Chapitre 37: Le Maire

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Résumé:
Javert révèle la véritable raison de sa consternation.

"La véritable amitié est une plante à croissance lente, qui doit subir et résister aux chocs de l'adversité avant d'avoir droit à cette appellation."
-George Washington

***

     Valjean était assis et regardait par la fenêtre de sa chambre, mais ses pensées n'allaient pas vers le jardin en contrebas. Troublées par la culpabilité, elles passaient en revue les conversations passées.

     Combien d'allusions subtiles avaient été faites sur la situation financière de l'homme ?

     " Je pensais que vous préfériez les choses sucrées plutôt qu'amères ?
     Je préfère aussi ... la prudence de la frugalité."

     "Je n'aime pas la philanthropie."

     " Il ne mange presque jamais rien. Un grand homme comme ça... On pourrait penser qu'il a un appétit à la hauteur."


     Les yeux de Valjean allaient et venaient, il fronçait désespérément les sourcils.

     " Ceci aurait dû être examiné par un médecin.
     Les docteurs coûtent cher.
     Vous avez fait venir un médecin pour moi.
     C'était différent.
     Comment ?"

     " Pourquoi payer pour quelque chose que je peux réparer moi-même ?
      Ce n'est pas le genre de chose dont on doit être avare, Javert.
      Je suis habitué ."

     " Vous souffrez surement beaucoup de cela, et pourtant vous ne prenez rien pour soulager la douleur.
     Et alors ?
     Alors, pourquoi ? Pourquoi vous torturer ?
     Je n'en ai pas besoin, voilà pourquoi. C'est une dépense inutile ."

     Peut-être était-ce simplement de l'entêtement, ou une frugalité prudente, mais il était possible que Javert n'ait même pas les fonds nécessaires pour se nourrir, ou se soigner, au-delà de ce qui était strictement nécessaire à sa propre survie.

     Valjean savait que l'homme n'avait pas beaucoup d'argent. Depuis combien de temps le savait-il, il ne pouvait pas le dire. Mais les salaires des policiers n'étaient pas très élevés, même dans des villes comme celle-ci. En outre, l'homme n'avait ni famille ni amis, il ne pouvait compter que sur lui-même.

     Bien sûr, Javert était fier. Pourquoi ne le serait-il pas ? Être capable de subvenir à ses besoins, pleinement et véritablement, est quelque chose dont tout le monde devrait être fier. Et il n'était pas difficile de comprendre pourquoi il refusait toute aide, malgré tous ses discours sur le "respect de soi", la "dignité" et les "dettes". Il n'était pas difficile de comprendre pourquoi il préférait se débrouiller avec ce qu'il pouvait gagner par des moyens honnêtes plutôt que d'accepter l'aide d'autrui.

     Si l'homme l'avait permis, s'il avait été soulagé par cette aide, Valjean lui aurait donné des milliers. Mais Javert abhorrait toute charité, toute pitié.

     Et pourtant ! Comment Javert ne pouvait-il pas en vouloir à un homme qui avait une fortune, et qui n'en dépensait rien, la thésaurisant toute sa vie ? Qui avait la possibilité de vivre une vie de luxe, mais dont l'humilité ne le permettait pas ?

     Avoir des richesses incompréhensibles et les offrir à quelqu'un qui n'en avait pas besoin et qui n'avait jamais su qu'elles existaient ? Alors qu'il y avait tant d'autres personnes qui étaient vraiment dans le besoin ? Bien sûr, l'homme était déçu de lui.

A Reflection Of Starlight (Traduction FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant