Zeke

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Jem s'écarta de la porte. Ses pensées étaient en ébullition, tout comme celles de Sahar. Seul Zeke semblait par sa nature un peu préservé de ces préoccupations.

  – Vous croyez que je suis riche ? dit ce dernier en poursuivant les pensées qu'il avait formulées avant cet intermède. J'aimerais bien être riche.
  – T'es sûrement riche, lui répondit Sahar avec agacement. Vu ta tête.
  – Qu'est-ce qu'elle a ma tête ? Je sais pas quelle tête j'ai en fait.

Sahar soupira une fois de plus, son agacement ne faisant que croître. Plutôt que répondre, elle se pencha vers un nouveau sarcophage.

C'est à Jem, par le fait, que la question revint.

  – Je suis moche, c'est ça ? lui demanda Zeke. Ou alors quoi ? J'ai une tête de premier de la classe ?
  – Non... dit Jem, un peu déstabilisé par cette interrogation qui n'était pas vraiment au centre de ses préoccupations. Au contraire, t'es... t'es très bien. Je veux dire... t'es bronzé, t'es musclé... on dirait... un surfeur.
  – Un surfeur ? C'est vrai que je suis musclé, constata Zeke en tâtant ses biceps. Donc, je suis riche et genre un play-boy.

En tirant sur son col de tunique, pour mieux observer son corps, Zeke émit soudain un hoquet de surprise : il venait de découvrir un tatouage sur sa poitrine.

  – Ouah ! fit-il en déboutonnant sa tunique. Vous avez vu ça !?

Ses deux compagnons, d'abord déconcertés de ce qu'ils considéraient comme une autre extravagance de sa part, eurent la surprise de découvrir en même temps que lui qu'un tatouage ornait en effet sa poitrine, par ailleurs très musclée.

Cela représentait visiblement un visage, quoi que de façon très schématique et stylisée : un personnage avec des traits agressifs, pourvu de crocs et d'yeux noirs. Plusieurs courbes comme des parenthèses entouraient cette esquisse de visage, comme s'il se démultipliait.

  – Trop cool ! fit Zeke.
  – Un peu inquiétant quand même, dit Jem en observant le tatouage avec un certain malaise. Qu'est-ce que ça veut dire ? Tu appartiens à une secte démoniaque, un truc dans le genre ?
  – Au contraire, je le trouve classe, dit Zeke en se contorsionnant pour l'observer. Enfin, je le vois pas très bien, il n'y a pas de miroir ici évidemment.

Jem, soudain pris d'un doute, déboutonna sa propre tunique. Mais il n'avait aucun tatouage sur la poitrine, ce qui le rassura en un sens.

Comprenant ce qu'il cherchait à vérifier, Zeke acquiesça ; et les deux garçons se tournèrent alors vers Sahar, laquelle finit par réagir devant leur insistance.

  – Si vous croyez que je vais me déshabiller devant vous, vous délirez !

Troublée néanmoins par cette perspective, elle jeta un coup d'œil sur sa propre poitrine, pour s'assurer elle aussi de l'absence de tatouage.

  – Non, t'es le seul badass de la bande, dit-elle à Zeke.

Ce dernier hocha la tête tout en reboutonnant sa tunique.

  – C'est ça... Je suis un surfeur badass.


Jem laissa le garçon à ses conclusions hâtives pour se rapprocher de Sahar, qui s'était agenouillée auprès de l'un des trois sarcophages encore fermés.

Elle pressait dans ce qui ressemblait au hasard sur les boutons d'un espèce de panneau électronique que chaque sarcophage possédait à l'identique sur sa paroi verticale. Il n'y avait rien d'affiché, ni signes ni couleurs, seulement des touches apparentes sous le métal, qui semblaient vibrer quand on les effleurait.

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