Chapitre 32: Retrouvailles

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Résumé:
Valjean retrouve sa famille, Javert trouve la paix.

"Il n'est jamais trop tard pour être ce que l'on aurait pu être ".
-George Eliot

***

     Javert l'escorta hors du Palais aussi discrètement que possible ; il emprunta des chemins et des sorties moins empruntés, et parvint ainsi à leur épargner toute rencontre avec des curieux ou des membres de la cour.

     Dès qu'ils furent dans la rue, il loua le premier véhicule qu'il trouva : un petit fiacre noir.

     Quelques minutes à peine après le début du trajet, Valjean sembla s'être endormi, les yeux fermés, la tête tombant sur sa poitrine.

     Javert le remarqua avec une certaine surprise, en se détournant de la fenêtre. Il se demandait ce qui était arrivé exactement à Valjean depuis cinq jours qu'il était détenu. L'homme avait l'air épuisé. Il y avait des cercles sombres sous ses yeux, une pâleur sur sa peau, et un creux sur ses joues. Sa barbe avait beaucoup poussé et sa bouche était donc recouverte d'une épaisse barbe blanche. L'ensemble de son visage était misérable et hirsute. Le grand manteau, avec ses trois demi-capes, pendait sur ses larges épaules comme une couverture.

     Javert l'étudia un moment puis, soupirant, détourna à nouveau le regard. Il regarda la ville, sans savoir ce qu'il ressentait. Tout autour de lui, tout en lui, était... sans précédent.

     Le fiacre eut une secousse, et il sentit l'homme, secoué, s'affaisser contre lui.

     En sursaut, Javert se retourna pour regarder la tête de cheveux blancs bouclés qui reposait maintenant sur son épaule.

     Il commença à tendre la main, avec l'intention de pousser l'homme pour le réveiller, mais il s'arrêta, réfléchit et baissa la main.

     C'était gênant, la proximité et la chaleur d'une autre personne pressée contre lui, mais il se sentait coupable de priver l'homme de son repos après tout ce qu'il venait de vivre.

     Légèrement gêné, Javert repoussa son visage vers la fenêtre, mais il se rendit compte qu'il ne pouvait pas se concentrer sur le paysage au-delà.

     Au bout d'un certain temps, le silence dans le fiacre devint si pesant que sa perception des bruits de fond s'en trouva accrue : le cliquetis des roues de la voiture, le claquement des sabots du cheval sur les pavés, le faible murmure des conversations dans la rue.

     Son attention fut attirée par un mouvement dans sa vision périphérique. Il tourna la tête.

     Les mains de Valjean s'agitaient, comme dans un rêve ; elles s'agrippaient à ses poignets comme s'il y avait quelque chose qui l'irritait.

     Il parla dans son sommeil. "Non ", gémit-il de manière à peine perceptible. "Non, s'il vous plaît... " Tremblant, il secoua la tête, l'enfouissant contre l'épaule de Javert. "Je préfère mourir. "

     Javert fronça les sourcils.

     Au moment où il envisageait de lui donner un coup de coude pour le ramener à la conscience, l'homme se convulsa et se réveilla avec un cri de panique.

     Il semblait s'être oublié lui-même, les yeux craintifs dardant l'intérieur du wagon sans rien reconnaître. Lorsqu'ils se posèrent sur la silhouette sombre de Javert à ses côtés, ils se remplirent d'une terreur abjecte. Il recula aussi loin qu'il le put, se plaquant contre la paroi opposée du fiacre, ses jointures s'agrippant au coussin de velours.

     " Non, non ", se dit-il frénétiquement à lui-même, en secouant la tête, " Je ne peux pas y retourner ; je ne peux pas...".

     Javert plissa les yeux vers lui. "Valjean."

A Reflection Of Starlight (Traduction FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant