34 | LUCIFER

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— Oui mais si tu persistes à te taire, je ne répondrai plus de rien.

Il n'y avait aucune appréhension dans son regard et l'absence de larmes avait anéanti le peu d'espoir qui m'avait maintenu en vie toute la nuit. Je m'étais raccroché à l'idée qu'il y avait méprise, que ce n'était qu'une erreur mais en assistant à sa torture, en la conduisant dans cette foutue Chambre, on m'empêchait de me voiler la face plus longtemps.

Je voyais à la manière dont ses prunelles se posaient sur moi qu'elle avait un secret qui allait détruire tout ce qu'on aurait pu avoir ensemble. Je ne la reconnaissais plus et ça me bouffait de l'intérieur de me dire qu'au final, je ne l'avais peut-être jamais connue.

Elle était insaisissable et moi je m'étais trop borné à vouloir la posséder pour n'avoir ne serait-ce qu'une chance de réussir.

— Nous y voilà donc, commença-t-elle.

Il n'y avait plus rien dans ses prunelles et son sourire devint aussi froid que mon sang quand elle fit quelques pas dans ma direction pour qu'aucun de nous ne soit plus tenté de fuir. Je n'avais d'yeux que pour ses lèvres faite pour mentir, faite pour offrir la victoire à mon putain de Père.

Son collier battait contre sa gorge à chacun de ses souffles et elle surprit mon regard tandis que je faisais de mon mieux pour réfréner la rage que j'éprouvais à cet instant. Ces deux nuits en dehors du temps avaient été trop belles pour que je puisse croire qu'elles étaient sincères. Elle allait prendre les morceaux de mon cœur et les piétiner si fort que je n'étais pas sûr de pouvoir encore me relever après.

— Il est temps que tu dévoiles tes secrets, renchéris-je. Faisons tomber les masques une bonne fois pour toute.

Elle hocha la tête sans empressement et détourna le menton quand j'essayai d'attraper ses joues entre mes mains. Je laissai retomber mon bras contre mon corps et acceptai de la laisser loin de moi dans cette confrontation où nous allions tous les deux périr.

— Dormais-tu hier ?

Il fallait que je sache si j'étais responsable de l'apparition de la Chambre à son nom et il était vital que je comprenne pourquoi c'était moi, l'ombre cruelle qui hantait sa torture. Je voulais qu'elle me voit comme un homme mais son esprit ne semblait vouloir me considérer que comme un monstre trop sanglant pour être bon.

— Non. J'ai entendu ce que tu as dit.

Sa voix fut sans appel et son ton sifflant laissa sous-entendre qu'elle avait déjà revêtue son armure pour le combat qui allait commencer. Moi, j'avais naïvement cru qu'elle était prête aux mêmes sacrifices que moi et que, pour me voir sourire, elle aurait accepté dans la seconde de me montrer qui elle était vraiment.

Il n'y avait aucune pitié dans son rictus impassible.

— Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

Elle releva ses cils vers moi et me laissa me perdre dans la splendeur de ses yeux devenus verts.

— Parce que j'avais peur.

— Mais encore ?

Je voyais à son regard fuyant qu'elle continuait de me cacher le fond de ses pensées. J'allais la tuer si elle ne se décidait pas à parler et sans doute qu'elle le savait car elle finit par me livrer la vérité nue, sans artifice, pure.

— Parce que je voulais te retenir encore un peu près de moi.

Je n'avais pas assez d'alcool dans le sang pour réussir à calmer ma respiration qui s'emballa et aucune clope sous la main pour ralentir la vague de chaleur qui me submergea comme un raz-de-marée. Elle me fixa, vide de toutes émotions, alors que je me consumais littéralement à ses pieds.

LE PÉCHÉ INFERNAL | RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant