Chapitre 21 : Le combat de trop.

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Lynn :


Mon explication m'a laissé la gorge nouée, mais également une impression de légèreté.

Je ne sais pas vraiment pourquoi je lui ai confié ça, peut être parce que je me sens en confiance avec lui...

J'en sais rien...

Toujours est-il que son sourire réconfortant m'approuve dans mon choix.

Les yeux rivés sur la route, il me confie à son tour :

- Tu sais, même si j'ignore ce que t'as vécu, je sais ce que ça fait d'être marquer par un traumatisme. Quand...

Il se racle la gorge, pas vraiment à l'aise.

Je bégaie alors, gênée :

- Non, mais euh, faut pas que, euh... Que tu te sentes forcément de me confier un truc sur toi parce que, euh, je l'ai fait, hein !

Il secoue alors vivement la tête, et me rassure :

- Non, j'en ai vraiment envie ! Je veux que tu comprennes que je te fais confiance comme tu viens de me faire confiance et m'expliquant ça.

Il prend une grande inspiration, puis me raconte :

- Quand j'étais petit, je vivais avec mon grand frère. Je n'ai jamais connu mes parents, et je n'en jamais eu envie, ils nous ont abandonné, Nicolas, mon frère, et moi. Il était mon tuteur, il prenait parfaitement soin de moi... Pour être honnête, c'était mon héros. Mais, sans que je sache comment, quand j'ai eu 12 ans, il s'est retrouvé mêlé a un gang de Chicago, là où on habitait. J'ai tout de suite vu ça d'un mauvais œil, je détestais ces nouvelles fréquentations illégales, mais à chaque fois que je lui en parlais, il me promettait que c'était la dernière fois qu'il les voyait...

Il soupire, perdu dans ses souvenirs...

- Mais c'était jamais la dernière fois, pas vrai ? je continue, touchée par cette confession.

Il se gare devant mon appart, se tourne vers moi et acquiesce gravement, en me regardant dans les yeux.

Je vois sa douleur dans le bleu azur de ses pupilles, et pose impulsivement ma main sur son épaule, pour lui montrer mon soutien.

Un sourire fragile nait sur ces lèvres, puis il continue, comme animé d'une nouvelle force :

- Exactement. Il n'a jamais arrêté... Mon frère était un incroyable boxeur, il gagnait sa vie comme ça. Le gang qu'il a rejoint a vu en lui une superbe arme, alors il l'utilisait. Dès qu'il fallait tabasser leur ennemis, ils faisaient appel à lui, et il répondait toujours présent, contre trop peu d'argent dont on avait même pas besoin... Mais mon frère ne faisait pas ça pour le fric, non. Il le faisait parce qu'il aimait ça, il se droguait presque a l'adrénaline que les combats lui procurait... Il a alors découvert une toute nouvelle forme de drogue : mélanger les combats, le danger, et l'interdit.

Ses yeux se ferment brièvement, et il serre alors fortement ma main sur son épaule, afin de se donner du courage. Puis, il poursuit, d'une voix détruite :

- Seulement, cette addiction le poussait à se mettre beaucoup trop en danger, et ce jusqu'au... Jusqu'au combat de trop.

Il soupire.

- J'avais 14 ans... Et un soir, il n'est pas venu me chercher après les cours. Je ne me suis pas plus inquiété que ça, et je suis rentré à notre appartement seul, à pieds. Mais il n'est jamais revenu à l'appart.... Au bout de trois jours sans aucunes nouvelles, je suis allé moi même jusqu'à son gang, parce que je savais que sa disparition avait un lien avec eux. Et là, un de ces "amis", m'a expliqué ce qui s'était passé, en riant presque. Il m'a dit que... Que...

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