Safe Place

10- Une dose d'essai.

10- Une dose d'essai.

Point de vue omniscient, 17 septembre, 14h48.

La semaine est passée doucement. La bande d'amis d'Elias est cette fois réunie chez Adrien, et contre toute attente, Ariel a finit par accepter de rester avec eux pour l'après-midi.

Durant la semaine, Elias et Ariel ont un peu appris à se connaître, le plus jeune essayant à chaque fois de rassurer son aîné sur ses intentions qui ne sont absolument pas mauvaises.

Du côté d'Octave et de sa copine, il n'y a pas eu d'avancée, mais le garçon tente de relativiser, il sait que de toute façon il sera très bien entouré et soutenu par ses amis.

Et pour finir, ce qui se passe entre Gabin et Adrien ne change pas vraiment de ce qui s'est passé le week-end précédent. Ils sont proches, bien plus que les autres années de leur amitié, mais aucun d'eux n'arrive à s'avouer à lui-même ce qu'il ressent pour l'autre.

Dans la chambre d'Adrien, tous installés sur le canapé et le lit dans la chambre de ce dernier, ils regardent un film. Ariel est assis à côté d'Elias, encore stressé par le fait d'être chez quelqu'un d'autre, et en présence d'eux. Les autres se connaissent tous depuis des années, le châtain a l'impression de faire tâche à côté d'eux. A vrai dire, il ne comprend pas pourquoi ils ont tous insisté, tout au long de la semaine, pour qu'il vienne.

Elias, lui, est vraiment content de la présence du plus âgé, même si son stress palpable l'inquiète un peu. Il a peur que ses amis et lui-même aient tellement insisté qu'Ariel se soit senti obligé de venir, et il s'en veut un peu pour ça, il ne veut réellement pas le mettre dans des situations qui le mettraient mal.

Il sent qu'Ariel est crispé à côté de lui. Alors, il relève la tête pour vérifier que ses amis sont bien préoccupés par le film, et voyant que c'est le cas, il se penche vers le châtain.

— Tu vas bien ? On peut sortir un peu si ça va pas, ils comprendront.

Le regard d'Ariel croise celui du brun qui constate que, effectivement, le plus âgé est stressé.

— Tu leur a dit ? demande-t-il à voix basse.

— Non. Tu m'as fait confiance pour me le dire, je ne vais pas aller leur en parler même si ce sont mes meilleurs amis, le rassure le brun, toujours à voix basse.

Un poids quitte la poitrine d'Ariel, Elias est vraiment en train de lui prouver qu'il peut avoir confiance en lui. Et c'est ce qu'il veut, que le plus âgé arrive à lui faire confiance, il veut pouvoir l'aider avec son anxiété.

Dans le film, un personnage se fait tirer dessus par une arme à feu et s'écroule. Du sang s'étale sur le sol.

Gabin se précipite vers Adrien pour lui cacher les yeux à l'aide de ses mains, sachant que le bouclé déteste vraiment beaucoup le sang. Les yeux écarquillés derrière les paumes du bleuté, Adrien retient presque son souffle en réalisant leur soudaine proximité : en effet, pour cacher la vue de son ami, Gabin entoure littéralement son corps avec ses bras, assis derrière lui, le torse collé à son dos.

Il a l'impression de bouillir, il se rend compte qu'il ne ressent pas juste de la jalousie mais que le sentiment qui l'habite est bien plus fort que ça.

La scène montrant du sang se termine, Gabin retire ses mains. Et il réalise que tous les autres ont le regard tourné vers Adrien et lui. Il rougit faiblement et recule un peu.

Ariel commence peu à peu à comprendre la dynamique et les choses cachées du groupe, ce groupe qui lui a été présenté par deux duos de meilleurs amis qui se sont rejoints : Octave et Elias, Gabin et Adrien.

Le film se termine, Adrien coupe la télévision. Il est à présent 16h, et quasiment tous commencent à avoir faim. Tous, sauf Ariel.

