savoir avec moi dans une si grande ville que Los Angeles. Je pense qu'elle est surtout heureuse de savoir que j'ai eu droit au grand amour et à l'histoire digne d'un film romantique. 

     -Cami et moi, on est chouchoutées du matin au soir, crois-moi. On a besoin de rien. 

-Comment va ton amie ? 

-Elle se remet doucement du choc. On a toutes les deux eu très peur. Ça fait beaucoup à encaisser. Mais à part ça, elle va bien. Reed est sur son dos sans arrêt. Elle ne pourrait pas être plus couvée. 

-C'était une épreuve pour vous deux. C'est normal que vous ayez besoin de soutien. C'est en vous sentant épaulé que vous arriverez à surmonter vos peurs. Il faut simplement être patient. 

-Je sais, Maman. Bon, parlons d'autre chose. Quoi de neuf aujourd'hui ? 

     J'apprécie qu'elle se fasse autant de soucis pour moi et qu'elle appelle aussi souvent pour s'assurer de mon bien-être mais je n'aime pas être le sujet principal de nos conversations. On ne se voit jamais à cause de la distance entre L.A. et Seattle et je suis certaine que sa vie à elle est bien remplie aussi. J'aimerai qu'on parle d'autre chose que de moi et de cette fusillade. J'ai besoin d'attention mais pas à ce point-là. Il y a tant d'autres thèmes plus intéressants à aborder.