Le Pouvoir Solitaire, Tome 3

Chapitre 68 pdv Lucie

— Comment est-ce que tu fais pour couler ? s'horrifia Lucie pour la énième fois.

— Ce n'est pas ma faute, se lamenta Eloïse tremblotante.

— Mais de quoi as-tu peur ? tu as pieds ! On est dans une baignoire !

— Elle est très grande cette baignoire, se plaignit-t-elle.

Lucie allait finir par abandonner, il ne lui restait plus beaucoup de patience. Sa sœur était une cause perdue et même la salle de bain des préfets n'allait pas pouvoir lui venir en aide, pourtant elle s'obstinait.

— Ne compte pas sur moi pour te dorloter comme maman ! gronda Lucie. Ne pas savoir nager à ton âge est très grave ! Tu imagines le nombre de fois où tu aurais pu te noyer ? Ne serait-ce que lorsqu'on allait au cottage tous les étés...

— Je n'allais pas dans l'eau, réfuta-t-elle boudeuse.

— Et au Tournois ? répliqua-t-elle. Tu n'es pas allée dans l'eau au Tournois ? ça ne t'est pas venu à l'esprit de leur préciser que tu ne savais pas nager ? Tu n'as pas un minimum d'instinct de survie en toi ?

— Arrête de m'engueuler ! s'emporta Eloïse en la surprenant.

C'était un comportement qu'elle n'avait pas l'habitude de voir chez sa petite sœur. Toutefois, celle-ci redevint bien vite celle qu'elle était en fondant en larme.

— C'est facile pour toi ! sanglota-t-elle. Tu réussis toujours tout et tu n'as peur de rien !

Aussitôt, le cœur de Lucie fondit littéralement sur place. Pauvre petite Eloïse. D'une certaine façon, elle revoyait Aisline à travers elle. Quand celle-ci désespérait de ne pas savoir monter sur un balai alors que toute la famille était de vrais experts.

— Tu te trompes... confia-t-elle en adoucissant sa voix. Quand ma marque a commencé à picoter et que j'ai compris que tu étais en danger... J'ai eu très peur. Quand Harry a failli tomber de son balai lors du dernier match, j'ai eu très peur et..., elle prit un ton taquin, quand maman découvre notre dernière bêtise en date avec les jumeaux et que ses yeux lancent des éclairs, je peux t'assurer que je suis terrorisée ! s'amusa-t-elle en réussissant à lui arracher un minuscule sourire.

Lucie essuya les larmes de sa sœur d'un léger coup de main et la prit dans ses bras comme Lily l'aurait fait, comme elle l'avait fait mille fois pour Aissy.

— C'est normal d'avoir peur, c'est humain, excuse-moi d'avoir crié... mais c'est que j'ai eu vraiment très peur pour toi et je ne veux pas que ça se reproduise donc il faut que tu apprennes à nager...

— Je ne sais pas pourquoi je n'y arrive pas, lança-t-elle.

— Tout corps plongé dans un liquide subit une poussée verticale vers le haut égale au poids du volume de liquide déplacé.

— Tu veux bien traduire ? fit Eloïse en roulant des yeux.

— Tu flottes ! Tu ne peux que flotter, donc il n'y a absolument aucun danger. Surtout ici dans cette baignoire. Pas de strongulot, pas de calmar géant.

— Tu oublies mimi geignarde, s'amusa Eloïse.

— Mimi ne peut que t'attaquer avec des mots, prévint Lucie taquine.

— Les mots peuvent faire mal eux aussi, s'assombrit Eloïse.

Oh. Oh.

— Qu'est-ce qui se passe ? On t'embête à l'école ? s'enquit-elle immédiatement.

Pourquoi son intuition avait du mal à suivre quand il s'agissait d'Elo ? Pourquoi elle l'abandonnait à ce moment-là ? Elle aurait aimé lire dans les pensées de sa sœur mais elle avait promis de ne pas se servir de ses pouvoirs contre sa famille.