CE N'ÉTAIT PAS TOI

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 Je vais vomir. Gerber tout ce qu'il y a dans mon putain d'estomac. Parce que je me déteste. Parce que ce que j'ai fait aujourd'hui me dégoûte. Parce que le souvenir de ces lèvres étrangères sur les miennes me fait horreur.

A peine rentré du plateau de tournage, je n'ai eu qu'une envie : foncer aux toilettes pour rejeter le pauvre sandwich que j'ai avalé au déjeuner. Je savais que cette journée ne serait pas une partie de plaisir mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi dur d'être proche d'une autre femme que la mienne. J'ai dû retirer mon alliance, ce qui m'a crevé le coeur, toucher et embrasser une autre et j'ai eu l'impression de n'être qu'un moins que rien.

Pourtant, j'ai tout fait pour me convaincre que je ne faisais rien de mal et que ce n'était que pour le travail. Je me suis focalisé sur mon job, ai suivi toutes les directives qu'on m'a donné et je suis resté professionnel malgré les quelques coups d'œil enjôleurs de la chanteuse. J'ai tout fait pour me montrer irréprochable.

Sierra Fox n'en a pas fait autant. J'ai bien vu la façon dont elle me regardait avec quel plaisir elle se laissait aller dans mes bras à chaque scène que nous tournions. Je sais reconnaître une prédatrice quand j'en vois une et celle-là est de taille.

Elle sait que je suis marié, que ma vie est reliée à celle de quelqu'un d'autre mais ce détail n'a pas semblé lui poser le moindre problème. Elle se fichait bien que je sois un mec casé. Elle a probablement pensé que j'étais du genre à tromper ma femme sans scrupule, que j'avais pas de conscience et qu'elle pouvait me mettre le grappin dessus sous prétexte qu'elle a une certaine notoriété.

Tu peux te foutre le doigt dans l'œil, starlette.

Le simple fait d'avoir passé la journée avec elle et de devoir prétendre un amour fou entre elle et moi ont suffit à mettre mon moral au plus bas. Depuis que je suis avec Max, je déteste être près d'une autre. J'ai essayé quand nous nous sommes séparés et je n'ai jamais réussi à apprécier la peau d'une autre. Échec total. Je lui appartiens tout entier, il m'est impossible de faire autrement.

Une chose est sûre désormais, je ne suis pas fait pour les comédies romantiques même si mon âge et mon physique pourraient me laisser prétendre au contraire.

-Je suis rentrée !

La voix de Max retentit dans le hall de l'appartement alors que je suis toujours prostré telle une statue, immobile et livide, dans le canapé, un verre de whisky à la main. La télévision est allumée mais le volume est quasiment baissé au minimum. Je n'ai pas la force de me lever pour aller l'embrasser. Je me sens trop sale pour ça alors que j'ai pris une douche et me suis lavé des pieds à la tête dès que je suis rentré. Nous savons tous les deux où j'étais aujourd'hui et ce que j'ai dû faire et ça me fait honte. Je me suis battu pour avoir ce job et finalement je n'en retire aucun plaisir, aucune fierté.

-Gabi, est-ce que tu...ah ! Tu es là. Je me demandais si tu étais déjà rentré...

Mon courage ayant totalement déserté, je parviens tout de même à lever les yeux vers elle pour voir son sourire s'évanouir et son visage se transformer face à mon état presque léthargique. Elle perçoit aussitôt mon malaise et une ride inquiète se forme entre ses deux sourcils froncés.

-Gabi, dit-elle d'un ton presque interrogateur.

Elle ne sait même pas quoi dire. Je peux la comprendre. Moi-même je n'ai pas les bons mots pour expliquer réellement tout ce que je peux ressentir.

-Tu as vraiment une sale tête, grimace-t-elle, inquiète. En fait, on dirait que tu vas vomir.

-Probablement parce que c'est le cas.

attraction éternelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant