SOUS LA PLUIE

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 -Je t'avais dit que c'était une mauvaise idée de sortir aujourd'hui, soupire-je en observant l'averse à travers ma vitre.

Stationnés au bord d'une route déserte, nous écoutons d'une oreille attentive les torrents d'eau qui s'abattent sur le toit de la voiture. Nous sommes tombés au beau milieu d'une tempête incroyable. Le vent souffle si fort qu'il parvient à bousculer la voiture, la pluie frappe violemment les vitres et l'orage grande au dessus de nos têtes. Le ciel, quant à lui, est noir si bien qu'on pourrait croire que la nuit va bientôt tomber.

-Je ne pensais pas que ce serait le déluge, marmonne Gabi derrière le volant.

-Les nuages étaient déjà noirs quand on est partis. Je t'avais prévenu. On aurait mieux fait de rester à l'hôtel.

-Je sais. Je me suis trompé.

-Oh, donc tu avoues que j'avais raison ?!

Il esquisse un sourire amusé sans quitter la tempête qui fait rage de l'autre côté du pare-brise.

-Oui, tu avais raison, soupire-t-il malgré lui.

-Waouh ! Je ne pensais pas que tu avouerais aussi facilement. C'est un jour mémorable, en fait ! Il faut l'inscrire dans les livres d'histoire.

-Tu abuses là. J'ai seulement dit ça pour te faire plaisir.

-Et ça a fonctionné, affirme-je. On sait tous les deux que c'est à cause de toi si on est bloqués sous la pluie au milieu de nul part.

Quand la tempête a véritablement éclaté, nous étions encore en train de rouler et Gabi a préféré se garer sur le bas côté par question de sécurité. Le vent et la pluie étaient tellement puissant qu'on ne voyait déjà plus rien. Il aurait fallu être totalement inconscient pour oser continuer sous un déluge pareil.

A présent, ça fait plus de vingt minutes que nous sommes coincés là à attendre que le mauvais temps se calme. Heureusement, on est au chaud et la radio fonctionne encore même si on l'entend à peine à cause de la brutalité de l'averse qui résonne dans tout l'habitacle. Nous n'avons plus qu'à prendre notre mal en patience.

-Si tu m'avais écouté, on serait au chaud dans notre lit là.

-On est au chaud ici aussi. Le chauffage est à fond.

-Ne joue pas sur les mots, glousse-je.

-On est pas si mal là. On a du chauffage, de la musique et on a de quoi manger dans nos sacs. Et puis, la compagnie n'est pas mauvaise, non ?

Le sourire qu'il arbore est si mignon que je ne peux pas m'empêcher de franchir la distance qui nous sépare pour déposer un rapide baiser sur ses lèvres. Puis, je me réinstalle nonchalamment à ma place en m'enfonçant dans mon siège.

-C'était en quel honneur ça ?

-J'en avais envie, c'est tout.

-Ça me plaît quand tu es spontanée.

-Et moi, je te trouve adorable quand tu souris comme ça.

S'il n'était pas aussi fier, je suis certaine qu'il rougirait. Seulement, Gabriel n'est pas du genre à se montrer trop expressif. Il sait l'être quand il me tient la main ou me vole un baiser mais il ne se dévoile jamais trop. Ce n'est pas quelque chose qui me dérange puisque je suis encore plus réservé que lui concernant les démonstrations d'affections. Je nous aime simplement comme nous sommes.

-Tu crois que ta mère a parlé de nous à mon père ? lui demande-je au bout d'un moment.

-Je n'en sais rien. Je crois que James est encore furax. Je serai déjà étonné s'il était au courant que ma mère est venue nous voir derrière son dos.

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