Adrien et Gabin descendent à la cuisine pour ramener des gâteaux, et Elias en profite pour s'éloigner un peu d'Ariel pour aller juger de l'état de son meilleur ami. Ce dernier le rassure, et pour lui prouver qu'il va bien, il plonge son regard dans celui du brun. Rassuré, il sourit.

Le bouclé et le bleuté reviennent, munis chacun d'un plateau. Celui de Gabin comporte plusieurs bouteilles de sodas, ainsi que des verres, et celui d'Adrien des gâteaux et biscuits en tout genre.

Ils posent leurs plateaux sur la table placée entre la télévision et le canapé, le lit est un peu plus loin derrière.

— Tu veux manger et boire quoi Ariel ? Sers toi, te gênes pas, déclare Gabin en souriant.

Le châtain refuse d'un signe de tête en s'enfonçant un peu dans le dossier du canapé. Il semble à présent inquiet, alors qu'il allait bien il y a quelques secondes, et les autres ne comprennent pas ce brusque changement.

Elias revient à côté de lui, l'isolant un peu du reste de la bande. Il se rappelle avoir déjà vu Ariel avoir des difficultés à manger, à la cantine, et il commence à se poser des questions à propos de ça.

Mais pour l'instant, il estime plus urgent d'essayer d'aider Ariel sans trop attirer l'attention des autres, même si c'est un peu tard. Connaissant bien ses amis, il sait qu'ils ne poseront pas de questions, en tout cas pas en présence du châtain.

— Viens Ariel, on va sortir un peu, dit-il doucement pour essayer de rassurer son nouvel ami. Puis, plus fort, il s'exclame à l'intention d'Adrien : Je t'emprunte ta salle de bains !

Ses doigts s'enroulent autour du poignet d'Ariel et il l'entraîne dans la salle de bains.

Du côté des autres, ils se posent évidemment des questions qu'ils poseront peut-être à Elias lorsque Ariel ne sera pas là. Ils décident de commencer à manger, réunis autour de la petite table, en attendant que les deux autres reviennent.

Dans la salle de bains, le plus jeune aide Ariel à s'asseoir contre un mur, il s'assoit juste en face.

— Tu veux me parler ? Est-ce que c'est la nourriture qui te stresse ?

— Non, pas là...je sais pas pourquoi je me suis mis à stresser d'un coup...désolé d'ailleurs, s'excuse-t-il, inquiet d'avoir gâché l'après-midi de son nouvel ami.

Son stress recommence, ses pensées intrusives ne le lâchent plus, lui soufflant qu'Elias va le détester, lui en vouloir de stresser. Ses yeux fixent le carrelage blanc, il n'ose plus le regarder.

— C'est pas grave, on peut rester là le temps que ça aille mieux si tu veux, et si t'as besoin de parler, je suis là. Je peux aussi m'en aller si tu préfères, mais en tout cas saches que tu n'as pas à t'en vouloir, je ne vais pas t'en vouloir pour ça.

— Reste, s'il te plaît.

De nouveau du côté des trois autres, il se passe quelque chose. Liza vient d'envoyer un message à Octave, et c'est le gros bazar, il n'ose pas ouvrir le message.

Gabin lui conseille de la laisser en vue quelques heures, car Octave lui avait envoyé des messages restés sans réponse.

Adrien, lui, lui suggère de regarder le message avant de décider quoi-que-ce-soit.

— Je vais attendre l'avis d'Elias, finit par décider le concerné.

C'est à ce moment que les deux absents reviennent. Gabin, sans bouger pour ne pas brusquer Ariel, demande doucement :

— Tout va bien ? J'espère qu'on ne t'as pas mis mal à l'aise, on a tendance à être assez agités lorsqu'on est entre nous. En tout cas, si on a fait quelque chose de mal, j'en suis désolé.

— Je m'excuse aussi si j'ai fait quelque chose de mal, ajoute Adrien.

Octave hoche la tête et s'excuse à son tour.