4- Une dose de sensations.

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4- Une dose de sensations.

Ariel, 5 septembre, 7h55.

Le week-end est passé bien trop rapidement, on est déjà lundi matin, et je suis de plus en plus stressé. C'est seulement le troisième jour de cours, mais je sais déjà que deux profs me mettent très mal à l'aise et que ma classe est vraiment détestable.

Comme aujourd'hui, ma classe n'a cours qu'à partir de 11h, je ne vois personne de me classe, à mon plus grand soulagement. Je vais peut-être être tranquille pendant trois heures. Je marche tranquillement dans le couloir, à la recherche d'un coin vide sans passages. J'ai vraiment besoin d'être seul, de me préparer mentalement à passer la journée avec ma classe.

Je trouve enfin un coin près d'une porte menant à l'extérieur, à côté d'un petit radiateur. Je pose mon sac sur le sol et m'assois contre le mur, avant de relever la tête et de lancer :

Je vais finir par croire que tu me suis.

Elias s'immobilise, puis s'approche un peu de moi. Arrêtant de le regarder, je sors mon ordinateur portable de mon sac et le place sur mes genoux.

Je peux te parler ? me demande le brun en s'asseyant finalement en face de moi.

Ma pseudo-assurance envolée, je le regarde sans comprendre.

Euh...oui, si tu veux...

Génial, je bégaye presque maintenant. Je reporte mon regard sur mon ordinateur, de plus en plus nerveux, sentant le regard du brun sur ma personne. Je commence à avoir chaud à cause du stress qui monte en moi.

Est-ce-que tu vas bien ?

C'est ça, sa question ? Il me cherche dans le couloir pour me demander comment je vais, alors que ça se voit très bien que je suis mal à chaque cours, que je tremble et que je m'isole dès que je peux.

Je relève la tête pour le regarder, un peu perdu. C'est vraiment la question qu'il veut me poser ?

Tout va bien.

Elias me dévisage, mais je ne n'arrive pas à deviner à quoi il pense. Par contre, lorsque nos regards se croisent, je ressens la même impression que dans le bus, le jour de la rentrée. J'ai l'impression d'être transpercé par son regard, je n'arrive pas à détourner les yeux. Exactement comme le jour de la rentrée.

Il cligne des yeux, la sensation disparaît. Je cligne des yeux aussi, encore un peu secoué par l'étrange sensation de...de quoi d'ailleurs ? Je ne sais pas comment expliquer ce que je viens de ressentir.

Cette sensation n'était pas si désagréable que ça, au final. Juste vraiment bizarre.

En tout cas...si t'as du mal en maths, je peux t'aider.

Je me retiens de dire que j'ai du mal dans à peu près toutes les matières et me contente de hocher doucement la tête.

***

5 septembre, 11h00.

Cours de français avec Dubois. Je vais m'asseoir à ma place au fond de la salle, où Elias se trouve déjà, debout à côté de sa chaise. Ce matin, après notre petite discussion, il est parti je ne sais où, et je ne l'ai pas revu de la matinée.

Les élèves entrent peu à peu, le prof patiente à son bureau, commence déjà à soupirer que "la classe est lente".

Asseyez-vous, je vais faire l'appel...grince-t-il une fois les élèves dans la salle.

Il commence à lister les noms, prononce mal le prénom d'Elias qui soupire doucement à côté de moi, et se moque pour la deuxième fois de mon prénom. Je plisse les paupières, j'aimerai avoir le courage de dire quelque chose.

Le cours commence directement après, j'ai l'impression d'être au collège tant le cours est simple. On travaille sur les verbes au présent. Au moins, je suis sûr de comprendre le cours là...

Ariel, conjugue moi le verbe "ridiculiser" au présent.

Je lève la tête. Toute la classe est à présent tournée vers moi, me fixant et attendant que je parle. J'entrouvre légèrement la bouche, jouant nerveusement avec mes doigts. Je sens mes ongles rentrer dans ma paume, je sens les regards des autres sur moi, je sens ma jambe qui tressaute et tremble, je sens mon estomac se nouer, je sens le regard du prof qui attend que je parle.

J'ai la tête qui tourne, pourquoi est-ce qu'ils me regardent tous comme ça ?

Je prends la plus grande inspiration de ma vie et récite les verbes le plus vite possible, essayant de ne pas bégayer. Enfin, les autres se retournent vers le tableau, le prof me laisse tranquille. Je souffle discrètement et baisse les yeux vers mes mains qui tremblent sous la table.

Ça va aller ? Tu veux aller dans le couloir ? chuchote doucement Elias.

Je refuse immédiatement, craignant d'attirer l'attention sur moi si je sors de la salle. Ils vont tous me regarder sortir, je suis sûr qu'ils vont se moquer de moi...Et je ne veux vraiment pas qu'ils me regardent tous partir.

Je peux dire que je veux aller à l'infirmerie si tu préfères, tu demandes juste à m'accompagner.

Pourquoi tu ferais ça pour moi ?

Il se contente de me sourire doucement et de lever la main. Au bout de quelques minutes qui me paraissent de plus en plus longues, le prof le remarque enfin.

Monsieur, je ne me sens vraiment pas bien, est-ce que Ariel peut m'emmener à l'infirmerie ?

Le brun pose ses mains sur son ventre et grimace, faisant croire qu'il n'est vraiment pas bien. Dubois soupire, fixe Elias et moi tour à tour, puis finit par accepter. Nous attrapons nos sacs et sortons de la salle.

Je me sens immédiatement moins oppressé, une fois dans le couloir. Ma respiration est moins lourde, je tremble déjà moins.

Tu loupes un cours pour moi, fais-je remarquer. C'est pas bien.

Il pouffe doucement.

On passe à la vie sco' pour dire qu'on va à l'infirmerie et on va dans un coin tranquille ? propose-t-il.

J'accepte, de toute façon même si je n'étais pas d'accord je n'oserais pas refuser.

Nous descendons en vie scolaire, signalons que nous allons à l'infirmerie pour que notre absence ne soit pas notée, puis nous nous dirigeons vers l'endroit où je m'étais installé ce matin.

Je m'assois contre le radiateur, il s'installe en face de moi, les yeux baissés sur son téléphone.

Oh, je vois.

Je crois qu'il me laisse me calmer tranquillement, sans me gêner ou me parler, ce pour quoi je le remercie intérieurement. C'est quand même bizarre, tout le monde s'en fiche de moi depuis des années, personne ne me remarque, quand j'ai le courage d'aller au restaurant je dois presque crier pour être remarqué par un serveur ou une serveuse, aucune voiture ne s'arrête lorsque je veux passer au passage piétons, je suis celui qui se fait bousculer partout dans les foules.

Et là, il y a ce mec qui débarque, qui remarque mon existence, qui me transperce avec son regard et qui cherche à m'aider alors qu'on s'est vus pour la première fois il y a moins d'une semaine. 

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Coucouuuu 

C'est la première fois que je laisse une note en fin de chapitre sur ce livre haha :') 

Je sais pas si j'ai des lecteurs mais tant pis mdr

Je tiens à préciser que s'il y a des erreurs concernant la classe de terminal c'est plutôt normal, nt vu que je ne suis pas en terminale donc je sais pas trop, et puis c'est pas le plus intéressant dans l'histoire hehe

Ensuite pour l'angoisse d'Ariel, son stress et ce qu'il ressent, je m'inspire fortement de moi-même et de ma propre anxiété, et n'oubliez pas que chacun ressent l'anxiété un peu différemment ! 

Bref, en tout cas merci si il y en a qui lisent mon histoire haha 

Bisouss, prenez soin de vous <333

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