26- Une dose de douceur.

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26- Une dose de douceur.

Elias, 10 octobre, 6h55.

Ariel caresse mes cheveux avec douceur alors que je renifle, essayant de calmer les sanglots qui me secouent encore. Lui a arrêté de pleurer assez rapidement, mais moi je n'y arrive pas. Je pleure presque autant que le jour où j'ai tout avoué à ma mère, à l'hôpital. Tout ce que j'ai accumulé depuis maintenant plus de dix ans s'écoule maintenant à travers mes larmes, car je ne l'avais encore jamais raconté par moi-même. Octave est au courant, dans les grandes lignes, car j'avais demandé à ma mère de lui raconter.

Je peux...rester chez toi aujourd'hui ? J'ai pas envie d'être seul...je veux rester avec toi.

On pourra commander à manger, si tu veux, acquiesce-t-il.

Un hoquet de surprise s'échappe de mes lèvres et stoppe mes sanglots lorsqu'Ariel dépose un baiser sur le haut de mon crâne.

D-désolé, s'excuse-t-il immédiatement. Hier, je savais pas quoi te répondre mais je voulais pas que tu croies que je m'en foutais de ce que tu disais...Et là, j'ai vraiment envie de t'aider mais encore une fois j'arrive pas à trouver les bons mots comme toi tu le fais...Je me suis dit que ça pourrait t'aider...

Putain mon chat...

Il a réussi à me faire penser à totalement autre chose, mes sanglots se sont arrêtés.

Merci, vraiment...chuchoté-je contre son épaule.

Mais arrête, c'est juste normal.

***

10 octobre, 11h30.

Tu veux manger quoi du coup ? demande Ariel, allongé à côté de moi.

Euh pizza ? Ou comme tu veux, peu importe en vrai, je mange presque de tout. Choisis ce que tu préfères.

Je commence à avoir sérieusement envie de l'embrasser, son baiser sur ma joue puis sur le haut de mon crâne n'ont fait qu'augmenter mon attirance pour lui. Je peux l'affirmer maintenant, j'ai un gros crush sur lui. En ce moment, chaque chose qu'il fait le rend encore plus adorable à mes yeux. Je sais que je suis attiré uniquement par les garçons, je suis gay à 100%, mais ça faisait longtemps que je n'avais été attiré par quelqu'un.

A vrai dire, la seule relation amoureuse que j'ai eu dans ma vie, c'était en maternelle, je clamais haut et fort que ce garçon dans ma classe était mon amoureux. Mon père avait détesté et m'avait engueulé, mais ma mère m'avait soutenu en cachette, dans son dos.

Pizza, ça me va.

Tu veux que je commande ou ça ira ? demandé-je.

Fais-le, s'il te plaît.

Tout ce que tu voudras, mon chat. Mais arrête de sourire comme ça, t'es beaucoup trop adorable, je suis en train de fondre.

Après avoir commandé les pizzas, je me rallonge dans le lit, à côté de lui et commence à jouer distraitement avec ses doigts en attendant le livreur.

On ne peut pas être juste amis, il y a forcément autre chose, j'en suis persuadé. Je ne peux pas être le seul à ressentir ce qui se passe, cette tension si douce qu'elle me fait défaillir.

T'es piqué mon vieux.

Tu pourras aller ouvrir au livreur ? marmonne Ariel en laissant tomber sa tête contre mon épaule.

Oui, pas de soucis, j'irai ouvrir, le rassuré-je.

J'ai envie de l'embrasser, de lui montrer à quel point il m'attire, de lui montrer à quel point mes sentiments vont évoluer vite. Je ferme les yeux, gardant ses mains dans les miennes. Il faut que je parle à Octave de ce qui se passe, il faut que je sache si je m'imagine des trucs, et il faut que je mette à plat tout ce que je ressens. J'ai besoin de mettre ça au clair.

La sonnette retentit, Ariel se redresse immédiatement et me donne l'argent pour le livreur. On s'est mis d'accord pour payer chacun notre pizza, tout à l'heure, car on voulait tous les deux payer l'entièreté du repas. Je pars ouvrir, puis retrouve le châtain dans la cuisine.

On a pris la même je crois ?

Oui c'est ça, réponds-je en posant les cartons sur la table.

Je suis content que tu sois là.

Je relève brusquement la tête, ignorant mes joues qui me chauffent doucement, mais Ariel s'est déjà tourné vers un meuble pour sortir des verres.

***

10 octobre, 17h06.

Les yeux fermés, je laisse ma tête basculer en arrière contre le mur.

Je crush sur Ariel, annoncé-je sans plus de cérémonie.

Ouais, je m'en doutais, ça se voit quand même si on te connait bien...mais c'est pas un problème, si ?

Ça évolue super vite, je sais pas trop quoi en penser. J'ai envie de l'embrasser, c'est un truc de fou.

Octave pose une main réconfortante sur mon épaule, je rouvre les yeux pour le regarder.

Il s'est passé quelque chose, pour que tu débarques chez moi deux minutes à peine après que je sois rentré ? demande doucement mon meilleur ami.

Hier soir, il m'a embrassé. Sur la joue. Et aujourd'hui, juste là, dis-je en posant mon doigt sur le haut de mon crâne.

Tu sais, au début, j'ai cru que t'allais me remplacer par Ariel...puis j'ai compris qu'il te plaisait, et je m'en suis voulu de fou mec.

Désolé...je vais pas te remplacer, je suis vraiment désolé.

Attends j'ai pas fini, c'était pas un reproche. Toi aussi t'as le droit de tomber amoureux et de découvrir tout ça. Tu m'as supporté moi et mes chagrins d'amour depuis le collège, t'as aussi supporté Gabin et Adrien, mais t'es le seul à n'avoir jamais connu tout ça. Penses à toi pour une fois, pas à nous. Profites et tombe amoureux mon pote, tu le mérites. En plus, je suis quasiment sûr que tu lui plais aussi.

T'es le meilleur ami du monde, souris-je comme un enfant.

Nooon, pas les câlins, tu vas encore m'étouffer...! Aaaah à l'aide Elias veut me faire un câlin, beurk...rit-il en se laissant malgré tout entraîner dans mon étreinte.

Je le relâche assez rapidement, rassuré. Ça m'a fait du bien de parler de tout ce que je ressens, et de passer du temps avec mon meilleur ami.

Donc, bonne chance avec Ariel, tu me raconteras de toute façon.

J'ai failli l'appeler "mon chat" tout à l'heure, mais je me suis dégonflé, j'ai eu peur de le faire flipper.

Mon petit Elias grandit, que c'est mignon...

Je ris doucement puis change de sujet :

Tu viens dormir chez moi ? On a une série à finir.

Ça marche. 

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