Ils ne pourraient plus jamais me menacer.
J'étais reine, le sang de Lilith coulait en moi et je devenais finalement l'égale de Lucifer, si bien que plus personne n'oserait plus se moquer de moi et tenter de me faire rebrousser chemin. C'était chez moi maintenant.
Le pouvoir avait un goût délicieux. Il grisait mon esprit , mes sens et me laissait abaisser les épaisses ronces que j'avais dressées entre moi et le monde extérieur. Je n'avais pas repoussé Lucifer parce que j'avais compris que la guerre était enfin terminée entre nous. C'était l'heure de la paix. Il acceptait sa défaite, je savourais ma victoire et notre relation était vouée à devenir plus qu'un rapport de haine. Ses doigts avaient été brûlants dans ma main et son souffle s'était échoué dans mes oreilles comme la plus douce des mélodies.
Maintenant que j'étais reine, la colère s'éteignait au profit de cette attirance que j'avais reniée trop longtemps pour y être insensible. Son sourire était trop tentant, ses yeux trop profonds et sa beauté si irréelle pour que j'ai, ne serait-ce qu'une seule chance, de résister. Sur le plan de cette bataille-là, il avait gagné haut la main et j'étais presque heureuse de savourer ma défaite.
Je n'avais plus vraiment envie de le briser parce que je commençais enfin à comprendre que le briser revenait à briser quelque chose en moi aussi et tout était déjà un peu trop brisé en moi pour que je m'amuse à me détruire un peu plus.
— Rentrons à la maison, mon ange.
Je n'avais pas répliqué, n'avait pas lancé la moindre pique cinglante et je l'avais docilement suivi jusqu'à ce petit coin de ténèbres que nous appelions notre maison. J'avais consenti à devenir son ange si c'était la contrepartie à payer pour pouvoir continuer de le défier jusqu'à la nuit des temps. J'avais gravi les marches pour m'asseoir sur le trône mais au final, j'étais prête à retomber pour lui.
C'était plus simple de l'accepter que de m'enfermer dans un déni où je masquais ce désir sous de grands airs de vengeance. J'étais incapable de me venger de toutes ses pathétiques tentatives de m'effrayer, je ne pouvais pas lui en vouloir pour mes cauchemars ou mes yeux qui s'éclaircissaient car il devenait peu à peu l'antidote et que le poison, ça avait toujours été moi.
Il passa devant moi pour m'ouvrir la porte du loft et je pus me rassasier de la vue des muscles de son dos sous sa chemise quand il tira la porte vers nous. Par-dessus son épaule, il me lança un petit coup d'œil et je détournai la tête, prise sur le fait, comme une adolescente amourachée.
J'avais besoin de m'enfermer dans ma chambre et de penser à autre chose qu'à lui. La régence grisait mon cerveau et me faisait perdre la tête. Je devais m'éloigner de Lucifer pour ne pas lui donner plus de pouvoir qu'il n'en avait déjà mais le quitter m'apparaissait bien plus difficile maintenant que j'avais accepté ce que je ressentais.
À peine entrée dans le salon, je me précipitai vers le petit escalier, fuyarde en quête de calme pour faire baisser la température de ses joues. Sa main rattrapa mon poignet et me retint fermement sans que j'accepte pour autant de me tourner vers lui.
— Gabrielle ?
Mon nom dans sa bouche avait le goût de l'interdit et des promesses de plaisirs inassouvis. Je voulais plus sans savoir d'où me venait de tels élans. Mon couronnement avait délié mes peurs et ma rage, libérant ce qui se cachait sous la surface. Je prenais conscience de mes envies en même temps que lui et sa poigne qui m'enflammait la peau.
Son autre main attrapa mon visage sans que j'aie le temps de me soustraire. Il fit pivoter mon visage vers lui et nos yeux se croisèrent à nouveau. Pour la première fois, je le laissai lire au fond de mon âme. Je m'étais battue, j'avais gagné et en guise de trophée, je voulais simplement qu'il ressente ce que moi je ressentais.
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LE PÉCHÉ INFERNAL | Romance
RomanceIls étaient anges de lumière avant de devenir réceptacles de l'abysse. Pourtant, quand deux âmes sont déjà trop brisées pour vivre, il est impossible de réparer toutes les blessures, d'éclipser les ténèbres et de faire taire le chaos du cœur. Gabrie...