The plane

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Sahar et Nero reculèrent à distance du vestibule. Entre le chaos dû au combat et les turbulences provoquées par l'ouverture béante, ils avaient besoin de retrouver tant leur souffle que leurs esprits.

Ils avaient agi dans l'urgence, en réalisant à peine ce qu'ils faisaient. A présent, ils comprenaient que leur succès était une sorte de miracle. Ils n'étaient pas sûrs de pouvoir rééditer un tel exploit. Comme si l'adrénaline avait agi à leur place.

Mais le fait est qu'ils avaient réussi : leur gardien était neutralisé, et aucun autre ne semblait donner signe de présence. Même s'ils n'étaient pas tirés d'affaire, un profond soulagement les envahit.

Zeke en revanche se trouvait en plus mauvaise posture. Il les appela, recroquevillé dans la partie du vestibule opposée au vide hurlant. Les bourrasques avaient achevé de le ramener à la conscience. Il avait assisté à la fin de la confrontation avec le colosse comme dans un cauchemar, et à présent qu'il retrouvait ses esprits, le cauchemar était bien réel.

Sahar et Nero l'appelèrent en l'invitant à les rejoindre. Mais Zeke semblait incapable de bouger. Il se cramponnait le bras avec douleur.

Ses compagnons organisèrent une opération de sauvetage en faisant preuve de toutes les précautions pour se tenir éloigné du vortex. Ils le ramenèrent dans la salle principale au milieu des rangées de sièges malmenées. Entre le sillon laissé par le colosse et les nuages de débris soulevés par les courants d'air, l'endroit restait chaotique.

  – Putain, cet enfoiré m'a cassé le bras... gémit Zeke.
  – Tu crois ? fit Sahar en le touchant pour évaluer la blessure.

Zeke poussa un cri.

  – Merde, fais gaffe ! Je te dis qu'il est cassé !
  – OK ! pardon !

  – On peut pas rester là, c'est trop dangereux ! intervint Nero. Et on s'entend pas !!

Ils pénétrèrent davantage à l'intérieur de la salle réservée aux voyageurs. Sahar installa Zeke sur un siège plus à l'avant.

  – Eh ! se plaignit le garçon. Vas-y doucement !
  – Je fais ce que je peux !


Ils prirent un temps pour appréhender la situation. L'avion était ballotté en permanence par des secousses, et l'habitacle traversé de rafales plus ou moins puissantes, mais ils ne donnaient pas signe de vouloir s'écraser. En outre, ils pouvaient respirer, si bien que la situation pour l'instant restait sous contrôle.

Ce moment de relâchement leur permit de souffler, et leurs émotions refluèrent. Ils restèrent prostrés quelques instants, comme vidés, à la fois accaparés par l'urgence et incapables de comprendre quelles étaient les causes de toute cette histoire. En raison de leur amnésie peut-être, ils peinaient même à formuler des pensées.

Une problématique se faisait néanmoins pressante, qui les rappela à l'ordre. Leurs compagnons se trouvaient encore dans la salle blanche, inconscients. La porte de leur prison était restée béante, mais elle pouvait se refermer d'un instant à l'autre. Aussi songeaient-ils qu'il était plus prudent de les ramener vers eux.

Nero indiqua qu'il se chargeait de cette tâche. Il avait le physique pour porter sans trop de difficulté des personnes inanimées.

Après qu'il soit reparti au travers des tourbillons pour regagner la salle blanche, Zeke se retourna vers Sahar.

  – Vous avez réussi à balancer le colosse par le SAS, dit-il en se remémorant la scène. J'ai vu la fin, mais pas le début. Comment vous avez fait ?
  – C'est Divine qui l'a projeté hors de la prison, expliqua Sahar en montrant le sillon laissé dans les rangées de fauteuils par la propulsion du gardien. Ensuite, on l'a attiré vers le SAS et j'ai pu lui donner le coup de grâce. C'était une action d'équipe.

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