AVANT DE PARTIR

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 -A quelle heure décolle notre avion ?

-Neuf heures, répond Gabriel.

-J'ai encore du mal à réaliser qu'on part demain. J'ai l'impression qu'on est arrivés hier. Tout est allé trop vite.

Assis l'un contre l'autre sur le sable, nous profitons d'un dernier coucher de soleil en Australie. D'ici demain soir, nous serons déjà de retour à l'autre bout de la planète. Ce séjour sera derrière nous et nous reprendrons notre quotidien à L.A. C'est notre dernière soirée chez nous et j'ai mal au coeur quand je pense qu'on ignore encore quand nous reviendrons.

Puis je me remémore tout ce que nous avons vécu ici ces derniers jours. Je repense à la soirée qui a fait tout basculer, à mon père et à ses mots blessants, aux moments passés avec Aaron et June et à toute cette palette d'émotions par laquelle nous sommes passés. Les derniers événements de nos vies ne suivent aucune logique et c'est presque impossible de croire que tout était bien réel.

Moi-même j'ai du mal à me dire que nous avons réussi à encaisser tout ce qui nous ai tombé dessus. Nous avons été plus forts que nous ne l'avons jamais été et malgré tous les mauvais côtés de ce voyage, je suis fière de nous et de ce qu'on a accompli ensemble. Plus rien ni personne ne pourrait nous séparer, à présent. Gabi et moi, on est intouchable maintenant. Qu'importe ce qu'on peut dire de nous, on est armés pour tout affronter.

-A quoi est-ce que tu penses ?

-A tout ce qu'on a traversé ces derniers temps, réponds-je. On a encaissé tellement de choses, toi et moi, et on a jamais baissé les bras. On s'est toujours serrés les coudes.

-On s'était promis de ne pas se laisser tomber, Clarke. J'ai tenu parole même quand les choses ont commencé à vraiment mal tourner et toi aussi. On s'est débrouillés comme on a pu.

-Tout n'aura pas été qu'un échec, avoue-je avec un soupir.

Je ne peux pas m'empêcher de repenser à mon père et à tout ce qui n'a pas été dans notre relation. On ne se comprend définitivement plus, lui et moi, et même si j'aimerai que tout s'arrange entre nous, je suis encore furieuse vis-à-vis de son comportement de l'autre fois. Il s'est très mal conduit envers nous et les mots qu'il a dit n'auront même pas dû sortir de sa bouche.

Cette fois-ci, je crains qu'il n'ait dépassé les bornes. Je ne sais pas si je pourrais un jour oublier toutes les paroles blessantes que j'ai entendu. Le mal est déjà fait. Pas de retour en arrière possible.

-Tu repenses encore à ton père ? me demande Gabi, son épaule tout contre la mienne.

-Je ne peux pas m'en empêcher.

-Tu sais que je ne suis pas un grand fan de ton père mais je suis sûr qu'il ne pensait pas ce qu'il a dit la dernière fois. Il était seulement en colère.

Il fait évidemment référence à cette phrase qu'il a dite le soir des fiançailles d'Aaron et June, quand mon père a déclaré qu'il préférerait me voir morte qu'au bras d'un garçon comme Gabi. J'entends encore la hargne et le dégoût dans sa voix et ça me glace le sang.

-Ça se voyait qu'on venait de s'envoyer en l'air et il nous a trouvé à ce moment-là. Je pense que n'importe quel père aurait été furieux.

-Ça n'excuse pas tout, lui fais-je remarquer. Je peux accepter certaines choses dites sous le coup de la colère mais pas ça. Et puis, tu peux parler. Il a dit qu'il me préférait morte et toi tu l'as frappé. Tu lui as sauté la seconde d'après, je te rappelle. Alors tu es mal placé pour le défendre.

-Ce n'est pas ce que je fais. Enfin, si, peut-être un peu. Mais si j'essaie de le défendre c'est pour toi, pas pour lui. Je ne veux pas que tu souffres, c'est tout.

attraction éternelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant