- Reborn -

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Subitement, le prisonnier ouvrit les yeux. Il se trouvait dans un grand cylindre en verre rempli d'un liquide translucide maintenant son corps en suspension. Il était incapable de bouger et sentait une douleur sourde dans tous ses membres.

L'endroit était sombre, baigné par un ronronnement constant de machines qui lui parvenait même au travers du liquide. Les pales d'un grand ventilateur brassaient l'air dans un mouvement lent et lancinant, apportant à chaque rotation un rai de lumière qui balayait la pièce.

Sous cet éclairage succinct, le prisonnier comprit qu'il se trouvait dans une sorte de laboratoire, rempli de cylindres comme le sien : larges, solides et verticaux, constitués d'une base et d'un sommet métalliques, avec la partie centrale en verre. Il lui était impossible de savoir si cette salle était grande et combien au juste il y avait de cylindres, mais à l'intérieur des plus proches, se trouvaient deux autres silhouettes, qui comme lui semblaient captives.

A la faveur d'un rai de lumière rotatif, le prisonnier distingua l'occupant de la prison de verre en face de lui. Il s'agissait d'une femme, qui flottait comme lui dans le liquide translucide. Son corps était musclé et puissant, aussi inquiétant que sensuel. Sa peau était recouverte par des segments d'armure dorée. Un cercle d'or et de rubis dissimulait le haut de sa poitrine, de larges bracelets lui enserraient les poignets. 

Dans une main, elle tenait un bâton en or, une sorte de croix ansée ; et dans la seconde un sceptre de bronze en forme de papyrus.

Quand un autre rai de lumière la balaya, le prisonnier découvrit que le visage de la femme n'était pas humain. C'était celui d'une lionne, dont les traits félins semblaient farouches et déterminés. Sa longue crinière noire ondulait doucement dans le liquide qui la maintenait en suspension. Elle n'était pas éveillée, et pourtant ses yeux rouges, grands ouverts, brillaient d'un instinct primitif.

Dans le troisième cylindre, à sa gauche, flottait une autre silhouette, tout aussi impressionnante. Elle était plus difficile à distinguer, dans la semi obscurité, depuis cet angle. Il semblait s'agir d'un homme imposant, à la peau métissée, couverte de tatouages complexes. Il portait une cape blanche en peau de jaguar. Il tenait un bâton orné de plumes dans une main tandis qu'un miroir en obsidienne dissimulait sa poitrine.

Son visage était caché par un masque en or, représentant un fauve aux crocs acérés, à l'intérieur duquel les perles noires de ses yeux brillaient de férocité.


Le prisonnier se demandait combien de temps il était resté ainsi, perdu dans un monde de sommeil et de souffrance larvée. Étonnamment, il ne paniquait pas. Quelque chose en lui était anesthésié. Mais il savait tout de même une chose : son réveil n'était pas normal. Son instinct lui soufflait que c'était une chance à saisir, qu'il devait absolument trouver un moyen de s'échapper avant qu'il soit trop tard.

En dépit de la léthargie de ses membres, il tenta de bouger. Ses efforts restèrent vains d'abord : son corps ne semblait pas obéir à sa volonté. Il se tendit, de toutes ses forces, sans parvenir à triompher de la barrière du liquide visqueux. Aucun son ne pouvait sortir de sa bouche, il ne semblait même pas respirer.

En dépit de son impuissance, le captif refusait pourtant de se laisser submerger par le désespoir. Alors, ses efforts portèrent leurs fruits : il fut soudainement libéré. Il sembla se détacher de l'endroit où il était, et dériva lentement vers la paroi de verre translucide.

Ses bras approchèrent de la paroi, sans qu'il puisse les distinguer car il était incapable de les bouger, pas plus que la tête. Il était comme un bloc inerte à la dérive. Mais un instant plus tard, il toucha le verre qui l'emprisonnait. Un son sourd se propagea dans le liquide à son contact.

Alors, brusquement, une alarme résonna dans le laboratoire. Des lueurs rouges tombèrent du ciel, et une puissante sonnerie retentit.

Le captif eut à peine le temps de comprendre, que le cylindre autour de lui parut entrer en ébullition. Des grappes de bulles remplirent instantanément la cuve, tandis que le liquide bouillonnant fut aspiré vers le bas. Dans une dernière tentative, le prisonnier tenta de se cramponner aux parois, mais cela lui était impossible.

Il sombra dans les profondeurs.



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