34- Une dose de "Je t'aime".
Ariel, 16 octobre, 10h40.
Une notification retentit près de nous, Elias se détache un peu de moi pour prendre son téléphone. Son visage s'éclaire au fur et à mesure qu'il lit le message, puis il relève la tête vers moi en souriant.
— Ma mère demande si tu veux venir manger à la maison ? On pourrait regarder un film après, et je te ramènerai chez toi ce soir.
— Ça ne la dérange pas ?
— Mais non, puisqu'elle le propose, et puis moi j'ai très envie que tu viennes.
Il paraît un peu déçu, ce que je comprends totalement. Je sais que ça doit être fatiguant que je pose encore et encore les mêmes questions, surtout qu'au fond de moi je connaissais déjà la réponse.
— Pardon, je veux bien venir alors, je veux passer l'après-midi avec toi, me dépêché-je de dire.
Son visage s'illumine à nouveau, il se penche pour embrasser le bout de mon nez.
— Parfait. Tu viens, on risque de louper le bus si on se dépêche pas.
Nous marchons rapidement jusqu'à l'arrêt de bus. Une fois arrêtés pour attendre le véhicule, Elias sort son téléphone et ses écouteurs de sa poche, il met l'un de ses écouteurs et place le deuxième dans mon oreille. Il me passe ensuite son téléphone.
— Choisis ce que tu veux mettre, sourit-il.
Je fais défiler sa playlist jusqu'à trouver une musique que j'aime bien. J'ai très envie de mettre I wanna be yours comme hier. Je tourne le téléphone vers lui.
— Je peux remettre celle-la ?
— Pourquoi tu ne pourrais pas ? Mets-la, je l'aime bien.
Je clique sur la musique pour la mettre en route.
Le bus arrive quelques secondes plus tard, nous montons et par chance, il est encore presque vide, il reste deux places assises côte à côte. Elias me laisse m'asseoir côté fenêtre, il s'assoit à côté de moi et lie discrètement nos mains.
— Dis, ta mère elle est au courant ?
Elias fronce un peu les sourcils, je crois qu'il ne voit pas de quoi je parle. Je désigne alors nos mains liées et son visage s'éclaire.
— Oh, euh...elle sait que j'ai des sentiments pour toi en tout cas, après je ne lui ai pas dis car je voulais attendre de savoir ce que tu préfères, si tu préfères attendre pour en parler tu vois, mais je pense honnêtement qu'elle va le deviner assez vite.
— Oh...
— Mais ne t'inquiètes pas, elle dira rien, et si elle a des questions elle m'en parlera quand tu seras pas là, me rassure-t-il immédiatement.
J'ai envie de l'embrasser, touché par toute la considération et la patience dont il fait preuve juste pour moi. Mais je suppose que je vais devoir attendre qu'on soit seuls.
Le bus s'arrête à l'arrêt de bus près de chez lui. Nous sortons du véhicule, il lâche ma main et nous allons chez lui.
— Elles sont parties se promener avec Ina, tu veux qu'on aille dans le salon ou tu préfères ma chambre ?
— Ta chambre, dis-je sans hésiter.
Je me sens à l'aise dans sa chambre. Les autres pièces aussi, mais beaucoup moins, je préfère sa chambre.
Sa main se glisse à nouveau dans la mienne, je me laisse entraîner à l'étage.
Il s'installe sur son lit et m'attire doucement dans ses bras. Ses lèvres se posent sur ma tempe, sur ma joue, sur mon menton, sur mon front, puis enfin sur mes lèvres.
Je lui rends immédiatement le baiser, j'ai envie de l'embrasser depuis qu'on est sortis du cabinet de la psychologue. Je l'ai embrassé au moment-là, mais rapidement.
— T'es tellement attirant Ariel...chuchote-t-il quand il met fin au baiser.
Je sens mes joues chauffer.
L'heure du repas arrive rapidement, nous descendons à la cuisine. J'ai juste le temps de bafouiller un "bonjour" trop timide que la belle-mère d'Elias nous invite à nous asseoir. Ina est déjà assise à l'autre bout de la table.
Elias s'assoit à côté de moi, il rapproche discrètement sa chaise de la mienne.
Je l'aime tellement, c'est pas possible d'aimer quelqu'un à ce point, si ? Il faut que je lui dise. Car quand il m'a dit qu'il était en train de tomber amoureux de moi, je lui ai répondu la même chose. Mais c'est faux, je suis déjà amoureux de lui.
Et dire que ça s'est passé il y a seulement deux jours...
J'ai l'impression que ça fait déjà plusieurs semaines, mais ça ne fait que deux jours.
Après le repas, nous remontons dans sa chambre. Sur le lit, Elias s'allonge sur le dos et m'attire sur lui. Je me retrouve littéralement allongé sur lui, serré dans ses bras. Je profite du fait qu'il ne puisse pas voir mon visage pour prendre tout le courage que j'ai et lui chuchoter :
— Je t'aime.
Sa main se glisse dans mes cheveux, je ferme les yeux, inquiet parce qu'il ne répond pas.
Comme il ne répond vraiment pas, je commence à vraiment flipper et je tente de me redresser. Il me laisse faire et je me mords la lèvre. Je n'aurais pas dû lui dire.
— Pardon, réussis-je à articuler, la gorge nouée.
Je n'aurais pas dû lui dire, je n'aurais pas dû lui dire, je n'aurais pas dû lui dire...
Je n'ose même plus le regarder.
Il se redresse soudain, glisse sa main derrière ma nuque et plaque ses lèvres contre les miennes. Je laisse échapper un hoquet de surprise. Il se détache presque immédiatement de moi, le souffle court.
— Je t'aime tellement, balbutie-t-il. Pardon de t'avoir fait peur. J'ai...j'ai du mal à réaliser je crois ? Je suis tellement désolé que t'ai pu croire que c'était pas réciproque, pardon.
Je cligne des yeux, surpris de le voir presque bégayer sous la précipitation. D'habitude, c'est moi qui bégaye le plus.
Je me penche vers lui et l'embrasse à pleine bouche, sous l'impulsion. S'il est surpris, il ne le montre pas et me rend immédiatement le baiser, enroulant ses bras autour de ma taille. Je ferme les yeux et me blottis contre lui.
Lorsqu'il met fin au baiser, son visage se niche contre mon cou.
— Tu passes ton temps à penser que je suis vraiment patient de rester avec toi malgré ton anxiété, mais tu supportes mes erreurs sans broncher depuis la rentrée.
— Quelles erreurs ?
— J'en fais plein, je suis quand même maladroit la plupart du temps mon chat.
— J'ai pas remarqué, dis-je avec honnêteté.
— Parce que tu es trop gentil, trop adorable, trop parfait...mais je t'assure que quand tu ne fais pas attention je doute beaucoup, j'ai peur de faire quelque chose qui augmenterait ton anxiété. C'est pour ça que j'ai cherché sur Google comment t'aider, que je me suis renseigné.
— J'avais pas remarqué que tu faisais autant d'efforts pour moi, avoué-je.
VOUS LISEZ
Safe Place
SonstigesGoogle dit que l'anxiété est un "État de trouble psychique causé par la crainte d'un danger". Mais pour ceux qui vivent l'anxiété au quotidien, cette petite phrase signifie tellement plus, tellement d'angoisses, tellement de peurs. Tellement d'inqu...