attraction éternelle

JE LE VEUX

-Tu es la plus belle mariée que j'ai jamais vu. 

     Je n'ai pas d'autre choix que de croire Aaron sur parole. 

     -Jusqu'à la semaine prochaine, en tout cas. 

-Ça va de soi, glousse-je en me dandinant d'un pied à l'autre. 

     C'est une sensation étrange de porter une robe de mariée. Je n'avais jamais imaginé ce que ça me ferait. Peut-être parce que je n'ai jamais prêté énormément d'attention à cette idée. Le mariage n'a jamais été mon but premier dans ma vie. Et pourtant, je suis sur le point de faire le grand saut et je ne voudrais être nul part ailleurs qu'ici. Je ne veux rien d'autre que ce qui m'attend à l'intérieur de cette petite chapelle qui ressemble parfaitement à celle qu'on voit dans les films. 

     -Tu crois qu'elle va lui plaire ? 

     Nerveuse, je lisse les plis imaginaires du tissu qui recouvre mon ventre. 

     -C'est une question idiote ça. 

-Réponds quand même. Je suis stressée. J'ai seulement besoin d'être rassurée. 

-Tu pourrais te pointer avec une robe à froufrous jaune que Gabi serait aux anges mais il va adorer celle-là. Tu es à tomber par terre. Il ne va pas en croire ses yeux, fais-moi confiance. Je suis sûre que tu es encore plus belle que dans ses rêves les plus profonds. Cette fois-ci, tu vas vraiment le mettre à genoux. 

-Merci, soupire-je, plus sereine. 

     Ma robe de mariée est d'une simplicité qui me va bien. Elle ne possède aucune fioriture inutile et pas de traîne de huit mètres de long. La mienne ne fait même pas un mètre. Les fines bretelles retiennent à peine le bustier en coupe de coeur bordé d'une fine couche de dentelle. La jupe, elle, est droite et le tissu léger et d'un blanc épuré qui s'accorde avec le voile qui tombe jusque dans mon dos. 

     Quand je l'ai vu, j'ai tout de suite su que c'était elle, la robe parfaite. Elle était tout ce que je recherchais. Simplicité et élégance. Les filles ont pleuré en me voyant l'essayer. Je n'ai eu qu'à me regarder dans le miroir pour comprendre pourquoi elles étaient toutes aussi émues. Cette robe était LA robe, sans aucun doute ni aucune hésitation. 

     -Comment se sent-il ? demande-je à Aaron. 

     Gabi et lui ont été séparé dès mon arrivée. Bien qu'il soit son témoin, Aaron s'est proposé pour m'accompagner jusqu'à l'autel. Il voulait à tout prix qu'on lui accorde cette honneur. Ce rôle aurait normalement dû revenir à mon père mais puisqu'il n'est pas là, la place était vacante. J'ai tout de suite accepté sa proposition et il est resté avec moi devant la chapelle en étant que tout le monde se mette en place à l'intérieur. 

     -Il était encore nerveux il y a une heure mais c'est seulement parce qu'il voulait que tout soit prêt à temps. Il s'est calmé dès qu'on est arrivés ici. 

-Tant mieux. J'avais peur qu'il réalise ce qu'on était en train de faire, qu'il panique et qu'il annule tout. 

-Il faudrait qu'une météorite menace de s'écraser sur la terre pour qu'il ne t'épouse pas ce soir. Et encore. Je ne suis même pas sûr que ça le retiendrait. Il est plus déterminé que jamais. 

-C'est complètement dingue ce qu'on va faire, non ? 

     Les mains dans les poches, Aaron hausse les épaules d'un air détendu et nonchalant. 

     -Vous auriez fini par le faire un jour ou l'autre. Alors je suppose qu'il n'y a rien de mal à sauter le pas tout de suite. C'était inévitable. Gabi ne t'aurait pas laissé sur le marché encore longtemps. Au fond, je crois que je l'ai senti venir.