LETTRE A MA FILLE

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JAMES


Je suis en train de les perdre. Tous. Ma femme, ma fille, ma famille toute entière.

A présent, tout est très clair. Ils sont tous contre moi et ils me considèrent comme le seul responsable de cette destruction progressive. Je dois reconnaître qu'ils n'ont peut-être pas tord. J'ai entendu tout ce qu'ils ont dit, je suis resté de marbre pendant mon procès mais ça ne veut pas dire que j'ai fait la sourde oreille comme d'habitude. J'ai bien pris en compte leurs reproches, leurs ressentis et leurs mise en garde.

La conclusion de ce séjour est simple : j'ai merdé et en beauté. Je n'ai pas le courage de l'avouer en face d'eux mais je le sais maintenant. J'ai traité ma fille comme une moins que rien et mon comportement a empiété sur la vie familiale. Je suis devenu celui qu'on redoute de voir entrer dans la pièce, celui qu'on n'apprécie plus de retrouver après une longue absence.

Je me sens comme un moins que rien, j'ai honte de moi, de ce que j'ai fait et de ce que j'ai pu dire tout au long de ces derniers mois. En plus de ça, je suis un lâche. Je n'aurai jamais le cran de reconnaître la totalité de mes erreurs devant eux. J'ai sûrement trop d'égo, celui d'un homme de mon âge qui a crû bien faire toute sa vie.

Désormais, je suis désemparé, incapable de ranger ma fierté et impuissant face à leur colère. Je sais qu'ils sont tous furieux contre moi au fond d'eux et je ne sais pas quoi faire pour arranger les choses. Je ne suis même pas sûr qu'un pardon soit possible. Je leur ai fait tellement de mal. Ma fille en premier, évidemment.

Maxine est probablement celle qui souffre le plus de cette situation. J'ai eu des mots durs, interdits et impensables envers elle, je me suis comporté comme son ennemi et non plus son père, je l'ai méprisé elle et sa relation et j'ai toujours refusé de l'écouter. A sa place, je n'aurai aucune envie de me pardonner. J'ai terriblement honte du père que j'ai été avec elle. Ce n'est pas la première fois que j'agis mal avec ma fille et elle pensait peut-être que je ne pourrais pas faire pire.

Elle avait tord et je me maudis pour ça.

Ma femme est une autre victime de ma fureur, de mon intransigeance face à la relation de son fils avec ma fille. Elle a essayé de me soutenir au début, de me montrer qu'elle me comprenait et puis elle a essayé de me ramener à la raison. Elle a tant de fois tenté de me faire entendre qu'ils étaient heureux tous les deux et que le regard des gens importait peu. Elle a fait tout ce qu'elle a pu pour apaiser ma colère et faire tampon entre les deux camps.

Et je l'ai déçu.

Aujourd'hui, Lili est furieuse contre moi parce qu'elle n'a plus la force de se battre. Elle ne me comprend plus, ne supporte plus mes humeurs et mes attaques envers Maxine et son fils. Elle a décidé de choisir le camp de la paix et ça je peux le comprendre. C'est épuisant de se faire la guerre. On est tous fatigués de ce combat interminable et j'en suis le premier responsable.

Si je n'avais pas continué à délirer, tout serait revenu à la normale depuis bien longtemps et je ne serai pas à deux doigts de les perdre. Ma femme ne me regarderait pas avec cette déception dans les yeux, ma fille aussi et mon beau-fils ne serait certainement pas tenter de me tuer une bonne fois pour toutes.

Gabriel.

A lui aussi je lui ai fait du mal. Pire, je lui ai mené la vie plus dure que les autres. J'ai été intraitable avec lui alors que je dois avouer qu'il a essayé d'apaiser les tensions entre nous dès que son secret a éclater. Je n'ai jamais voulu l'entendre, le comprendre, lui pardonner ou lui donner une chance de me convaincre. On a toujours eu une relation quelque peu compliqué lui et moi mais cette fois-ci je ne lui ai vraiment pas fait de cadeau. Je me suis défoulé sur lui comme sur un punching-ball. Il a payé pour tout le monde.

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